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Alors que les forces politiques se recentrent en métropole, le MDM s’écartèle à Mayotte

Issa Issa Abdou et Daniel Zaïdani, deux élus MDM, le 1er dans la majorité, le second, dans l'opposition
Issa Issa Abdou et Daniel Zaïdani, deux élus MDM, le 1er dans la majorité du conseil Départemental, le second, dans l’opposition

Les élections législatives pourraient bien faire une victime, le MDM, qui a changé il n’y a pas si longtemps son D de « Départementalisation » par « Développement » de Mayotte. Le vieux parti qui s’est battu pour Mayotte Française est en effet au bord de l’implosion. En cause, les tractations pour les reports des voix vers les candidats dans les deux circonscriptions.

Mardi, le PS et le MDM annonçaient un accord bilatéral, demandant à leurs militants de voter Ramlati Ali (PS) dans la 1ère circonscription, et Ibrahim Boinahery (MDM), dans la seconde. Mais depuis, rien ne va plus.

Au sud, avec 12,03%, Ibrahim Boinahery (MDM) doit ratisser large pour s’afficher en face d’un Mansour Kamardine (LR) qui a totalisé 36,85% des voix. On sait pourtant que les LR capitalisent la majorité de leurs suffrages dès le 1er tour, bénéficiant de peu de reports de voix ensuite. Ainsi, on peut penser que les 11,38% des voix du député sortant PS, Ibrahim Aboubacar, iront vers le MDM plutôt que vers le LR.

Tentative de déstabilisation de KamardineMDM

A 3 nuances prés. La première, c’est que, très déçu de ne pas être reconduit, Ibrahim Aboubacar n’a personnellement donné aucune consigne, s’exprimant sur le mode « ils ont préféré l’incertitude, ils l’auront ». La 2ème, c’est que certains électeurs ont voté pour l’expérience acquise à l’Assemblée Nationale et pourraient conserver ce raisonnement pour se reporter vers l’ancien député Kamardine. Et la 3ème, intrinsèque à Mayotte, pourrait inciter les Sadois, qui ont donné 15% de voix à Aboubacar, à vouloir un député de leur cru, et donc voter toujours pour Kamardine.

Ibrahim Boinahery va donc avoir besoin de toutes les énergies. Ahamed Attoumani Douchina, centriste, pourrait être cette réserve de voix avec prés de 10% au 1er tour. Mais c’est un ancien UMP, certains de ses électeurs pourraient choisir là aussi Kamardine. Ce qui pourrait expliquer la tentative de déstabilisation qui le vise, au moyen d’un document rappelant qu’il avait voté en 2000 contre une motion de Bamana sur l’expulsion des mineurs isolés du territoire, « on allait se décrédibiliser, la France ayant adhéré à la Convention des droits de l’Enfant », explique-t-il au JDM.

Pour arriver à faite élire leur candidat MDM, et toujours dans l’optique où les électeurs suivraient les consignes, des alliances ont eu lieu. Des tentatives plutôt, puisque, émises par le président du MDM Aynoudine Salime, elles ont aussitôt été contestées. Il s’agissait de s’entendre avec le PS pour qu’il reporte ses voix sur le MDM au sud, et qu’en échange, le MDM Daniel Zaïdani au nord, donne des consignes de votes en faveur de la PS Ramlati Ali. Ça s’était sur le papier du président du MDM.

Le MDM, centre-droit ou centre-gauche ?

Adrien Giraud, l'homme fort du MDM
Adrien Giraud, initiateur du MDM

Mais depuis décembre 2016 et la valse d’hésitation pour les investiture MDM qui ont bien failli passer à côté de Daniel Zaïdani, des dissensions internes au parti ont été tenaces, jusqu’aux comités de campagne En Marche pour Emanuel Macron, qui s’est dédoublé pour coller aux 2 tendances. Ces « courants », avec d’un côté une « cellule de Mamoudzou 2 » qui soutient Daniel Zaïdani, et le reste du monde MDM, se révèlent à l’heure des trocs de voix. Et mercredi, Daniel Zaïdani se désolidarisait des consignes données par son parti, sans césure profonde pour l’instant, en évoquant pudiquement des orientations divergentes de son « comité de campagne ».

« Il va falloir clarifier les lignes, lâche Issa Issa Abdou, conseiller départemental MDM, sommes-nous centre-droit ou centre-gauche ? » Un compromis qui a pu fonctionner, et dont le modèle est pourtant porté au plus au niveau de l’Etat, par le président Macron, et qui se décline dans le gouvernement Philippe. « Je ne suis pas sûr que ça résiste à l’épreuve des textes de lois. Ça marche pour la forme, mais pas au fond, la nature reviendra au galop. On voit déjà François Baroin qui menace d’exclure les LR en partance vers Macron. Il va être difficile de s’allier avec la gauche quand on voit qu’ils nous combattent dans certaines communes. »

Au-delà de cette clarification qu’il verrait autour d’un centre-droit, il appelle à la formation d’une Plateforme, « à La Réunion, Nassimah Dindar, Centriste, et Didier Robert, LR, ont su faire taire leurs querelles pour créer une Plateforme de la Droite et du centre pour porter les projets de l’île à Paris. »

Qui du MDM ou du gouvernement la REM de Macron va résister le plus longtemps ?… On se doute de la réponse qui devrait voir le MDM sortir groggy des législatives.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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