La compagnie aérienne AB Aviation a-t-elle encore un avenir? Oui, si on en croit la présidence comorienne qui a convoqué vendredi une réunion qualifiée «de la dernière chance» pour trouver une issue aux litiges qui ont cloué la compagnie au sol après le retrait de son permis d’exploitation.
Cette reprise des négociations serait donc un vœu du président Azali Assoumani lui-même qui souhaite qu’AB Aviation puisse reprendre rapidement son activité.
La compagnie a jusqu’à vendredi, 11 heures, pour envoyer un plan de redressement prévoyant des propositions concrètes sur les modalités de paiement de ses nombreuses ardoises. AB Aviation cumule en effet un petit matelas de dettes: 150 millions de francs comoriens (environ 304.900€) auprès de l’ANACM (l’Agence nationale de l’aviation civile), 40 millions (environ 80.300€) auprès de la société comorienne des hydrocarbures ou encore 80M KMF (160.000€) pour l’aéroport Prince Saïd Ibrahim de Moroni (AIMPSI).
La présidence veut donc aider la société mais le message est plus subtil: pas question pour autant de «laisser les gens faire ce qu’ils veulent». Le directeur de cabinet d’Azali Assoumani a ainsi rappelé que plusieurs engagements ont déjà été pris par la compagnie aérienne pour le règlement de ses arriérés sans pour autant qu’ils aient été respectés durant ces huit derniers mois.
Des problèmes techniques
Ce sera donc à partir de vendredi, après examen des documents demandés, qu’un accord pourrait être envisagé pour permettre à la compagnie d’être de nouveau opérationnelle… à condition que l’aviation civile comorienne assouplisse sa position.
Pour l’ANACM en effet, au-delà de l’aspect financier, d’autres questions administratives et techniques se posent avant un déblocage de la situation. Il faudrait procéder à un audit financier et technique de la société avant la délivrance d’un nouveau Permis d’exploitation aérien (Pea), celui dont elle bénéficiait et qui a été suspendu arrivant à terme au mois de mars.
En attendant, des voix se sont à nouveau élevées pour demander que les ressortissants comoriens, encore bloqués dans les pays et territoires de la région, soient pris en charge et rapatriés.
Une compagnie fragile
Avant d’être totalement paralysée il y a près d’un mois, la compagnie a vu ses avions cloués au sol les uns après les autres. En septembre 2016, le seul Boeing 737 de la compagnie avait été immobilisé. En novembre 2016, un Embraer était à son tour interdit de vol pendant 15 jours…
AB Aviation est née en 2011 en même temps qu’Int’Air Iles. L’objectif était de combler le vide laissé par la double disparition d’Air Service Comores et de Comores Aviation. Elle aligne une flotte composée d’un Let 410 de 19 sièges, d’un Cessna Grand Caravan de 9 à 13 sièges, d’un Beech C90E et de deux Embraer 120ER de 30 sièges.
La compagnie dessert Mayotte, Moroni, Mohéli, Majunga, Anjouan et effectue des vols à la demande sur l’ensemble de l’océan Indien.
La compagnie comorienne a également réceptionné en juin 2016 un Boeing 737 200. L’appareil équipé de 120 sièges dont huit en classe affaires n’est plus de toute première jeunesse. Il a fait ses débuts sous les couleurs de la Lufthansa en mars 1981. AB Aviation l’a loué auprès de la compagnie sud-africaine Jet Express. Il effectue cinq vols par semaine sur Dar-Es-Salam dont trois sont désormais prolongés sur Ivato.
RR
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