« C’est une naissance rapide ! », soulignait Mlanao Nassroudine, 1er vice-président de la CCI. Initiative Mayotte passe en effet la vitesse supérieure quelques mois après son lancement.
L’association est née fin 2016, pour mettre en place un réseau de financement prêt à épauler le moindre porteur de projet qui pointe le bout de son nez. Un manque à Mayotte où les établissements bancaires continuent à demander 3 bilans et/ou un solide plan de financement avant de débloquer 1 euro. Initiative Mayotte se pose comme un facilitateur.
Labellisée fin décembre, donc membre d’Initiative France, l’association reste indépendante, et doit trouver ses propres partenaires, surtout ceux qui voudront bien mettre au pot. La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), partenaires traditionnel de l’Adie pour les microcrédits, a répondu présente et apporte à cette plateforme un financement de 200.000 € auxquels s’ajoutent 12.000 € d’aide au démarrage de l’association.
700.000 euros pour appâter les banques
Ce fonds en création est également doté par le Conseil départemental à hauteur de 250.000 €, « nous délibérerons fin mars », glissait Ben Issa Ousseni, élu chargé des finances, et par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) à hauteur de 250.000 €. Au total, 700.000 € seront donc disponibles pour les entrepreneurs mahorais par ce biais.
Le fonds de prêts d’honneur porté par Initiative Mayotte, est destiné aux créateurs, développeurs et repreneurs d’entreprises qui pourront y recourir sans intérêts ni garantie.
« Nos prêts à taux zéro peuvent être de 5.000 € à 20.000 € pour une durée de 36 mois maximum », explique Omar Simba, Chargé de mission à Initiative Mayotte, qui met en évidence ce qui lui tient à cœur, l’accompagnement : « Nous travaillons avec les structures existantes à Mayotte comme les Chambres consulaires, la BGE, des privés comme le cabinet Mahorais de conseils, qui vont les aider à monter leurs Business Plan, et qui continueront ensuite à les accompagner pendant 3 ans. » Car le plus difficile pour un créateur d’entreprise, c’est la pérennité.
Un effet de levier…
Marc Abadie, Directeur du réseau et des territoires de la CDC, devait être présent pour cette belle occasion, ainsi que pour la signature du NPRU de Koungou. La tempête Carlos en a décidé autrement en perturbant le trafic aérien. C’est donc Nathalie Infante, Directrice Régionale de la CDC, qui connaît bien Mayotte, qui le représentait. « Ces prêts d’honneur sont importants à plusieurs titres : ils vont permettre de sortir des personnes du chômage, de pallier l’insuffisance des banques commerciales, et de permettre aux porteurs de projets de bénéficier de fonds propres. »
Le prêt d’honneur doit en effet agir comme un levier pour obtenir des crédits bancaires, il est de 7 euros prêtés pour un euro apporté en métropole, le chef d’entreprise utilisant le prêt d’honneur comme un fonds propre. « L’objectif final est de bancariser les porteurs de projet », souligne Nathalie Infante.
…. De 1 pour 2,5
Trois banques sont membres du conseil d’administration d’Initiative Mayotte, le Crédit Agricole, la Banque de La Réunion et la BFC, « elles commencent déjà à nous envoyer des porteurs de projets », déclare Omar Simba. Pour l’un, c’est une salle de mise en forme doté d’un Plan de financement de 70.000 euros : « Le banquier lui consent un prêt de 50.000 euros si nous l’aidons à hauteur de 20.000 euros », relate-t-il. On est sur du 1 pour 2,5… encore loin du 1 pour 7 de la métropole. Il va falloir s’employer à restaurer la confiance.
La Caisse des Dépôts apporte également un fonds de prêt d’honneur à l’Adie Mayotte, 150.000 €, complété par un financement de l’Etat de 150 000 €. « Avec 300.000 euros, nous pourrons aider une centaine de micro-entreprises, mais ce sera insuffisant, notamment pour celles qui ont perdu 70% de chiffre d’affaires lors des évènements sociaux d’avril. Les besoins sont de un million d’euros », lance David Gondonneau, Directeur Régional d’Adie Réunion-Mayotte, en direction de la CDC.
Nous avons donc interrogé Nathalie Infante sur la capacité de la CDC à rebondir : « Nous ferons un bilan des multiples accompagnements dans 6 mois. Et s’il y a besoin nous serons présents. Le réseau bancaire doit revenir vers un financement des TPE. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte