26.8 C
Mamoudzou
dimanche 19 janvier 2025

Crise de l’eau : Mini manif pour un maxi problème sanitaire

Départ de la manifestation de la place de la République
Départ de la manifestation de la place de la République

On aurait pu penser que la mobilisation pouvait aller de pair avec l’exaspération de la population, du sud comme ailleurs, à l’appel du Collectif de lutte contre la pénurie d’eau à Mayotte, mais il n’en a rien été. Ils étaient à peine une cinquantaine, « la place devrait être couverte de monde », se lamentait Balahachi Ousseni, qui avait abandonné sa casquette de syndicaliste pour endosser celle de porte-parole du mouvement.

Les présents sont les plus impliqués dans leurs localités respectives. « Nous demandons une égalité de traitement sur l’ensemble du territoire, car nos enfants ne vont pas à l’école par insuffisance sanitaire, alors que dans le nord, certains gaspillent », explique Ismaël Chanfi, également membre du Collectif de parents d’élèves de Sada, « nous savons bien que le préfet n’est pas responsable du manque de pluie, mais il faut trouver une solution au moins pour nos écoles. »

« Nous avons tous eu des diarrhées »

Présence d'Anchya Bamana dans les rangs des manifestants
Présence d’Anchya Bamana dans les rangs des manifestants

La maire de sa commune de Sada vient justement d’arriver, ceinte de son écharpe tricolore. Anchya Bamana fut la première à solliciter une réaction du préfet, et ne s’appesantit pas sur la faible mobilisation, « il faut savoir réveiller une population qui dort ! », nous lancera-telle en souriant. Le candidat au législatives Jacques-Martial Henry, s’est glissé lui aussi dans le cortège, « nous ne pouvons pas rester sans réaction. »

Une manifestation qui implique l’Etat, alors que beaucoup pensent que les responsabilités sont partagées, il n’y avait d’ailleurs pas d’autres élus à cette manifestation.

Issouf Anli est venu de Kani Keli, à plus d’une heure de Mamoudzou, pour dire son ras-le-bol : « L’eau n’est pas bonne à boire, nous avons tous eu des diarrhées. Même à Mronabeja et à Mbouini, où les captages permettent d’avoir de l’eau, il y a des coupures la nuit. »

Une maman, Cadre dans la formation à Mamoudzou, explique les contraintes quotidiennes à Chirongui : « La rampe d’eau de la préfecture est trop loin de la maison. Nous remplissons donc nos réserves, mais elle sent très mauvais, elle a changé de couleur. Sinon, pour la cuisine, je n’achète plus que de l’eau en bouteille parce que ma fille a vomi l’autre jour. Mais ça me fait une double facturation. »

« Une ou deux semaines, nous aurions compris »Inégalités eau

Quant à savoir si les uns ou les autres font bouillir l’eau lors de la remise en service, la réponse est hésitante…

Sa copine nous interpelle : « L’Etat nous a oublié, je me demande si je suis française ou pas, c’est du mépris. Une coupure d’une ou deux semaines, nous aurions compris, mais là, ça fait presque 2 mois que ça dure. La plupart des écoles sont fermées, des maladies qui ont disparu vont finir par réapparaître ! »

Amir lui, est de Mamoudzou, il est venu par solidarité. Le petit cortège s’ébranle, fera deux tours de rond-point Ct Passot, et se dirigera vers la préfecture après une halte devant le conseil départemental. « Où est l’Etat face à cette crise ? », interrogent les banderoles.

Justement, des annonces ont été faites deux jours auparavant par la ministre des Outre-mer, « peu importe quelle forme prendra l’approvisionnement, un tanker ou autre, nous attendons de voir, », répondent-ils.

A.P-L.
Le Journal de Mayotte

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Le lycée Bamana entre centre de migrants et rentrée scolaire

Prévu comme centre d’hébergement d’urgence, le lycée Bamana a abrité pour un mois plusieurs demandeurs d’asile. A l’heure où va sonner la cloche de la rentrée, un collectif de citoyens a doublé le rectorat dans l’évacuation des lieux.

Rayons vides : les marchandises bloquées au port

Alors que les toits endommagés ne se comptent plus à Mayotte, au port de Longoni, ce sont les grues qui font l’actu. Pas seulement, puisque les tarifications inappropriées sur le stationnement des containers non manutentionnés font monter les transitaires au créneau.

Post-Chido : Les maires veulent être associés à la gestion des dons de la Fondation de France

Depuis le passage de Chido, la Fondation de France a récolté près de 40 millions d’euros de dons qu’elle compte distribuer à 18 associations présentes à Mayotte. Les élus de Mayotte ne voient pas cela forcément d’un bon œil et se sentent mis à l’écart.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com