La première est déjà venue à Mayotte il y a trois ans, alors que pour la seconde, c’est le choc des cultures, « ce qui frappe avant tout, c’est la pauvreté ici », glissera-t-elle aux médias.
Les deux jeunes femmes arrivent en fin de phase préparatoire des 7 candidates à l’élection de Miss Mayotte, « nous avons chacun notre coup de cœur ! », lancent-elles en compagnie de Franck Servel, qui préside l’association Wa Ma, organisatrice de l’événement. Il explique son choix de la salle de cinéma : « C’est purement sécuritaire, en raison des perturbations de la Battle et de la course de pneus. »
Les candidates ont donc entre 18 et 25 ans, et mesurent plus de 1,70m. Et difficile de trouver des jeunes filles mahoraises de cette taille : « Nous avons laissé les filles s’inscrire spontanément sur notre site, car le concept de casting ne marche pas à Mayotte. Nous avions une trentaine prétendantes, mais les critères d’âge et de taille en ont éliminé la plupart », explique Franck Servel.
Une belle fleur dans une peau d’intellectuelle
C’est qu’il faut être de taille à rivaliser avec les plus belles de Miss Monde et Miss Univers ensuite, qui n’exigent, eux, que 1,68m.
Avec le temps, ce concours de Miss est passé dans les mœurs à Mayotte, « les jeunes filles sont spontanément attachées à la tradition mahoraise, mais vivent dans leur siècle. Cela ne les perturbe plus de défiler en maillot de bain une pièce. Elles sont soutenues par leurs familles. »
Les prétendantes Mahoraises suivent la tendance nationale, selon Sylvie Tellier : « Ce ne sont pas que des canons de beauté, mais aussi des ambassadrices de leur région, elles sont intéressantes, et savent ce qu’elles veulent faire de leur vie. Un peu comme Marine Lorphelin qui est en 5ème année de médecine. »
Ramatou Radjabo boucle son « règne » demain soir. Elle avait connu des débuts mouvementés, et avait reçu le prix de la sympathie à l’issue de l’élection de Miss France, alors que sa robe avait fait l’objet d’une campagne de dénigrement localement. « Ce fut une belle expérience, une aventure formidable », lance-t-elle.
Le tourbillon qui attend la Miss
Les votes sont partagés entre le jury, pour les deux tiers, et le public, un tiers. « Beaucoup de fan clubs, et même le village entier, sont souvent derrière leur protégée ! », souligne Sylvie Tellier. La lauréate sera la plus jolie, mais aussi celle qui aura le plus d’aplomb pour prétendre au titre de Miss France.
La Miss sera couverte de cadeaux, un billet offert par Air Austral, un autre par Ewa, un coffret parfum de chez Mado, des produits Nappy Queen, un an de soins au salon de coiffure Franck S., un trousseau financé par le comité, une garde-robe « Pourquoi Pas », un iPad, ainsi qu’une couronne de pierre semi-précieuses.
Miss Madagascar devrait être présente si ses problèmes de visas sont résolus. Une soirée animée par l’ambassadrice du Nappy Queen, la pétillante Jane Jaquin. Sa présence n’est pas anodine, « lorsque j’étais en terminale, j’ai voulu à deux reprises postuler pour le concours, mais il fallait à l’époque être née à Mayotte. » La Nappy Queen lui va bien, « c’est une contraction de ‘Natural happy’, un retour au naturel donc, mais pas forcément un synonyme de cheveux crépus ! »
Celle qui sera élue reine de beauté mahoraise se préparera ensuite à la même épreuve en surmultipliée, avec un concours Miss France qui se tiendra à l’Arena de Monstpellier, « où on attend 9.000 spectateurs »… Sylvie Tellier a les yeux qui brillent d’impatience.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte