La production locale n’est pas toujours le remède contre la vie chère. Une étude de la DAAF, la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, vient nous le rappeler. Le service a publié une étude sur le prix des volailles et surprise: Les poulets mahorais sont deux fois plus chers que ceux de la métropole et de la Réunion. Ainsi, le poulet local frais est commercialisé autour de 8 à 9€/kg alors que les prix des poulets importés sont entre 2,3€ et 2,9€/kg pour les poulets entiers surgelés et entre 6,5 et 7,97€/kg pour le poulet Label surgelé.
Tous les coûts sont plus élevés chez nous qu’ailleurs, aussi bien ceux des volailles elles-mêmes que les coûts d’abattage. Et comme ce marché est en pleine croissance, avec une consommation qui augmentent de 10% à 20% chaque année, la conséquence est facile à imaginer : les importations explosent dans toutes les catégories. Il est à noter que les consommateurs mahorais changent peu à peu leurs habitudes : les mabawas, vendus en cartons de 10kg représentent encore 70% du marché mais ce pourcentage était de 86% en 2012.
Rendre nos poulets compétitifs
Pour la DAAF, la commercialisation des volailles doit donc encore se professionnaliser pour pouvoir bénéficier de toutes les aides qui feraient baisser les prix des productions locales. En effet, si l’aide de base au vendeur de poulet abattu est de 0,50€/kg, elle peut augmenter jusqu’à 1,2€ si ce fournisseur est en structure collective et labellisée. En cumulant les subventions, le prix du poulet sur le rayon du commerçant pourrait être ramené à 3,5 à 5,1 €/kg, précise la DAAF.
«Ceci rend le poulet local à un prix très compétitif par rapport au poulet surgelé importé, même standard. Mais pour cela, il faut que les producteurs aient signé des contrats de commercialisation et puissent s’organiser», précise le service, mais il faut aussi gagner en qualité. Pour la DAAF, «une nouvelle présentation, en barquette sous film et étiqueté, avec une marque territoriale pour la promotion du poulet pays, serait souhaitable».
Deux verrous à faire sauter
Pour que notre marché local gagne également en efficacité, la DAAF préconise de faire sauter deux verrous, qualifiés de «points de blocage majeurs» et «très rapidement». Le premier passe par le développement de la production locale de poussins. «Le couvoir qui vient d’être inauguré mi-mars a une capacité maximum de 500.000 poussins. Son prévisionnel de démarrage est de 100.000 à 110.000 poussins de chair, ce qui correspond à la capacité immédiate d’occupation des surfaces d’élevage (115.000 poulets annuels)», note le service.
Le 2e verrou à attaquer se trouve du côté des capacités d’abattage. A coconi, la cadence de 400 abattages par jour au lieu des 200 actuels doit être un objectif à atteindre rapidement. Si la DAAF note que «plusieurs projets de construction d’abattoirs privés sont en réflexion», il faudrait qu’«au moins un d’entre eux voit le jour rapidement, afin d’atteindre à minima le potentiel de 600 t/an (soit 400.000 poulets/an) correspondant à du poulet «fermier» qui se substituerait au poulet «label» importé».
Conclusion, ces deux outils (couvoir et abattoir), complétés par l’outil déjà mature de la fabrication de l’aliment, sont «les catalyseurs de la réussite de la filière». Reste donc à organiser la filière «pour mieux planifier et gérer l’offre et la demande» est c’est tout Mayotte qui y gagnerait, les producteurs locaux comme les consommateurs.
RR
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