Et ce n’est pas la seule nouveauté : « Nous venons d’intégrer notre siège à côté des pompiers à Kawéni, où nous installerons bientôt une permanence. » Elle sera tenue par des jeunes stagiaires de Bac Pro « Services à la personne » du lycée agricole de Coconi.
Le concept de « jeunes vigilants » sera lancé sur le même mode que les voisins ou les mamas vigilantes. Les premiers lancés à Kangani puis dans plusieurs secteurs de l’île, fonctionnent par groupes de 4 habitants qui vadrouillent, vêtus de chasubles jaune fluo et nantis de sifflets, dans leurs quartiers de 22h à 4h du matin, sans qu’il n’y ait eu pour l’instant de tensions, « lors de leurs passages, les éventuels délinquants partent souvent d’eux-mêmes », nous expliquait Me Elad Chakrina lors d’une interview, qui met systématiquement en garde les habitants contre les éventuels débordements.
Vigilants et formés
Une opération qui souligne la déficience des services publics à Mayotte, puisque ce service d’ordre assuré par des civils devrait être effectué par la police ou la gendarmerie, toujours en sous-effectif sur l’île.
Les mamas sont vigilantes sur le même modèle à Chiconi, issu d’un partenariat du COSEM, de l’association de parents d’élèves locale et de la mairie. Vêtues de gilet « mamas vigilantes », elles surveillent les abords des écoles et du collège.
L’opération « jeunes vigilants » franchit une étape supplémentaire et prend surtout une autre dimension puisqu’il s’agit aussi d’ouvrir une fenêtre sur l’avenir de cette nombreuse jeunesse : « Nous allons demander un agrément à la Direction de la jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale pour pouvoir recruter ces jeunes en Service civique. Ils pourront ainsi être rémunérés et bénéficier d’une formation. »
Distribution de livres
Ce sont les jeunes des quartiers La Centrale, derrière SFR, et Gaza, qui sont demandeurs selon l’avocat. Qui récupère les livres mis au rebus par la Bibliothèque de prêt, dirigé par son frère : « Nous allons les redistribuer aux jeunes dans le cadre d’un programme plus général. » Il compte en effet créer un Comité vigilance, qui tiendrait une permanence à Bandraboua, « le maire nous a donné son accord. »
Un comité qui intègrerait tous les fanas de vigilance : les voisins, les mamas, les cadis et les jeunes, « des cours mensuels d’éducation à la morale y seraient dispensés par les cadis. »
Enfin, le COSEM est sponsors du Raid Solidaire qui se court samedi prochain, « et encadré par les jeunes vigilants que nous rencontrons aujourd’hui. »
Si Elad Chakrina se s’étend pas sur les financements des actions, il glisse néanmoins utiliser ses fonds propres, « et en faisant fonctionner mes contacts et les dispositifs existants. »
Il ne manque donc plus que les papas pour que le territoire entier entre en vigilance !
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte