Nous avions l’habitude de voir notre sénateur Thani Mohamed Soilihi habillé en fin diplomate. Il prend la plume pour ce qui ressemble à une saine colère contre la ministre des Outre-mer.
L’aveu ce 19 juin 2014 sur notre île par la ministre des Outre-mer d’un Pacte de départementalisation imposé et périmé, et donc à réécrire, est une chance à ne pas rater. Un nouveau document cadre, ce fut l’initiative rappelons-le du syndicaliste Noussoura, et depuis, chacun apporte sa pierre.
C’est ce que fit Thani Mohamed Soilihi, « il y a plusieurs mois, j’ai remis à la ministre une contribution en proposant des thèmes et une méthode ». Elle est axée sur une démarche tournée vers la population, « avec des rencontres au plus prés des Mahorais, dans leurs villages ».
Il précise son souhait : « que ce travail permette d’aborder les questions de notre culture, de notre religion, de la réorganisation des administrations d’Etat qui sont pilotées depuis La Réunion au lieu d’être de plein exercice à Mayotte, du besoin de créer des commissions ad-hoc pour relever dans la durée certains défis majeurs (la régularisation foncière, les constructions scolaires, la prise en charge des mineurs isolés) ».
Boycott d’une gestion administrative mahoraise
Or, non seulement il n’a eu aucune réponse à ces suggestions, « ni évoquées, ni prises en compte, ni désavouées », mais la ministre Pau-Langevin s’est adressée à l’ensemble des élus Mahorais pour obtenir leurs contributions. Dans son discours à la mairie de Mamoudzou, elle a notamment souligné « la ténacité du député Ibrahim Aboubacar », et enjoint à la création d’un Comité de suivi, présidé par le Préfet.
« C’est un premier signe inquiétant, qui traduit la frilosité de l’Etat au lancement de cette démarche », met en garde le sénateur Mohamed Solihi.
De l’extérieur, on ne sait trop s’il on assiste à un nouvel épisode des tensions entre le député Aboubacar et le sénateur Thani, pour expliquer ce silence de la ministre. Ou plus certainement de l’utilisation de cette division pour boycotter l’idée d’un siège social mahorais et non plus réunionnais pour certaines administrations comme l’ARS ou la CAF, à l’heure où l’Etat crée des supra-régions pour réduire le millefeuille territorial… D’autant que la ministre en 7 pages de discours ne nomme pas « Mayotte 2025 ».
En tout cas, et comme le dit l’auteur du communiqué, « si le gouvernement souhaite que les Mahorais et leurs élus soient force de proposition, cela suppose d’avoir un minimum de considération pour leurs contributions. J’espère que la vigilance que j’exprime permettra de réorienter l’esprit de notre méthode de travail commun. Car la situation de Mayotte réclame de l’écoute et du respect, pas simplement des annonces ».
Pour ne pas avoir à renier dans quelques mois, et après des tensions sociales, ce nouveau docu-cadre…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte