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Mamoudzou

BTP: la volonté de sortir de la crise

Le secteur de la construction a assisté ce mercredi à un échange nourri entre services de l’Etat et collectivités pour tenter de débloquer la commande publique. Une participation record, sans parvenir toutefois à accoucher de véritables solutions.

Nombreuse participation pour ce premier échange nourri
Nombreuse participation pour ce premier échange nourri

Ce mercredi 18 juin 2014, la Fédération Mahoraise du Bâtiment et Travaux Publics (FMBTP) lançait son propre appel : un SOS face aux difficultés rencontrées par les collectivités de Mayotte pour faire aboutir leurs projets et finir leurs chantiers.

Cette commande publique est pourtant attendue par un secteur de la construction particulièrement important à Mayotte. Le taux de croissance de la population de 2,7% induit en effet des besoins en écoles, hôpitaux et routes, et la mise en place des outils nationaux et des normes implique des politiques de rénovation de l’habitat insalubre à l’échelle de l’île. Autant de signe encourageant du potentiel du secteur.

Mais voilà, la réalité devient fiction : « les réalisations sur 2013 sont moitié moindre qu’annoncées, et en 2014, alors que tous les espoirs étaient permis, on rabaisse le prévisionnel de 220 millions d’euros à 110 millions ! », explique Philippe Bourget, vice-président de la FMBTP et directeur de SMTPC (groupe Vinci) dans un constat peu optimiste.

Défauts de paiements
Engins BTP
La raison tient dans la difficulté qu’ont les communes à tenir le cap d’un marché public : « un chantier peut mettre dix ans à aboutir là où il en fallait un seul», glisse Boris Duverger, secrétaire de la FMBTP et directeur de Colas Mayotte.

Les problèmes qui se posent à elles sont nombreux : externes, « comme la difficulté d’obtenir du foncier », mais surtout internes, « problème de qualifications pour mener à bien une opération », ainsi que le décrit Naoioui Mohamed, «Momo», comme il se fait appeler, président de la FMBTP et directeur de CET, mais aussi «problèmes de retard, voir de déficience, de paiement des entreprises».

Résultats : « 95 millions d’euros dorment à la préfecture, qui repartiront à Paris s’ils ne sont pas utilisés d’ici la fin de l’année ». Un constat récent, « il date de la semaine dernière », qui appelait une réaction urgente : la FMBTP a donc provoqué ce mercredi en mairie de Mamoudzou une réunion regroupant tous les acteurs de la construction.

Accompagner et cadrer les communes

Le staff FMBTP : Philippe Bourget, Naoioui Mohamed et Boris Duverger
Le staff FMBTP : Philippe Bourget, Naoioui Mohamed et Boris Duverger

« Une réussite quant à la participation », se félicitait Momo, plus de 80 participants ayant répondu présents quand une soixantaine étaient inscrits : maître d’ouvrages publics, entreprises du BTP, Centre hospitalier, Syndicat des eaux et de l’assainissement (Sieam), Syndicat mixte d’investissement et d’aménagement (SMIAM), vice-rectorat, Conseil général, préfecture, DEAL et Dieccte, mais seulement trois mairies, Chirongui, Mtsamboro et Mamoudzou. A noter l’absence de la SIM (Société Immobilière de Mayotte).

Si la faute semble partagée entre la préfecture et les collectivités, les acteurs indiquaient ne pas vouloir se renvoyer la responsabilité, ce qui ne les a pas empêché d’avoir un discours franc, « sans langue de bois » : « les mairies regrettent de ne pas être soutenues en ingénierie ». Un service que peut offrir la DEAL (Direction de l’environnement et de l’aménagement et du Logement).

Si le nombre de participants témoigne de la volonté de sortir de l’ornière, l’absence des représentants des mairies à ce débat n’offre pas un signe encourageant. De plus, en 2010, une réunion semblable avait été organisée par la préfecture, sans suites… En l’absence du Haut Conseil de la Commande Publique à Mayotte, il était décidé de raviver l’ancienne Cellule Economique du BTP chargée d’encadrer les délais de réalisation d’un projet.

Les inquiétudes sont d’autant plus grandes que l’incapacité de consommer 95 millions d’euros de l’Etat ne peut que se dégrader lorsqu’il s’agira de travailler sous la rigueur des fonds européens.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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