Dans une nouvelle décision du 14 octobre 2022, la Défenseure des droits pointe une atteinte particulièrement grave à l’intérêt supérieur de l’enfant à Mayotte pour deux raisons : l’enfermement des mineurs au Centre de Rétention administrative, et le rattachement arbitraire d’enfants à des adultes inconnus lors de l’expulsion vers Anjouan.
En 2021, la Défenseure des droits avait été saisie de 56 situations d’enfants rattachés arbitrairement à des adultes et de 142 situations de mineurs dont la date de naissance a été sciemment modifiée. « Ces chiffres illustrent la systématisation de ces procédures que nos équipes à Mayotte constatent quotidiennement », critique la Cimade qui évoque des conséquences graves et irréversibles pour les enfants.
La Défenseure des droits exhorte le Ministère de l’Intérieur et le préfet de Mayotte à « cesser immédiatement ces pratiques et à mettre fin à l’enfermement des enfants en centre de rétention administrative. »
Depuis le 1er janvier 2022, la Cimade fait état de 30 enfants accompagnés et 21 mineurs isolés dans les centres de rétention où elle intervient. Et rappelle que la France s’est pourtant engagée à travers la Convention internationale des droits de l’enfant et de nombreux textes français et européens « à protéger et offrir une vie digne à tous les enfants vivant sur son territoire, quelle que soit leur nationalité ou la nationalité de leurs parents. »
Des enfants enfermés… dans leur douleur
Cela fait en effet des années que ces pratiques perdurent, car la situation est critique à Mayotte, pire elle a basculé. De nombreux étrangers en situation irrégulière arrivés avec leurs enfants sur le territoire, ne signalent pas leur présence lorsqu’ils sont reconduits. Les laissant, qui à une tante, qui à un oncle éloigné, qui assurent le prendre en charge mais, à la tête d’une nombreuse progéniture, finissent par ne plus assurer le gîte et le couvert, et encore moins un entourage affectif. Ces enfants se forgent une vie dans la douleur, loin de leurs parents. Certains finissent mineurs isolés, ne parlons pas de l’engrenage de bangué (résine de cannabis), voire pire.
Le rattachement arbitraire par la préfecture est tout aussi violent. Le travail des associations moquées comme « droit-de-l’hommistes », devraient donc se concentrer exclusivement sur la recherche des familles à Anjouan, pour stopper ce qui est aussi un enfermement, celle d’une condamnation à une vie de violences, de sous-nutrition, alors que des parents sont à 80km de là.
Il suffit que le gouvernement trouve des programmes qui vont dans ce sens, avec les financements qui vont avec, pour que de nombreuses associations postulent. Des tentatives avaient été faites par Tama (ex-Mlezi), il faut les poursuivre.
A.P-L.