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Mamoudzou

Le MuMa se pique d’intérêt pour l’apiculture

Tout ce week-end, le MuMa organise des ateliers de découverte du miel et des abeilles. L'initiative vient de ces dernières, puisque c'est l'installation de deux ruches sauvages dans le parc du musée qui est à l'origine de la démarche. L'occasion de sensibiliser sur un animal non seulement indispensable, mais qui tient aussi une grande place dans la culture mahoraise.

« L’abeille, c’est la vie ». Ali Madi, président de la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) se réjouit de l’animation proposée ce vendredi aux scolaires à Dzaoudzi, dans le parc de la Résidence du gouverneur attenante au MuMa.

A l’origine de la démarche, les abeilles elles-mêmes, qui se sont greffées sur un projet du musée de Mayotte.

« Le musée a comme identité la nature et la culture, pour mettre en avant ces deux éléments, on a une programmation, dans laquelle on a voulu fêter pour la première fois les journées du jardin. La déclinaison qu’on a voulue, c’était de mettre en avant les abeilles mais aussi les espèces de flore qu’on a dans le parc de la résidence du Gouverneur. Les gens peuvent déambuler librement et apprendre sur les palmiers et les autres espèces qu’on a ici et à quoi ça sert, en cuisine, ou en pharmacie etc » explique le directeur du Muma Abdoul-Karime Ben Saïd. Une intitative qui s’est enrichie avec l’arrivée d’abeilles justement.

Le directeur du Muma fait le lien entre nature et culture, ce qui est la raison d’être du musée

« On a découvert dans le parc deux essaims naturels installés par les abeilles elles-mêmes. On s’est dit, puisqu’on est dans les journées du jardin, voilà quelque chose d’intéressant à mettre en avant. S’il y a deux essaims dans le parc, c’est que c’est un écosystème intéressant pour les abeilles. C’est un bon signal pour nous, et c’est même une invitation par les abeilles à valoriser le patrimoine naturel » poursuit le directeur. Le miel n’étant pas son rayon, ce dernier a décidé de faire appel à la FMAE pour animer les ateliers, et mandater un apiculteur, un botaniste et même un artisan qui fabrique des ruches traditionnelles en liane et bouse de zébu.

« Le projet global s’inscrit dans la bioculture, quel rapport on a avec l’abeille ? L’abeille c’est le miel qu’on mange, la cire que les femmes mettent dans leurs cheveux, c’est les produits pharmaceutiques, mais c’est aussi l’alimentation. L’ensemble des fruits et légumes sont pollinisés » énumère Ali Madi. Puis il y a la culture, inséparable de l’insecte pollinisateur.

Patrimoines naturel et culturel inséparables

Des lianes, de la bouse et beaucoup de savoir-faire pour arriver à cette ruche traditionnelle mahoraise

« L’abeille c’est aussi notre culture, notre histoire. On a fait venir des gens pour mieux comprendre comment nos anciens vivaient avec l’abeille. Et comme il faut vivre avec son temps ; on a fait venir un foundi pour détailler tout ce qui est biologie. Enfin l’abeille vit dans un ensemble, il lui faut de l’ombre, des arbres, de quoi manger. On a un spécialiste en botanique. L’essentiel c’est la vie, si l’homme mange, c’est grace aux pollinisateurs. En s’installant dans le parc, les abeilles nous disent « vous avez besoin de nous » ».

Le foundi en question, c’est le spécialiste des abeilles -et des pesticides et leurs dangers- du lycée de Coconi. Apiculteur à Sada, Mouhamadi Ambdillah s’est chargée de sécuriser une des ruches en la déplaçant dans un cadre en bois adapté, qui permettra de récolter le miel dans le jardin du Muma.

« L’idée était de protéger les colonies d’abeille qui sont ici, car si on ne les protège pas elles peuvent à tout moment partir à un autre endroit. L’objectif était de les déplacer dans des ruches en bois. On a déjà une ruche qui a déserté car il y a eu du bruit lors de travaux, elles n’ont pas supporté les secousses. Il reste donc une seule colonie » souligne l’agriculteur, qui rappelle que l’animal est fragile et demande un comportement adapté.

Les bons gestes à adopter, à commencer par appeler les pompiers

L’apiculteur a disposé 6 pièges comme celui ci pour attirer d’autres ruches dans le parc

« Quand on se comporte mal l’abeille peut piquer pour se défendre, un faut avoir un comportement favorable à l’abeille, surtout ne pas s’approcher quand on ne connaît pas, ne pas se positionner face à l’entrée de la ruche, et surtout éviter d’aller bouger la colonie, ça peut être dangereux. Vous appelez les pompiers et ils m’appelleront. On n’a pas le droit de les tuer, ils doivent faire appel à un apiculteur qui viendra récupérer la colonie gratuitement. Il faut faire intervenir un apiculteur plutôt que faire quelque chose de dangereux, le premier interlocuteur reste le 18. »

Mais le départ de la ruche importunée n’est pas une fatalité. Une demi douzaine de « pièges » ont été disposés dans le parc. Ces caisses en bois idéalement placées dans les arbres ont vocation à attirer les reines pour s’y installer durablement.

« Six pièges ont été posés, il y a des chances qu’ils attirent des ruches car c’est la période des essaimages » assure l’apiculteur. Une chance pour les visiteurs, pour Dzaoudzi, son musée et pour tous les amoureux du miel. Un ruche idée en somme.

Y.D.

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