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vendredi 21 février 2025

Saïd Omar Oili lève le voile sur l’utilisation controversée des redevances thonières des Seychelles

Saïd Omar Oili a obtenu un bilan des redevances thonières, révélant que les fonds ont principalement servi à équiper les services maritimes, plutôt qu’à développer la filière pêche à Mayotte.

Après plusieurs mois de relances, le sénateur de Mayotte, Saïd Omar Oili, a enfin reçu un bilan de l’utilisation des redevances thonières en application de l’accord de pêche conclu entre l’Union européenne et la République des Seychelles, signé le 14 avril 2014. Cet accord, visant à permettre l’accès des navires de pêche des Seychelles aux eaux de Mayotte, a pour objectif de soutenir le développement de la filière pêche locale. Cependant, les premiers éléments transmis par le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, le 17 février 2025, ont confirmé les préoccupations du sénateur concernant la gestion de ces fonds.

« Cela confirme ce que l’on craignait »

Thonier, Seychelles, Mayotte, Fabrice Loher

Le 20 mai 2014, un accord de pêche entre l’Union européenne et la République des Seychelles entrait en application pour une durée de six ans afin de permettre aux navires de pêche des Seychelles de pouvoir pêcher dans les eaux territoriales de Mayotte, moyennant des redevances financières de la part des pêcheurs seychellois à l’égard de la France.

Le sénateur Saïd Omar Oili avait demandé, dès le 4 octobre 2024, un bilan détaillé de l’utilisation des droits de pêche issus de l’accord européen, mais ses demandes étaient restées sans réponse jusqu’à la fin janvier 2025. Dans un courrier datant du 27 janvier dernier, le sénateur avait insisté auprès de Manuel Valls, pour obtenir ces informations pour les pêcheurs mahorais. La réponse du ministre des Outre-mer, finalement reçue le 17 février 2025, présente un bilan des recettes ainsi qu’une ébauche des dépenses liées à l’accord. Si ces informations ont été accueillies positivement par le sénateur, elles soulignent surtout des inquiétudes importantes sur l’affectation des fonds.

« Cela confirme ce que l’on craignait« , a rapporté son collaborateur. En effet, le bilan indique que la majeure partie des redevances a été utilisée pour financer l’équipement des services des Affaires maritimes de Mayotte, notamment en navires, pontons et véhicules. En revanche, les projets de développement de la filière pêche, qui étaient censés être financés par cet accord, n’ont pas été réalisés, et aucune dépense n’a été effectuée depuis 2014 pour soutenir directement les pêcheurs locaux. En somme, les fonds n’ont pas été utilisés conformément à l’objectif de développement de la filière, alors que Mayotte, territoire déjà fragile avant le passage du cyclone, dépend de cette activité pour son économie.

Un solde non utilisé : une nouvelle opportunité pour la filière

Mayotte, pêche, chido,
Depuis le passage du cyclone Chido, le secteur de la pêche est en grande difficulté. De nombreux pêcheurs ont perdu leurs barques et disent être sans perspectives sur l’avenir de leur filière

Sur les 2,75 millions d’euros collectés au titre des redevances, il reste encore 1,2 million d’euros non dépensés. Cette situation a suscité l’indignation de Saïd Omar Oili, qui demande désormais que ce solde soit exclusivement réaffecté au développement de la filière pêche de Mayotte, a fortiori dans un contexte difficile après le passage du cyclone Chido le 14 décembre 2024. Le sénateur a ainsi pris l’initiative de solliciter une rencontre avec les instances de l’Union européenne pour discuter de la mise en œuvre de cet accord et de l’utilisation des fonds. Par ailleurs, une réunion de travail avec le préfet de Mayotte est également prévue afin de réaliser une analyse approfondie du bilan, notamment en ce qui concerne les dépenses, et d’évaluer les actions nécessaires pour soutenir la filière pêche à l’avenir. En effet, face à cet échec de l’accord de pêche entre l’Union européenne et les Seychelles dans son objectif initial qui était destiné à soutenir la pêche locale, le sénateur affirme poursuivre sa mobilisation pour que les fonds restants bénéficient directement aux pêcheurs de Mayotte et soutiennent la reconstruction d’une filière précieuse après le cyclone.

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