Depuis le 14 décembre 2024, les entreprises de Mayotte peinent à se relever du passage dévastateur du cyclone Chido. Avec 80% des commerces et structures économiques sinistrées, la situation est plus qu’alarmante. Malgré des aides d’urgence, les mesures restent insuffisantes face à une crise d’une ampleur inédite.
Le 15 décembre dernier, le cyclone Chido frappait Mayotte avec une violence inouïe, laissant derrière lui des destructions massives. Si la population a subi les contrecoups de cette catastrophe naturelle, les entreprises locales se retrouvent également à l’agonie. Avec 80% des commerces sinistrés, les acteurs économiques mahorais font face à une situation sans précédent, où l’urgence de la situation se fait de plus en plus pressante. Entre la perte de leurs stocks, l’impossibilité de se réapprovisionner et le manque criant de soutien financier, les entreprises de l’île sont à la dérive, où les dispositifs d’aide existants semblent être de simples pansements sur une plaie béante.
« Il n’y a plus de rentrée d’argent »
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Lors de la visite du président des Chambres de Commerce et d’Industrie, Alain Di Crescenzo, sur l’archipel mahorais, la vice-présidente de la CCI de Mayotte, Nadine Haffidou, a expliqué que l’objectif de ce déplacement était de réaliser un état des lieux des dégâts subis par les entreprises de l’île : « Il [le président des CCI] fallait qu’il voit de ses propres yeux les dégâts engendrés par le cyclone, les doléances des entreprises, ce qu’il faut faire remonter à Paris », déclarait-elle. Dans le cadre d’un sondage mené auprès de 3.000 entreprises de l’île, 80% des répondants ont répondu être sinistrés. Bibi Chanfi, la vice-présidente du département en charge du développement économique, a insisté sur le fait que « les entreprises ne travaillent plus du tout, il n’y a plus de rentrée d’argent ». Pour les commerçants, la situation est particulièrement difficile. Une commerçante à Tsimkoura décrivait une réalité accablante : « On a perdu nos stocks et on n’arrive plus à se réapprovisionner. » La commerçante a déploré des ruptures de stocks régulières sur les produits essentiels tels que les bouteilles d’eau, les conserves de poisson ou du lait pour bébés. « On ne peut pas compter uniquement sur les paniers alimentaires, car ils n’arrivent même pas à destination. Si les entreprises locales ferment, les gens n’auront rien à manger« , confiait-elle.
Des aides insuffisantes
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En dépit des efforts déployés par les autorités, la réponse à la crise Chido reste en deçà des attentes des entreprises mahoraises. Le 15 janvier dernier, une aide d’urgence a été mise en place pour permettre une indemnisation de 20% du chiffre d’affaires mensuel moyen de de 2022 de l’entreprise, plafonné à 20.000 euros. Mais plusieurs chefs d’entreprises expliquent n’avoir toujours pas reçu cette aide, et l’ampleur des pertes rend ces mesures d’autant plus insuffisantes et urgentes. « Les dispositifs existants sont des pansements sur une plaie ouverte. Ce dont nous avons besoin, ce sont des solutions solides qui nous permettent de repartir », a déploré Nadine Haffidou. En l’absence d’une réponse rapide, les acteurs économiques de Mayotte craignent que l’ensemble du tissu économique local ne soit irrémédiablement dévasté.
Les retards de paiement des communes
Lors de sa visite, le président des CCI a pris conscience de la gravité de la situation. « Il faut que nos entreprises puissent résister, même sans revenus. Il faut que les commerces de proximité soient approvisionnés« , a-t-il insisté. L’entrepreneur s’est engagé à transmettre un compte rendu détaillé de cette rencontre au plus haut sommet de l’État, en soulignant l’urgence d’une réponse renforcée. Il a également évoqué les retards de paiement des communes, un autre facteur aggravant de la crise : « Nos entreprises souffrent du crédit inter-entreprises et des collectivités. Je les appelle à payer« . Il a également appelé à une mobilisation forte des pouvoirs publics : « Nous sommes dans une crise profonde et il est essentiel que des solutions concrètes soient mises en place pour sauver l’économie locale ».
Face à l’urgence de la situation, des mesures de soutien plus ambitieuses et ciblées s’imposent pour la survie des entreprises et des emplois à Mayotte, déjà fragiles avant le cyclone.