La CGT Educ’action avait appelé à la grève ce jeudi, sans organisation de rassemblement, au motif que « les conditions d’accueil et de travail des élèves, des personnels se dégradent sur le territoire ».
Les points de revendication rejoignent ceux portés par la FSU qui avait organisé une conférence de presse.
Henri Nouri, secrétaire départemental du SNES-FSU, second degré, démarrait sur la revendication nationale de l’augmentation des rémunérations, judicieusement anticipée par l’annonce du dégel du point d’indice d’ici à l’été de la ministre de la Fonction publique, « qui a coupé l’herbe sous les pieds des syndicats. Ce point qui sert de base de calcul des salaires des fonctionnaires n’a quasiment pas bougé depuis 10 à 12 ans, or, avec l’inflation, ça devient urgent. Nous demandons au moins 4% de hausse ». Relayant le contexte de hausse des prix, l’INSEE prévoit une inflation à plus de 3% pour les mois à venir.
La difficulté première des enseignants à Mayotte, c’est l’insécurité et les phénomènes de violences aux abords et dans les établissements scolaires, particulièrement visés d’ailleurs par la circulaire du ministre de la Justice. « Aujourd’hui, c’est Chirongui, avant c’était Combani-Mirereni, aucune zone de l’île n’est épargnée. Une situation qui se cumule avec les sureffectifs dans les établissements des premier et second degrés, en lien avec un déficit de locaux. On construit à flux tendu pour accueillir les élèves. Pour preuve, une extension est prévu au collège de Mtsangamouji pour accueillir des élèves de Seconde que ne peut prendre en charge le lycée du Nord ».
En attente d’une réunion ressources humaines
La demie-jauge au lycée de Kahani est salvatrice pour le syndicaliste. Et pour les élèves ? « Depuis cette instauration d’alternance d’une classe sur deux accueillie, il n’y a plus de problème. Quant aux élèves, au final, ils perdaient beaucoup en terme d’apprentissage lors des fermetures de l’établissement pour violences », souligne Henri Nouri.
Des violences qui gangrènent le quotidien des élèves. Qu’elles soient agitées par quelques parents pour justifier la fermeture du lycée à Chirongui où leur scolarisation est perturbée, ou avec des solutions alternatives comme à Kahani, les enseignants à Mayotte doivent faire preuve d’une résistance à toute épreuve pour poursuivre leurs cours, la meilleure des victoires sur ceux qui veulent en perturber le fonctionnement. « La violence n’est pas due au système éducatif, et ce n’est pas le système éducatif qui va résoudre la violence à Mayotte », appuie Henri Nouri.
Qui évoque néanmoins sur ce sujet le manque de personnel sur les établissements de l’île, « assistantes sociales, encadrement éducatif, AED, etc. » Le lycée doit progressivement retrouver une jauge entière, « c’est en cours », nous indique le rectorat, après discussion avec les enseignants et les parents d’élèves.
En découle le problème de manque d’attractivité, qui touche toutes les professions, mais pour lesquels des mesures sont attendues, « le recteur s’y est engagé dans sa feuille de route, notamment l’indexation à 1,53, comme à La Réunion, la valorisation des carrières pour ceux qui ont exercé à Mayotte, l’Indemnité de sujétion géographique à verser aux deux membres du couple, et non à un seul comme actuellement, la possibilité pour les contractuels de cotiser à l’IRCANTEC et l’ancienneté générale des services pour les instituteurs recrutés à Mayotte. On nous a promis de une deuxième réunion avec la direction générale des ressources humaines et avec l’autorité préfectorale. »
Des revendications qui se répètent, dont certaines ont été prises en compte, « désormais, quand on exerce en lycée à Mayotte, on bénéficie des mêmes avantage que ceux procurés par un collège en zone d’éducation prioritaire, en basculant vers un échelon de classe exceptionnelle ».
Quant aux autres dont certaines étaient l’objet d’études en cours parce qu’impactant plusieurs ministères, « on attend », conclut le syndicaliste.
Anne Perzo-Lafond