Un arrêté de catastrophe naturelle est en passe d’être pris selon l’annonce du Premier ministre. Les sinistrés qui ont assuré leur bien vont donc pouvoir faire remonter à leur assurance l’étendue des dégâts. Une procédure qui va prendre du temps, car l’heure est toujours à la recherche de survivants à Mayotte où les réseaux électriques et téléphonique hors service retardent l’arrivée des secours. Les valides tentent de reconstruire leurs logements. C’est pourquoi d’ores et déjà, le Comité des assureurs de la Réunion et de Mayotte décide de prolonger au-delà du délai légal de 30 jours la période de déclaration des sinistres pour l’étendre jusqu’à 45 jours. Mais cela ne concerne qu’une petite partie de la population.
En effet, à Mayotte, seuls 6 % des ménages assurent leur habitation, informait un rapport de l’IGEDD (Inspection générale de l’environnement et du développement durable) en 2020, contre 49% en Guyane. Le fossé est énorme.
L’INSEE dans son recensement de 2017 avait révélé que 40% des habitants vivent dans une maison en tôle, ils ne sont donc pas assurés. A cela il faut rajouter une grande partie des propriétaires de maisons en dur qui ne le sont pas non plus. Certains, parce qu’ils n’ont pas de permis de construire, d’autres parce qu’ils ne respectent pas le code de l’urbanisme, et les deux tiers des habitations sont concernés toujours selon l’IGEDD, d’autres encore pour des raisons économiques, 77% de la population est pauvre, ou statutaires, la moitié de la population étant de nationalité étrangère. Et enfin, certains sont récalcitrants à l’idée de s’assurer en raison de clauses d’exclusion rédhibitoires dans les contrats d’assurance. Les échéances d’assurance sont très élevées avec un risque de ne pas être couvert pour tous les dégâts. Par exemple, les assurances pour les deux-roues sont restées très élevées alors qu’elles ne couvrent plus le vol.
Or, le risque pesant sur l’habitat est élevé à Mayotte, inondation, glissement de terrain, séismes, cyclone, etc. Si une certaine forme de fatalisme touche certains habitants qui assimilent la violence des éléments à une volonté divine, la souscription à une assurance permet malgré tout de bénéficier d’aide dans des cas comme Chido.
Conserver ses factures
Étant donné l’ampleur dramatique et généralisée à l’échelle de la catastrophe du territoire, un fonds d’aide sera dédié pour les nombreux non assurés, ont annoncé les autorités. Il est compliqué d’imaginer que les occupants des habitats illégaux puissent en bénéficier.
Les assurés sinistrés ont donc non pas 30 jours, mais exceptionnellement 45 jours pour effectuer leur déclaration « en raison des difficultés de communication (internet, téléphone et mobile) ainsi que les restrictions de déplacement par voie aérienne et maritime », indique dans un communiqué le Comité des assureurs de la Réunion et de Mayotte. Les démarches sont précisées : prendre d’abord toutes les mesures nécessaires pour éviter l’aggravation des dommages subis, puis, prendre des photos des dégâts, regrouper tous les éléments de facture concernant les biens endommagés, en parallèle, contacter son assureur par tous les moyens possibles (téléphone, courrier, courriel, espace client via internet ou application smartphone, sms, ainsi que nos agences sur place).
Le classement du territoire en catastrophe naturelle est une question d’heure. Pour entrer dans ce cadre, les assurés doivent avoir souscrit une « multirisque habitation ».
Ensuite, le préfet doit mettre à la disposition des communes un référent Catastrophe naturelle chargé de la gestion des conséquences des catastrophes naturelles et de leur indemnisation.
Il faut savoir que ceux qui prennent en charge la réparation (partielle ou totale) de leurs biens, doivent conserver les factures d’achat de matériaux pour qu’elles soient prises en compte par l’assureur. Il faut également théoriquement conserver les objets endommagés, mais dans le cadre de Chido, beaucoup se sont envolés.
Enfin, lors de la mise en jeu de la garantie catastrophe naturelle, une franchise de 380 euros s’applique pour les habitations ou tout autre bien à usage non professionnel.
L’assurance doit alors verser une provision dans les deux mois qui suivent la déclaration et une indemnisation dans les trois mois.
A.P-L.