« Les conséquences du passage du cyclone Chido sur notre territoire sont d’une gravité inédite et exceptionnelle et dépassent certainement ce qui a été connu sur le territoire national depuis longtemps, alors même que la collectivité de Mayotte souffre structurellement d’un sous-développement flagrant qui la place au dernier rang des collectivités nationales, la population étant en attente de stabilité et de sécurité.
La quasi-totalité des familles se retrouve aujourd’hui sans toit, la force dévastatrice du cyclone ayant emporté une grande partie des habitations précaires, qui caractérisent près de 40 % des foyers mahorais. A ce jour, nous sommes toujours sans nouvelles de milliers d’habitants, ajoutant à l’angoisse et à la désolation ambiante.
Les conséquences matérielles de cette catastrophe naturelle sont également d’une gravité exceptionnelle. Nos infrastructures vitales, parmi lesquelles l’hôpital et plusieurs axes routiers majeurs, ont été en grande partie détruites ou fortement endommagées et rendues impraticables. Les réseaux déjà largement déficients d’eau potable, d’électricité, de téléphonie et d’internet sont partiellement ou totalement hors service, plongeant une grande partie de la population dans un isolement tragique.
Dans cette épreuve, plus que jamais, la solidarité nationale, que vous avez mobilisée pour venir au secours de notre territoire, doit permettre de soulager une population épuisée, en état de survie et en attente de sécurité. Il s’agira donc de remettre en marche, rapidement, les services essentiels, pour recouvrer une vie normale.
Il y a huit jours, la nation célébrait, devant le monde entier, la réouverture de l’église de Notre-Dame de Paris, ravagée par un incendie cinq années plutôt. C’est avec une énergie comparable, et peut-être supérieure, que Mayotte devra être reconstruite après ce cyclone dévastateur, qui a laissé des stigmates profonds sur son territoire et sa population (…)
Dans l’immédiat, cependant, l’état de désolation observé, sur l’ensemble de notre ile, fait craindre une montée de violences et d’insécurité, aggravées par le manque de nourriture, d’eau potable et de solutions d’hébergement provisoires pour une population déjà fragilisée.
Monsieur le Premier ministre, nous sommes dans une situation d’urgence et la population côtoie des situations dangereuses en permanence. C’est pourquoi, je me joins aux appels déjà lancés par nos parlementaires pour solliciter :
- le déclenchement rapide de l’état d’urgence, pour garantir la sécurité des personnes et des biens, et renforcer les moyens des secours locaux et ceux dépêchés sur place, et d’assurer la coordination des interventions.
- mais également, la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, indispensable pour activer les dispositifs d’aide d’urgence et engager la reconstruction du territoire de manière durable.
Monsieur le Premier ministre, Mayotte traverse l’une des crises les plus graves de son histoire. Votre soutien, ainsi que celui du Gouvernement, seront déterminants pour permettre à notre ile de surmonter cette épreuve et de se relever ».