Les pharmacies victimes d’agressions : l’alerte donnée par le Conseil national de l’ordre

Face aux fortes tensions sociales qui agitent Mayotte, Carine Wolf-Thal, Présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens et Brigitte Berthelot-Leblanc, Présidente du Conseil Central représentant les pharmaciens d’Outre-mer alertent le Ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin sur les risques encourus par les pharmaciens et leurs patients.

En effet, les chiffres sont alertants. Ces derniers jours, près de 50% des officines mahoraises ont déclaré auprès de l’Ordre national des pharmaciens avoir été victimes d’agressions. Dans 93% des cas, des personnes étaient visées et dans 69 % des cas, les agresseurs étaient armés (armes blanches, barres de fer ou encore pieds de biche).

D’après le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, la particularité de ces violences réside dans le fait que ces agressions se produisent en plein jour, en visant directement des pharmacies, mais aussi les camionnettes des grossistes-répartiteurs chargées de les approvisionner en médicaments pour assurer le soin des patients.

Cocktail molotov lancé dans une pharmacie, gaz lacrymogène suivi d’irruption avec fer de chantier à la main, véhicules attaqués par des tirs d’armes à feux, sont autant de faits à déplorer qui traduisent un ciblage des lieux de soins et des professionnels de santé.

Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens alerte sur le fait que ces violences mettent, non seulement en danger l’intégrité physique des professionnels de santé mais également celle de tous leurs patients. Ces violences ont également des effets néfastes sur le maintien d’un parcours de soins de qualité. Au-delà d’une aggravation des ruptures d’approvisionnement en produits de santé perturbant la bonne observance des traitements, les représentants locaux de l’Ordre constatent sur place une vague de démissions parmi les pharmaciens. Si elle se poursuit, l’accès aux soins et aux produits de santé sera durablement fragilisé.

Si des travaux ont déjà été engagés entre les élus, l’ARS Mayotte et le Préfet de Mayotte, ce constat impose une action encore plus forte des pouvoirs publics afin de protéger les lieux de soins essentiels pour la population et assurer la libre circulation et la sécurité de celles et ceux qui s’engagent chaque jour au service de la santé des patients, en se rendant sur leur lieu d’exercice.

Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens appelle ainsi à la « mise en oeuvre de mesures concrètes garantissant la sécurité des pharmaciens et de leurs patients » pour « protéger celles et ceux qui prennent soins des autres » pour reprendre les termes de Carine Wolf-Thal et Brigitte Berthelot-Leblanc. 

Mathilde Hangard

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

Les députés adoptent la suppression des titres de séjour territorialisés en 2030

Les échanges houleux entre députés étaient à prévoir, qui illustrent la méconnaissance du phénomène migratoire à Mayotte. L’évolution est à souligner au sein du gouvernement où le curseur commence à bouger. La mesure doit être assise sur une lutte contre l’immigration clandestine efficace… ce qui reste encore à démontrer

Au lycée de la Cité du Nord, la possible fin des récréations embrase la communauté éducative

Entre la contestation de la suppression des récréations, des pannes informatiques persistantes et des locaux dégradés, les enseignants du lycée du Nord dénoncent une situation de plus en plus intenable.

Intercommunalités de France, Interco’ Outre-mer et l’association des intercommunalités de Mayotte alertent sur une « loi de programmation » sans programmation

Les présidents d'Intercommunalités de France, d'Interco Outre-mer et d'Interco 976 (Mayotte), alertent sur la contradiction majeure entre une volonté politique et le projet de loi qui doit la traduire. Ils soulignent que le texte, en l'état, ne s’apparente pas à une loi de programmation réelle et ne donne pas aux territoires les moyens de la mettre en œuvre, risquant ainsi de transformer une promesse d'avenir en une crise durable.

Air Austral déplore un manque de repères pour poursuivre sa croissance

Hugues Marchessaux, président du directoire d’Air Austral et président d’Ewa Air et Drissa Samaké, directeur général d’Ewa Air, ont dressé, ce mardi 24 juin, le bilan de l’exercice 2024-2025 des deux compagnies. Avec des résultats d’exploitation positifs, malgré les événements perturbateurs et les contraintes, l’avenir semble prometteur, mais le manque de visibilité à moyen et long terme, notamment sur les infrastructures, laisse planer le doute.