Si le rectorat n’a pas été en mesure de nous fournir le nombre d’enseignants grévistes dans les établissements scolaires, une centaine de manifestants s’étaient en tout cas réunis devant les locaux de cette administration ce mardi 1er octobre. Un jour qui n’a pas été choisi au hasard puisque c’était précisément celui du discours de politique générale du nouveau Premier ministre, Michel Barnier. « Le Gouvernement a annoncé une baisse du budget des Outre-mer, alors même que les besoins ne cessent d’augmenter dans nos territoires et que l’inflation est galopante ! Nous sommes toujours dans une logique de restriction ! », dénonce Henri Nouri, le secrétaire général académique du SNES. « Il manque 300 collègues dans le second degré. Certains se sont désistés, d’autres ont démissionné. C’est le signe d’un véritable malaise dans l’Education nationale à Mayotte ! », poursuit-il.
Henri Nouri et ses collègues syndicalistes Bruno Dezile, le secrétaire général de la CGT Educ’action et Rivo Rakotondravelo du SNUIPP (1er degré) ont dressé un tableau de tous les problèmes rencontrés par les enseignants à Mayotte. La plupart ne sont pas nouveaux : surcharge des établissements, manque de personnel du fait d’un déficit d’attractivité du territoire, impossibilité pour les contractuels de Mayotte de cotiser pour la retraite ainsi que les problèmes de violence dans les établissements qui, pour eux, découlent d’un manque de moyens humains et matériels. Autant de manquements dénoncés grève après grève au fil des années, mais qui, au lieu de s’améliorer, empirent au contraire au fil du temps. « Désormais, le rectorat fait même appel à des entreprises privées pour certains postes. Ces personnels sont en intérim et sous-payés, ça ne peut pas fonctionner ! Il faut tout remettre à plat afin d’apporter un changement urgemment, sinon plus personne ne voudra venir enseigner à Mayotte ! », dénoncent les responsables syndicaux.
Les syndicats demandent « un choc d’investissement »
Pour les syndicats, il faudrait « un choc d’investissement dans l’Éducation ». Ils demandent notamment à ce que l’indexation du salaire des enseignants soit augmenté de 15% et « qu’un plan pour augmenter l’attractivité du métier soit mis en place ». Ils demandent également une amélioration du sort des contractuels et notamment la titularisation de ceux qui « sont en place depuis de nombreuses années et apportent toute satisfaction » ainsi que leur inscription à l’IRCANTEC (régime de retraite obligatoire des agents contractuels de la fonction publique territoriale).
Le recteur étant absent, les responsables syndicaux ont été reçus dans la matinée par Philippe Michelli, le secrétaire général du rectorat. Arrivé depuis peu sur le territoire, ce dernier n’a pu qu’écouter les revendications des enseignants en promettant de « les relayer », tout en leur signalant que « certaines d’entre elles n’entraient pas dans le champ de compétences du rectorat ». Une réponse qui a fatigué les responsables syndicaux. « On répète les mêmes choses année après année à des interlocuteurs qui ne cessent de changer et en attendant, rien n’avance ! On est au point mort ! », se désole Henri Nouri.
Le préavis de grève en local court jusqu’aux vacances de la Toussaint et celui du national jusqu’à la fin du mois d’octobre. Il est donc probable que plusieurs enseignants des 1er et 2nd degré poursuivent cette grève dans les jours à venir.
N.G