« L’inégalité de l’accès aux soins dans les territoires ultramarins, et spécifiquement à Mayotte, est d’une telle ampleur que beaucoup d’habitants renoncent à se soigner. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé de travailler cette thématique en premier lieu », a déclaré Anchya Bamana, la nouvelle députée RN de Mayotte pour la 2ème circonscription, lors de la conférence de presse qu’elle a tenue ce mercredi 7 août au restaurant le 5/5. Membre de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, elle a en effet été nommée rapporteur de l’avis budgétaire relatif à la « mission santé » du projet de loi de finances pour 2025.
Pour la députée, arriver à réduire l’inégalité d’accès aux soins passe tout d’abord par une réforme du décret de 2004 sur les évacuations sanitaires. « Le dispositif doit être rénové. Par exemple il n’inclut pas à l’heure actuelle les médecins libéraux ni les associations de malades. Quand le CHM renvoie les patients vers les médecins libéraux et que ces derniers recommandent aux patients de prendre l’avion pour aller se soigner à La Réunion ou en métropole, seuls ceux qui ont les moyens peuvent le faire. Les autres renoncent bien souvent à se faire soigner, ce qui est une injustice notable puisqu’ils cotisent également à la CSSM », détaille-t-elle.
Le système Corse pris comme modèle
Anchya Bamana souhaiterait que le dispositif d’évacuations sanitaires de Mayotte se rapproche de celui existant en Corse. L’ARS de l’île de beauté sera donc auditionnée afin de voir si son système peut être appliqué à Mayotte. Le but serait que les malades obligés de consulter hors territoire, faute d’une offre de soins suffisante, puissent être remboursés par la CSSM via notamment l’instauration d’un guichet unique. Incorporer les associations de malades permettrait également, pour la députée, de contribuer à « la démocratie sanitaire ». Elle compte aussi mettre l’accent sur la formation et les études afin de permettre aux jeunes Mahorais de se former aux métiers de la santé sans avoir besoin de quitter le territoire. Enfin, elle souhaite mener une étude sur le coût réel des soins dispensés aux étrangers en situation irrégulière sur le territoire. « C’est une étude qui n’a jamais été réalisée. Or les Mahorais ont le droit d’avoir accès à cette information », estime-t-elle.
Questionnée sur le sujet polémique des médecins PADHUE (Praticiens Diplômés Hors Union Européenne), Anchya Bamana explique « ne pas être contre en soi car le dispositif existe déjà depuis longtemps en métropole », mais que le problème est qu’à Mayotte, le dispositif de contrôle des connaissances de ces praticiens a été supprimé, pour une raison d’ailleurs inconnue. « C’est encore un dispositif d’exception pour Mayotte alors que notre but est de bénéficier des mêmes droits et des mêmes dispositifs qu’au national », a-t-elle affirmé.
La création de comités communaux
La députée profite également de sa présence à Mayotte au mois d’août pour faire le tour des 17 communes afin d’adresser ses remerciements à celles et ceux qui l’ont élue, mais pas uniquement. Elle souhaite également instaurer une unité au sein des communes via la création de comités communaux, qui regrouperont notamment les leaders des villages, les syndicats, des représentants de la jeunesse et des entrepreneurs. « Le but sera de débattre tous ensemble et de nourrir notre projet pour Mayotte », a-t-elle conclu.
N.G