Pour bien marquer sa différence d’attitude d’avec le gouvernement, Marine Le Pen a parcouru toute l’artère principale de Cavani pour observer son « squattage » par les demandeurs d’asile venus d’Afrique continentale depuis le démantèlement du stade. Marie Guévenoux, elle, était venue directement observer le stade vide, se félicitant de l’action du gouvernement. Une stratégie de communication se voulant « proche des préoccupations concrète des Mahorais » et qui fait mouche puisque près de 150 personnes étaient présentes au meeting qu’elle a donné juste après, sur le terrain synthétique de Cavani jouxtant la Maison de Quartier. Parmi ces personnes, les collectifs citoyens du quartier étaient représentés ainsi qu’un certain nombre de membres des Forces Vives dont Safina Soula. Le problème du camp de migrants du stade de Cavani ayant été le déclencheur du mouvement social que notre île a vécu en début d’année, il n’est guère étonnant que les Forces Vives voient dans Marine Le Pen « un soutien » aux changements qu’ils désirent. D’autant plus que, malgré ses efforts, le gouvernement n’a fait que déplacer en grande partie le problème du stade puisque les migrants « squattent » désormais les rues de Cavani, attisant la colère des riverains et des commerçants qui voient fuir leur clientèle.
Safina Soula ne s’en est d’ailleurs pas cachée lors du meeting. Elle a pris la parole en demandant clairement à Marine Le Pen « d’être au rendez-vous le 22 mai prochain lors du vote de la loi Mayotte », car « maintenant que le constat a été fait, nous attendons des solutions et les Mahorais vous accordent leur confiance pour cela ». Avant Safina Soula, le conseiller départemental élu de l’opposition Elyassir Manroufou avait ouvert le meeting en faisant un bilan de la situation à Cavani. « Aujourd’hui il y a environ 3000 demandeurs d’asile à Cavani. Or les capacités d’hébergement d’urgence ne s’élèvent à 10% de ce nombre », a-t-il affirmé en listant les nombreux problèmes qu’engendre cette situation avec, en point de mire, la menace du choléra dont 10 cas ont déjà été détectés sur l’île. « Vous vous érigez en défenseur des intérêts de Mayotte, nous comptons donc sur vous pour devenir un porte-voix de poids auprès du gouvernement afin de relayer notre détresse », ont ajouté quant à elle deux membres du collectif de Cavani. Bref, devant les solutions du gouvernement jugée « insuffisantes » par une bonne partie de la population mahoraise, Marine Le Pen est vue comme « un remède ».
« Le gouvernement n’a pas de vision globale du problème »
La députée a pris la parole en dernier, surfant habilement sur la vague de mécontentement dont elle a été témoin. « Le gouvernement veut vous faire croire tout un tas de choses, mais moi je suis là pour vous dire la vérité », a-t-elle commencé par affirmer. « La vérité est que personne dans l’hexagone ne se rend compte de la situation réelle dans laquelle se trouve Mayotte. Ils croient savoir, mais tant qu’ils ne l’auront pas vue de leurs propres yeux, ils ne se rendront pas compte », a-t-elle poursuivi en fustigeant la dernière visite de Marie Guévenoux à qui « on a empêché de voir la réalité en nettoyant les rues au préalable ». Pour elle, la situation aux abords du stade n’est qu’un reflet exacerbé de ce qui se passe sur toute l’île. Elle fait évidemment allusion à l’immigration clandestine galopante qui sévit à Mayotte depuis de nombreuses années et auxquels aucun gouvernement n’a su, ou voulu, trouvé de solutions viables. « J’avais annoncé l’échec de Wuambushu avant qu’elle soit mise en œuvre et j’avais raison. Ce sera pareil avec l’opération Mayotte Place nette. Car il s’agit de mesures éparses qui ne sont pas incluses dans une stratégie globale de défense de l’île », analyse-t-elle.
Pour la députée la solution consiste à « faire appliquer avec autorité et fermeté les lois de la République, ni plus, ni moins ». « Il est temps de faire comprendre aux pays voisins qu’on ne vient à Mayotte, et donc en France, que si on y a été invité et qu’on y reste que si on a l’autorisation d’y rester et non de manière clandestine en violant la loi et en semant chaos et désolation », a-t-elle martelé en ironisant sur les difficultés rencontrées par le gouvernement à gérer le problème de l’immigration clandestine venue des Comores. « La France est la 6ème puissance mondiale et on voudrait vous faire croire qu’elle n’a pas les moyens de protéger Mayotte ? », a-t-elle persifflé tout en affirmant qu’il fallait « arrêter de dérouler le tapis rouge et de donner des millions au président des Comores qui organise lui-même les filières d’immigration clandestine afin de reconquérir Mayotte via la démographie ».
« Pour protéger réellement Mayotte il faut engager un travail diplomatique de fond et utiliser les moyens de la Marine nationale », détaille-t-elle avant d’affirmer que « la situation catastrophique de Mayotte aujourd’hui est due à de mauvaise décisions politiques ». « Il est temps désormais de confier votre destin à ceux qui ont le courage de prendre les décisions qui s’imposent », a-t-elle conclu en invitant les Mahorais à voter massivement pour le Rassemblement National lors des prochaines élections européennes.
N.G