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Mamoudzou

Violences : Des agressions en cascade 

Alors que l’opération Wuambushu 2 est sur le point de démarrer, depuis quelques jours, les vols avec violences et les agressions se sont multipliés sur l’île, plongeant les habitants dans le désarroi. 

La 4ème vice-présidente du conseil départemental, Zouhourya Mouayad Ben, était dans son véhicule avec ses enfants pour se rendre à la conférence sur les Violences sexistes et sexuelles au Conseil départemental ce lundi matin, lorsqu’elle s’est retrouvée au coeur d’un caillassage. 

« Avant de commencer, je tiens à m’excuser de mon retard mais la matinée a été très compliquée puisque je me suis retrouvée dans un caillassage », a-t-elle déclaré d’une voix grave et émue en arrivant dans l’hémicycle Younoussa Bamana.

À Majikavo, face à des actes de caillassages, la conseillère départementale a dû effectuer un demi-tour pour repartir en direction de Koungou, où un proche lui a prêté secours en lui permettant de reprendre la route quelques minutes plus tard en direction de Mamoudzou. À sa sortie de l’hémicycle, Zouhourya Mouawad Ben nous a confié vouloir témoigner pour alerter sur le contexte de violences. « Il faut parler de ce qu’il se passe. On est fatigués psychologiquement, c’est très lourd », a-t-elle exprimé. Si la conseillère départementale est aujourd’hui contrainte de reprendre la route vers son domicile à Acoua, elle ira seule, en mettant à l’abris ses enfants à Mamoudzou, pour les protéger.

Une nuit d’angoisse à Mtsapéré

Cavani, Mtsapéré, Mayotte
Les guerres de quartier pourrissent la vie des habitants et des autres jeunes de l’île (archives)

Depuis plusieurs jours, une vague d’agressions déferle sur l’île. Vendredi soir à Mtsapéré, dans le quartier Mroahandra, des habitants ont été caillassés à plusieurs reprises alors qu’ils se trouvaient dans leur voiture. Dans la rue Mroahandra, des jeunes, dont une jeune femme équipée d’un casque intégral, se sont précipités sur le chemin pour caillasser des véhicules. Les vitres et les pare-brises des véhicules ont été cassés à l’aide de pierres et de barres en fer. Tandis que son véhicule prenait feu, un conducteur a pu s’échapper de sa voiture in extremis.

D’après le directeur territorial de la police nationale, ces violences se seraient produites alors qu’une opération de police aurait été menée dans ce quartier dans l’après-midi du vendredi 12 avril. 

Des agressions dans l’ombre à Majikavo…

Majikavo, violences, route, danger, agression
Sur cette carte, la route qui descend vers la route nationale est qualifiée par certains habitants de « route de la mort ».

Samedi, à Majikavo Dubaï, peu de temps avant 19h, des jeunes ont attaqué des véhicules qui descendaient en provenance du quartier de Dubaï, sur la route non éclairée qui mène à la route nationale (RN1). Ces jeunes armés de machettes, de bombes lacrymogènes et de cocktail molotov ont arrêté des véhicules sur la route et ont dépouillé les automobilistes. Une de nos consoeurs était parmi ces conducteurs et a tenté de fuir en remontant la rue en courant à pied, en abandonnant son véhicule et l’ensemble de ses affaires. Dans sa fuite, elle s’est blessée au pied et s’est réfugiée chez des habitants du quartier, où elle a été cachée dans une pièce. Les délinquants ont rodé de longues minutes autour de la maison en cherchant la « mzungu » menaçant pour obtenir les codes de carte bancaire et de téléphone. Grâce au courage des habitants, les délinquants ont fini par fuir. 

…Mais aussi en plein jour 

Le lendemain matin, dimanche 14 avril vers 10h, à proximité du collège de Majikavo, deux soeurs ont été agressées. En pleine journée, les délinquants leur ont volé leurs sacs, papiers, téléphones et l’argent liquide dont elles disposaient. L’aînée a pu nous raconter l’agression dont elles avaient été victimes. La plus jeune des deux était recroquevillée, en pleurs, sur les bancs de la gendarmerie de Majikavo. 

L’absence de caméra de surveillance 

Comme l’avait confié une conseillère familiale et conjugale, la zone nord de Mamoudzou questionne. En effet, alors que les plaintes affluent suite à des agressions, et notamment dans la zone nord de Mamoudzou, les victimes sont souvent dans l’incapacité de reconnaître ou d’identifier ces délinquants : « C’était des jeunes, ils avaient des foulards », a confié une des victimes lorsque nous lui avons demandé si elle avait vu ses agresseurs.

Assani Saindou Bamcolo, le maire de Koungou

Des gendarmes s’interrogent sur les outils de surveillance déployés dans cette zone du Nord de Mamoudzou, qui est le théâtre d’actes de délinquance et de violences quasiment quotidiennement. « Pourquoi la mairie de Koungou n’installe pas davantage d’outils de surveillance ? », se demandent-ils. L’an dernier, un policier avait confié que ces caméras étaient utiles pour identifier les fauteurs de ces troubles mais qu’elles étaient encore trop peu déployées par les municipalités. À cette époque, des difficultés financières mais aussi en termes de moyens humains avaient été évoquées. Aujourd’hui, à quelques heures du démarrage de l’opération Wuambushu 2, les mots de la Ministre Marie Guévenoux sonnent comme un son de cloche contradictoire : « Aucun effectif de police ou de gendarmerie ne manquera pour mener ces opérations ». Si aucun effectif de police ou de gendarmerie ne manque, pourquoi est-ce que la ville de Koungou, concernée quotidiennement par des violences, ne pourrait pas être en mesure de déployer ces outils de surveillance ? 

Des délinquants qui s’en vont et qui reviennent 

Lorsque les victimes composent le numéro 17 d’appel d’urgence de la police, il arrive que l’événement en cours soit déjà connu des services et que des forces aient déjà été envoyées pour sécuriser la zone. Mais si les forces de l’ordre interviennent rapidement pour disperser les délinquants, ces derniers partent pour mieux revenir. Lors des agressions citées, les victimes n’ont pas rencontré de gendarmes. Si les routes sont en effet désertes après leur intervention, elles ne donnent aucun gage de sûreté.

Mathilde Hangard

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