Si un noyau de leaders s’est naturellement dégagé des Forces Vives, mouvement qui se voulait à l’origine sans leader pour bien montrer le ras-le-bol de la population mahoraise dans son ensemble, la décision finale de lever les barrages ne leur reviendra pas. Ce sont les barragistes qui auront le dernier mot. « Nous n’avons pas encore montré et expliqué le contenu du courrier aux personnes qui tiennent les barrages et qui attendent toujours de connaître son contenu. Nous ne pouvons prendre aucune décision avant que cela ne soit fait et que les barragistes dans leur ensemble en aient discuté », a affirmé Safina Soula à l’issue de la réunion de ce jeudi après-midi entre les leaders des Forces Vives et les élus du territoire. Le matin, une première réunion exclusivement entre élus a également eu lieu pour analyser le contenu de la lettre avant d’en discuter avec les Forces Vives.
Jamais prose politique n’aura été autant décortiquée dans l’histoire de Mayotte ! Il faut dire qu’en ces temps troublés, la population mahoraise souffre d’un énorme déficit de confiance envers l’Etat français. Les promesses de 2011 et de 2018 n’ayant été qu’à moitié tenues, les Forces Vives veulent être sûres cette fois-ci de « ne pas se faire avoir », quitte à maintenir la pression avec les barrages encore quelques jours. Le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni voit dans ce courrier quelques louables avancées : « Nous élus, estimons que ce courrier contient de réelles avancées quant aux besoins du territoire notamment en matière d’immigration clandestine. L’objectif d’aujourd’hui était de discuter avec les leaders des Forces Vives pour être sûrs que nous ayons tous la même interprétation du contenu de ce courrier ». Prudent, Ben Issa Ousseni n’en dira pas plus, précisant « que ce n’est pas à lui d’appeler ou non à la levée des barrages, mais que ce seront les Forces Vives qui en décideront ».
Une réponse écrite des Forces Vives sera communiquée sous peu à la presse
Après la réunion avec les élus, les Forces Vives se sont réunies en Assemblée Générale pour décider de la suite à donner au mouvement. D’après Safina Soula, elles formuleront une réponse écrite au gouvernement, qui sera également envoyée à la presse. La leader du collectif 2018 n’a pas voulu « lâcher » grand-chose sur son analyse de la prose gouvernementale, à peine avons-nous pu lui arracher un bref « je pense qu’il y a quand même de bonnes choses », phrase rapidement interrompue par l’agitation et les salutations de fin de réunion. Les autres leaders ont été encore moins loquaces, laissant tous les journalistes présents à la sortie de la réunion sur leur faim. « Nous ne prendrons notre décision qu’après avoir discuté avec les personnes qui tiennent les barrages car ce sont eux qui décideront à la majorité », a-t-elle tranché. Conclusion : il faut encore attendre et, barrages ou pas, le mouvement a de toute façon bien l’intention de perdurer dans le temps !
Nora Godeau