Malgré les difficultés rencontrées par les forces de l’ordre pour aller sur des interventions à cause des nombreux barrages, celles-ci arrivent quand même à assurer tant bien que mal la sécurité des habitants de l’île. Plusieurs interpellations ont eu lieu ces derniers jours par la gendarmerie et par la police. Ainsi comme l’indique cette dernière, « Le 9 février 2024, le centre de supervision urbain (CSU) de la mairie de Mamoudzou était informé d’une rixe entre jeunes sur le secteur de Mtsapéré, pont Nazou. Par retour d’images, les policiers de la salle de commandement CIC repéraient trois individus très actifs qui lançaient des cailloux sur la partie adverse. Munis des signalements, les effectifs de police interpellaient les trois individus qui étaient placés en garde à vue. Ils étaient déférés, et l’un d’eux écopait d’une peine de 6 mois de prison ferme ». Même si la vidéo protection ne fait pas tout, elle apporte une aide considérable aux forces de l’ordre.
La commune de Koungou prochainement équipée
Après Pamandzi, Mamoudzou, Dembéni, Koungou devrait être la quatrième commune de l’île à bénéficier de la vidéo protection. « Si tout se passe bien le centre de supervision urbain devrait être opérationnel fin mai/ début juin avec une quarantaine de caméras installées le long de la route nationale, indique David Chaillier, chef opérateur CSU au sein de la mairie de Koungou. Nous aurions dû débuter la mise en place début février mais le porte-containeur transportant du matériel a été retardé au sud du Yemen… D’ici fin 2024, 93 caméras vont être installées », complète-t-il. Pour pouvoir faire fonctionner un CSU il faut recruter des agents et même s’il n’est pas obligatoire que ce soient des membres de la police nationale ou municipale derrière les écrans, les opérateurs seront assermentés. « Nous travaillons avec toutes les forces de l’ordre, gendarmerie, police municipale et nationale. Cette année nous comptons recruter 6 agents pour être derrière les écrans et avertir les forces de l’ordre en cas de besoin ».
Prévenir les faits de délinquance mais pas que
Comme l’explique David Chaillier, il faut faire la différence entre un centre de supervision urbain et un centre de visionnage. « Dans un CSU il y a des opérateurs derrière les écrans qui réagissent en temps réel, alors qu’avec un centre de visionnage, il n’y a personne derrière les écrans, cela sert juste à extraire des vidéos en fonction des besoins. Le CSU permet une continuité de la surveillance, d’alerter tout de suite et d’intervenir plus vite. En fonction des horaires et des missions prioritaires sur le terrain on fait appel soit à la police, soit à la gendarmerie ».
Par ailleurs, le CSU donne de la visibilité et permet de lever des doutes… « On oriente, on vérifie, on analyse la nature d’un problème afin d’évaluer la situation et de fournir assez d’éléments aux forces de l’ordre. Par ailleurs, concernant certaines affaires, la vidéo protection permet de fournir des éléments de preuves…Le CSU c’est un peu l’œil de la commune », explique David Chaillier. En effet, le CSU permet de surveiller notamment les ventes à la sauvette, de drogue, les accidents de la route et de contacter le Sdis (Service départemental d’incendie et de secours), le dépôt d’ordures sauvages, signaler une coupure de l’éclairage public ou encore un obstacle sur la chaussée. « Ça sert à tout ! », souligne-t-il.
La garantie de la vie privée respectée
Comme le rappelle le responsable du CSU de Koungou, l’utilisation de la vidéo protection est extrêmement réglementé. On ne peut pas faire n’importe quoi et ce n’est pas n’importe qui qui se trouve derrière les écrans. « Il faut avoir une certaine expérience, le sens de l’observation, connaître les procédures… Les espaces privés sont floutés ou avec des caches dynamiques qui permettent de les dissimuler, même quand la caméra tourne, si bien que nous ne voyons jamais les espaces privés », raconte-t-il. Concernant le droit à l’image, là aussi tout est réglementé. Les images et les vidéos sont stockées durant 30 jours maximum et après elles sont effacées. Les gens ont ainsi près d’un mois pour demander à visionner les images les concernant, il suffit pour ça de demander aux services de la mairie. « La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) garantit le droit à l’image des personnes… Les gens ont le droit de visionner ce qui les concerne pour peu qu’ils en fassent la demande. Il faut bien comprendre que le CSU n’a pas pour but de faire de la répression mais d’aider les personnes », conclut David Chaillet.
B.J.