Point important qui s’est rajouté à la « charte des barragistes » ce week-end, le passage des équipes de ramassage d’ordure devient vital à l’heure où le risque de choléra pointe son nez à nos frontières poreuses. Mais comme pour les autres visas de franchissement des barrages, il est délivré avec parcimonie et à géométrie variable. Entre la théorie et la pratique, il y a une marge, des médecins nous ont par exemple expliqué ne pas avoir pu franchir le barrage de Tsararano pour se rendre dans leur centre médical de référence.
Nous avons contacté le SIDEVAM 976, en imaginant une kyrielle de camions prêts à prendre le top départ à brise rabattue. On en est loin, nous explique Chanoor Cassam, DGS de la structure, entre deux appels téléphoniques : « Rien que pour conduire un camion, il faut un chauffeur, et donc, qu’il arrive à passer les barrages avec sa voiture personnelle. Or, ils n’y arrivent pas pour l’instant. Nous travaillons sur un système de badges, un signe de reconnaissance qui serait reconnu partout. »
Environ 100 tonnes cumulés
D’autre part, il faut ouvrir les quais de transfert pour y déposer les ordures, « c’est le rôle d’agents administratifs, mais qui n’ont pas non plus le droit de passer. » Et pour compliquer le tout, commencer à vider ces quais de transfert avant leur remplissage est indispensable, « ils sont chargés, le camion benne de la STAR (Suez) doit transférer les déchets ultimes vers le centre de Dzoumogné. Il y a moins de problème de ce côté-là, les leaders ont validé son déplacement. »
Toute une réorganisation à mettre en place, avec des moyens réduits, « alors que nous fonctionnons habituellement avec 20 à 30 véhicules de service, seuls 8 pourront circuler, nous ont indiqué les barragistes, toujours sous condition que les chauffeurs arrivent à passer. » Un impératif avant que la situation ne devienne ingérable sur le plan de l’hygiène.
Déjà présents en nombre sur l’île, les rats voient leur terrain de jeu s’agrandir, « nous arrivons à traiter au maximum 8 tonnes de déchets lors d’une grosse collecte, là, il y a environ 100 tonnes à ramasser après trois semaines d’inaction. Nous n’arriverons pas à le faire en une fois, avec en plus, des restrictions de circulation. »
Et des plus ou bonnes volontés des barragistes, puisqu’un camion a pu tourner la semaine dernière, mais bloqué sur un seul barrage, au carrefour Milou, près de Soulou.
Le temps de réorganiser la collecte, les immondices continuent à s’amonceler, et partout, plus seulement à côté des points de ramassage.
Anne Perzo-Lafond