Dans un courrier adressé le 24 octobre 2023 à Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères les quatre parlementaires de Mayotte, et les deux présidents du conseil départemental et de l’Association des maires de Mayotte, plaidaient pour une reconnaissance internationale de l’appartenance de Mayotte à la France, en proposant d’envoyer une délégation d’élus nationaux et territoriaux à New-York pour une audition aux Nations Unies. Ils s’appuient pour cela sur la date du 22 décembre 1974, « Les Mahorais considérant que leur territoire est d’ores déjà décolonisé », par rapport aux Comores, depuis cette date de la consultation de l’ensemble des îles des Comores sur leur volonté de continuer à être rattaché à la France ou non. Si les trois autres îles votent quasiment unanimement pour l’indépendance, à Mayotte, 63% des habitants votent en faveur du maintien dans la République française. Une volonté sans cesse réaffirmée et même renforcée, sur les référendums suivants.
Si pour n’importe qui la réponse de la ministre datant du 30 novembre dernier est parfaitement logique, elle tranche avec tous ses prédécesseurs puisqu’elle ne noie pas diplomatiquement le poisson : « Comme vous le soulignez, Mayotte fait l’objet d’une revendication de souveraineté infondée, à rebours de l’histoire et du choix des Mahorais, exprimé à de nombreuses reprises depuis près de 50 ans pour leur maintien de notre communauté nationale ». Un choix qui « honore » ses représentants, souligne Catherine Colonna, qui ne nomme à aucun moment l’Etat des Comores dans son courrier.
« Nous allons enfin pouvoir faire falloir notre cause »
Une volonté que la France a constamment défendue indique-t-elle, « aux Nations unies, la France a réussi à contenir toute revendication de souveraineté sur Mayotte », indiquant que le département ne fait pas partie « des territoires autonomes », et mentionnant quand même qu’aucune résolution de l’assemblée générale de l’ONU relative à Mayotte n’a été adoptée depuis 1994. C’est-à-dire que si des questions étaient défendues à la tribune de l’ONU, notamment par le président de l’UNion des Comores, aucun acte important a été pris, il ne s’agissait que de débat. Un signe de ce « consensus ».
La ministre encourage l’envoi d’une telle mission qui a « son plein soutien », elle l’accompagne de sa demande adressée à la représentation permanente de la France auprès des Nations Unies à New York, d’apporter « tous l’appui nécessaire » à la démarche des élus mahorais.
De cette position dépend beaucoup de choses, notamment la présence de la France au titre de Mayotte et plus seulement de la Réunion dans les instances régionales et internationales comme la Commission de l’Océan Indien (COI). Défendre le drapeau tricolore et jouer les compétitions sous l’hymne de la Marseillaise en sont deux symboles forts.
Ce dont se satisfait le député Mansour Kamardine : « Après 50 ans de résistance aux velléités d’appropriation par l’Union des Comores, nous allons pouvoir enfin faire falloir notre cause et notre attachement légitime à la République française. »
Des répliques ne manqueront pas de se faire sentir à 100km de là à l’Ouest, à moins que les forces alimentant la géopolitique locale, aient changé.
Consulter la Reponse de Catherine Colonna à Mansour Kamardine sur l’ONU
Anne Perzo-Lafond