Le ministre délégué chargé des Outre-mer a une nouvelle fois parcouru un département aux services publics « à bout de souffle », pour reprendre l’expression du Collectif Ré-MaA (Réunion-Mayotte). Le ministre était donc attendu sur l’eau mais aussi sur les problématiques sécuritaires. A nos confrères de Mayotte la 1ère, lPhilippe Vigier a déclaré que l’opération Wuambushu serait reconduite dans quelques jours « pour des raisons administratives ». On ne sait donc pas sous quelles formes et si elle aurait tenu compte des échecs de la version numéro 1.
C’est naturellement par un Comité de suivi de la ressource en eau (CSRE) que le ministre terminait sa visite de deux jours. Mais restreint cette fois, sans la presse, lui qui avait prêché la transparence un mois auparavant.
Comme lors des précédents opus, les acteurs de l’eau ont dressé un état des lieux de l’ensembles des travaux en cours, forages, dont on sait qu’un seul sur les deux réalisés en urgence va produire, fuites, « 850 diagnostics ont été effectués, il faut maintenant réparer », a lâché Philippe Vigier à l’issue du CSRE. Des autorisations d’accès aux voiries doivent en effet être délivrées par les municipalités concernées, et le syndicat LEMA avait souhaité pouvoir obtenir une dérogation permanente de travail sur les réseaux.
Ce Comité de suivi de la ressource en eau se tenait dans la période critique où les deux retenues collinaires sont quasiment à sec « nous puisons encore dedans », nous assurait en aparté un des acteurs, qui compte sur les eaux de surface et les forages. Mais nous sommes sur les dernières gouttes. Même si les pluies de ce jeudi ont pu donner du baume au cœur à beaucoup, elles n’ont pas été suffisantes pour commencer à recharger les retenues.
« Merci aux Mahorais d’accepter l’inacceptable »
C’est donc en réalité le mois de novembre qui va être le plus critique, avec d’un côté des retenues quasiment vides, et une capacité de production que les institutionnels continuent à évaluer à 20.000m3 par jour. Elle vient des rivières et des nappes d’eau souterraines captées par les forages, et produite par les deux usines de potabilisation. Or, le dernier Cons ‘eau du 30 octobre 2023 donne un niveau de consommation à 26.400m3. Où trouver le différentiel de près de 7.000m3 ? C’est précisément le volume supplémentaire annoncé par le ministre à très court terme, « nous auront 7.000m3 en plus fin novembre entre le dessalement et les forages ». Rajoutant, « avec le maintien des tours d’eau, à quelques jours près, ça va passer ! ». Une sentence qui ne vaut qu’en regardant le ciel, « avec une pluviométrie annoncée, si on en croit Météo France », rajoute Philippe Vigier.
Une nouvelle campagne de forages va être menée en lien avec le BRGM, « il faut accélérer les mesures de court terme comme les forages, car deux mois après, on a de l’eau. Alors que l’unité de dessalement d’Ironi Be, c’est une histoire de 15 mois de délais. »
Conformément à l’assurance donnée par la Première ministre, toute la population aura sa bouteille, « ce seront entre 400.000 et 500.000 bouteilles qui seront distribuées »
Parce que « les Mahorais acceptent l’inacceptable avec 54h de tour d’eau et je les remercie, il faut gagner ensemble cette course de vitesse. »
Anne Perzo-Lafond