Dans son étude sur les tendances conjoncturelles du 2ème trimestre 2025 (avril-mai-juin), l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM), signale un recul de l’indicateur du climat des affaires (ICA) en raison d’un environnement incertain dû aux multiples difficultés liées aux lenteurs de la reconstruction post-cyclone Chido.
« L’ICA accuse au second trimestre un repli de 5,1 points, et se positionne à 104,8. La reconstruction attendue suite au passage du cyclone Chido tarde à se concrétiser, affectant la confiance des chefs d’entreprises. A cette morosité s’ajoute une situation préoccupante en matière de trésorerie », note l’institut. « L’inflation se positionne à 1,1 % et se rapproche du niveau observé au national. Après un léger rebond au trimestre dernier, la consommation des ménages est en baisse au deuxième trimestre ».
Le moral des entreprises en berne

Les chefs d’entreprise interrogés par l’institut décrivent un environnement fragile, marqué par la faiblesse persistante des trésoreries. Près de 18 % d’entre eux redoutent même une défaillance de leur structure dans les prochains mois. Les retards dans le lancement des travaux de reconstruction accentuent cette morosité : là où un regain d’activité était espéré, c’est l’incertitude qui domine. « Après une hausse de l’ICA, soutenue par des prévisions d’activité et d’investissement favorables en début d’année, le climat des affaires semble atone », relève l’IEDOM. « L’activité est soutenue par les nécessaires travaux d’urgence, qui occasionnent le lancement de nombreux marchés publics depuis le début de l’année. Toutefois, la dynamique de reconstruction peine à démarrer ».
Le commerce illustre bien cette fragilité. Contre toute attente, rapporte l’IEDOM, l’activité a chuté au deuxième trimestre, faute de consommation suffisante et avec des stocks de produits finis trop faibles. En revanche, les services marchands et le BTP semblent mieux résister. Les professionnels du bâtiment espèrent que le redémarrage effectif des grands chantiers liés au cyclone leur permettra de retrouver une activité solide.
Consommation et emploi des signaux mitigés
La consommation des ménages, après un léger rebond en début d’année, s’essouffle de nouveau. Les importations progressent légèrement (+7,2 % sur un an), tirées par les besoins en biens de consommation et en équipements, mais l’investissement des entreprises reste contraint.
Le marché de l’emploi affiche un signal plus positif : le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A chute de près de 20 % par rapport au trimestre précédent. Cette baisse profite surtout aux jeunes de moins de 25 ans. Mais ce repli doit être relativisé : il est en partie lié aux dispositifs d’activité partielle et ne reflète pas encore un véritable dynamisme de créations d’emplois, souligne l’IEDOM.
Inflation maîtrisée mais financements bloqués

Côté prix, l’inflation est de 1,1 % en un an, aligné sur la moyenne nationale. La hausse des prix est d’abord tirée par les prix de l’alimentation (+4,4 %), qui pèsent pour 24 % dans la consommation des ménages, suivis par les services (+2,3 %) et les produits manufacturés (+0,8 %). Les prix de l’énergie reculent quant à eux de 10,9 %, conséquence de la baisse des tarifs de l’électricité et des prix des produits pétroliers. Les ménages échappent à une flambée des prix, mais cela ne suffit pas à relancer la consommation, remarque l’Institut.
En parallèle, les investissements des entreprises restent freinés par la difficulté d’accéder au crédit. Les besoins existent – notamment dans le bâtiment et pour le renouvellement des équipements – mais l’encours des crédits demeure quasi stable. Une situation qui bride, selon l’IEDOM, la capacité des entreprises à préparer la reprise.
La reprise suspendue à la reconstruction
L’activité est en recul, la consommation faiblit et la confiance des chefs d’entreprise reste fragile. Si le BTP et les services tiennent encore, le commerce souffre d’une baisse significative. Le cyclone Chido, survenu en décembre 2024, devait déclencher une vague de chantiers de reconstruction capables de soutenir l’économie. Mais le retard accumulé prive Mayotte de cet élan. Pour beaucoup d’acteurs économiques, la relance dépendra directement de l’accélération des travaux et d’un meilleur soutien aux trésoreries d’entreprises.
Pour le troisième trimestre 2025, les perspectives semblent montrer une très légère reprise d’activité, mais les difficultés de trésorerie des entreprises ne devraient pas se dissiper, indique l’IEDOM.