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Mamoudzou

Inauguration d’une école qui met fin aux rotations à Doujani

La frilosité des maires vis-à-vis de l’investissement dans les constructions scolaires, pourtant financées par l’État, ne peut plus perdurer. Ce sont désormais 1.000 salles de classe qui manquent à Mayotte. Ce n’est pas le cas de Mamoudzou où Ambdilwahedou Soumaila compte bien enchainer les inaugurations. Un « courage » politique qui était salué.

C’est un triple évènement que symbolisait l’inauguration de l’école Abdallah Sidi à Doujani. Tout d’abord, c’est une lueur d’espoir supplémentaire pour ce quartier anciennement sinistré par les agressions à répétition et au cœur duquel ont travaillé de nombreuses associations dont Espoir et réussite de Doujani. Ensuite, c’est une bouffée d’oxygène face au système de rotation, plus aucune classe n’est actuellement concernée. Enfin, à Mayotte, inaugurer une école c’est déjà un acte politique, et ils sont encore quelques maires à freiner des quatre fers, la représentante de la préfecture parlait même de « courage », en félicitant le maire LR.

Celui-ci expliquait d’ailleurs que si 12 constructions de salles de classe avaient été initialement envisagées, elles étaient finalement 16 à être inaugurées ce vendredi : « Les besoins en scolarité sont tels qu’il a fallu augmenter la capacité d’accueil. Il y a également une bibliothèque et le tout premier restaurant scolaire de la commune. » Un établissement qui n’est pas sorti de terre sans mal puisque le décès prématuré à 56 ans de l’architecte et maitre d’œuvre Andjib Saïd Ali en 2020 avait stoppé le chantier. En hommage, une future école élémentaire du village de Doujani portera son nom.

Outre ces constructions, les 10 anciennes salles de classe de l’enceinte ont été rénovées, ce sont donc 26 salles qu’ont pu investir les élèves à la dernière rentrée. Un investissement de 7 millions d’euros financé à 90% par l’État.

« Un message courageux »

Passage par une classe de CM2, emmené par le directeur (à gauche)

Cette première cantine devrait être suivie par la construction d’une cuisine centrale, « à moyen terme, tous les établissements scolaires de la circonscription seront desservis », précise le maire. Rappelons qu’il avait posé la 1ère pierre d’une école de 24 salles de classe en novembre dernier, et que le rythme va se poursuivre, indiquait-il : « Notre Schéma directeur des écoles remis la veille en main propre au ministre des outre-mer prévoit 400 millions d’euros pour la commune de Mamoudzou sur les 10 prochaines année. Au cœur de la ZAC de Doujani nous avons prévu un groupe scolaire de 25 salles de classe, nommé ‘Chihabouddine Ben Youssouf’ (ancien élu départemental du canton, ndlr), ainsi que la future école élémentaire de 15 salles », dénommée donc Andjib Saïd Ali.

Une inauguration qui envoie « un message positif » dans « un contexte de crise », et qui « parie sur la jeunesse », soulignait le directeur de cabinet du recteur, Benjamin Lazard-Peillon. Lui emboitait le pas l’inspectrice du 1er degré de Mamoudzou centre, Natacha Canaud : « Avant, cette école était en rotation à 100%, désormais les élèves suivent les rythmes scolaires comme les autres en métropole. C’est un climat scolaire propice à la réussite ». Dans deux salles, 12 élèves de CP face à leur enseignant, « comme l’impose la réforme ».

Le défi que doivent relever les maires à travers les constructions d’école, c’est Maxime Ahrweiller-Adousso, Secrétaire aux Affaires régionales de la préfecture qui en soulignait la portée : « Lorsque le président de la République était venu, il manquait 800 salles de classe, maintenant, c’est 1.000. L’Etat allouait à cet effet 500 millions d’euros dans le précédent contrat de convergence, dont le prochain est abondé de 250 millions supplémentaires a indiqué le ministre délégué aux Outre-mer. Mais sans implication des maires… On connait les problématiques de confier, d’occupation des terrains, d’entreprises aux carnets de commande remplis. Mais la volonté du maire de Mamoudzou qui investit dans ses écoles est un message courageux envoyé au territoire.

100% de titulaires

Un bloc sanitaire dont il va falloir entretenir la propreté

Les établissements ne fournissant que des « collations » à Mayotte, pour rattraper le retard dans la restauration scolaire, la société Panima a été accompagnée par l’Europe à hauteur de 12 millions d’euros pour construire la cuisine centrale d’Ironi Be, qui s’ajoute à celle construite par le rectorat à Kawéni.

La crise de l’eau qui perturbe les établissements scolaires s’invitait naturellement. Ambdilwahedou Soumaila se disait pleinement mobilisé, ses écoles étant désormais toutes raccordées au chemin de l’eau ou à une cuve. Ce n’est pas le cas partout puisqu’à Koungou des parents de l’école élémentaire de Koungou Maraicher nous ont de nouveau alerté sur une seule journée de scolarité pour leurs enfants la semaine dernière, le mercredi, leur école n’étant pas raccordée.

Aucun nuage lors du dévoilement de la plaque notamment par l’ancien enseignant Abdallah Sidi qui donnait son nom à l’école, qui a notamment eu comme élève le 1er adjoint au maire, Dhinouraine M’Colo Mainti. Ont également enseigné dans l’établissement sa fille et sa petite-fille ! Une histoire de famille.

Le directeur de cette école de 612 élèves Toilibou Mohamed, que nous avions interviewé en 2016 alors qu’il dirigeait une nouvelle école inaugurée à Bandrélé, se réjouissait d’un record, « nous sommes dans la seule école de Mamoudzou où travaillent 100% de titulaires. C’est dire si elle attire. Et nos résultats aux évaluations nationales en attestent en montant en puissance d’année en année. Il a tenu à devenir formateur pour créer « un bassin de montée en compétence des enfants en numérique », dans une salle dotée d’un écran interactif financé par la mairie. L’école comprend deux sections d’autisme.

Certaines ne se laissent pas déconcentrer par l’inauguration médiatisée de l’école !

La qualité de l’ouvrage et l’enchainement des constructions annoncées est la preuve que la compétence de la scolarité du premier degré peut être exercée par les maires qui en ont la volonté politique.

Ce projet a été le prétexte à participer au programme « Notre école faisons là ensemble », qui va permettre de végétaliser les espaces, « et peut-être de décrocher le label E3D », École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable, lançait Natacha Canaud, « comme quoi, à Mayotte, il n’y a pas de fatalité ! »

Anne Perzo-Lafond

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