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S.EAU.S : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se monnaye…

Visite express, compacte et concrète pour le nouveau ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier qui avait pour unique thématique celle de notre crise de l’eau. Une crise sans précédent où l’urgence prime au regard des outils et moyens qui doivent être promptement engagés sachant la difficile conjecture hydrique pour les citoyens mahorais; et d’autant plus en ce renforcement, dès ce lundi, des restrictions des usages de l’eau. 

Voici près d’un mois après sa récente nomination, que le nouveau membre du Gouvernement — qui se présente comme « le ministre des solutions » face à la crise que connait le 101ème département français — foule pour sa toute première fois la terre mahoraise. De prime à bord, un tarmac, celui de la zone militaire de l’aéroport international Marcel Henry où, à heure matinale ce samedi, à peine descendu de son avion, Philippe Vigier a officiellement annoncé différentes mesures.

Direction la future potabilisation made in Sud 

C’est donc après ce protocolaire menu déclaré, sans poutou*, que le cortège s’est solennellement élancé fissa fissa à destination de la West Coast, circonscription de Sada; et plus précisément en zone limitrophe de M’Tsangabeach, lieu stratégiquement visé pour la proche installation de l’une des 2 fameuses stations de dessalement (osmoseurs), annoncées bien des mois en amont, lors de la précédente visite interministérielle. « Je t’ai dis que je viendrai très vite, j’ai tenu mes promesses, je suis là et j’ai déjà fait des annonces » murmure Philippe Vigier, lors d’une franche accolade avec le député Mansour Kamardine, faisant allusion à leur entrevue parisienne à peine quelques jours auparavant.

(de g. à d.) P. Vigier, ministre délégué aux Outre-mer et Ibrahim Aboubacar, directeur des Eaux de Mayotte en discrète discussion avec l’un des frères propriétaires de ce site privé de Jimaweni, en charge de coordonner toutes ces négociations

C’est par voie pédestre et quasi tout-terrain que les officiels s’engouffrent sur un petit chemin caillouteux et privé. Après un léger dénivelé non-négligeable, s’offre, face à la vue mer, un panneau de présentation : Osmoseurs de Jimaweni. Un début de chantier — actuellement en appel d’offre — qui se veut proche (aussi lorsque les négociations foncières avec les 9 héritiers de ce lieu auront abouties), sachant apparemment la présence enfin actée sur notre territoire de l’une de ces 2 unités* et un calendrier d’exploitation/mise en service, visé à tout début 2024, pour une production journalière de 1 000 m3, à laquelle s’inscrira dans le temps un chantier ultérieur, pour une capacité visée à 3 000 m3/jour. Une petite enveloppe globale de 12 millions d’euros prise intégralement en charge par l’État, en plus d’un accompagnement dans l’étude initiale des propositions d’offres. Le groupe Véolia est-il prêt et dans les starting-blocks pour la suite des événements ? Le ministre s’est engagé à appeler la direction en personne dès ce lundi. Affaire à suivre…

Pour cette future et proche installation de ce 1er osmoseur, dans le cadre d’une mesure d’urgence, il est prévu un captage à 300 mètres des côtes, pour une profondeur de 15 mètres avec un système classique anti-sable et un rejet à 600 mètres. Cette configuration et d’étude sous-marine et d’implantation a également été analysée par le Parc Naturel Marin de Mayotte.

« Pourquoi on fait plus vite là en comparaison d’avant ? »

C’est une question réthorique qu’a souhaité éclaircir Ibrahim Aboubacar auprès du ministre, sachant qu’elle se veut légitimement récurrente sur les lèvres des mahorais. Une lenteur qu’il impute aussi à la complexité des mesures réglementaires et législatives désormais allégées grâce à ’’l’Urgence absolue déclarée’’. Une précision qui n’est tombée dans l’oreille sourde de Philippe Vigier sautant sur l’occasion pour répliquer non sans ironique et bienveillant humour : « Merci Monsieur le directeur de reconnaitre que l’État sait s’adapter. Vous êtes très fort, vous pourriez faire du théâtre ! ». Et concernant cet allègement qui pourrait également remettre en cause l’hydrique potabilité de plus en plus décriée, le ministre se veut clair : « Je serai d’une vigilance intransigeante. La qualité de l’Eau, c’est la base de la base, l’Etat est là pour accélérer les procédures, c’est le pouvoir d’appréciation du Préfet et l’ensemble des services qui coordonnent tout cela (ndlr – ARS inclus). Ils ont toute ma confiance. On veut que ça avance et c’est super que cela puisse aboutir en 2024 ».

(de g. à d.) T.Suquet/ préfet de Mayotte, G.Cantal/préfet de l’Eau, M.Kamardine/député et P.Vignier, ministre délégué aux OM

Une proche année charnière plutôt condensée ayant également dans le viseur, à mi-2024, la construction de la seconde usine de dessalement d’Ironi Bé qui sera (normalement) capable de produire 10 000  m3/jour. « On sait dans les circonstances difficiles être réactifs, à la hauteur et tous engagés. Les services comme la DEALM ont permis d’accélérer les procédures et nous devons accélérer de partout; c’est ce que l’on doit aux habitants de Mayotte et donc la résilience qu’ils nous proposent exige que nous ayons un comportement à la hauteur ». Un comportement ayant aussi publiquement soulevé l’interrogatif des potentielles et pécuniaires pénalités si les timings chantiers initiaux annoncés ne se voulaient guère dans les clous. Un petit coup de pression indirect honorable, s’il en est, stratégiquement placé par le ministre, l’air de rien, que notre rédaction ne manque pas de relever auprès de l’intéressé : « Ça n’est pas de la pression mais, encore une fois, nous devons cela aux habitants. Vous savez, moi en tant qu’élu local, j’ai été habitué à respecter des calendriers; nous aurons les mêmes exigences vis à vis des prestataires. Il y a des grands noms (ndlr – groupes et entreprises) et bien j’imagine qu’ils seront à la hauteur de leur renommée ». 

Retenue collinaire de Combani ce samedi 2 septembre, tristement remplie à 12% de sa capacité

C’est donc au pas dynamique que cette visite futurs osmoseurs s’est achevée, nous permettant tout de même, quasi au milieu de la route, de demander à Philippe Vigier, avant qu’il ne remonte dans son véhicule ce qu’il en est, étatiquement parlant, au regard des tarifications et des packs d’eau et des abonnements LEM** (points non abordés dans les différentes mesures annoncées quelques heures en amont) : « Les prix de vente de l’eau ont été gelés en juillet dernier par arrêté et nous contrôlons cela. Concernant les abonnements et autres, je ne peux pas entrer dans les négociations du Syndicat, chacun son rôle, chacun sa place. L’État investit très largement. La mise en place de ces osmoseurs va inévitablement créer un surcoût en termes de fonctionnement; nous allons justement regarder comment, sur une durée courte, nous pouvons venir leur donner un coup de main (ndlr – Gouvernement envers LEM). C’est un engament pris par le préfet et moi-même. Je le confirme et j’ai donné l’instruction à tous les services pour que l’on puisse aller le plus vite possible. Il faut comprendre une chose, plus on va vite et moins on aura les difficultés que vous soulevez dans votre question. Et tous les moyens de l’Etat seront mobilisés, soyez-en assurés ».

 

MLG

 

*Le poutou est l’accompagnement pimenté de quasiment tous les plats mahorais 

*Pour rappel, ces appareils de potabilisation et dessalement de l’eau (aussi appelés osmoseurs) se devaient initialement d’être déjà en route pour notre territoire depuis des mois, selon les discours officiels. D’une production initiale de 600 m3/jour x2, il est donc dans l’immédiat question que d’un seul osmoseur mais d’une plus grande capacité se tablant à 1 000 m3/jour qui se voudra normalement complété, un peu plus tardivement, d’un second osmoseur de 3 000m3/jour. Une solution, avant tout d’urgence et transitoire en attendant le début du chantier et la mise en service de l’usine de dessalement d’Ironi Bé prévue entre fin 2024 et début 2025 si tout va bien…

**Les Eaux de Mayotte, ex Mahoraise des eaux

Détour officiel par la retenue de Combani lors de cette visite ministérielle

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