Ces derniers jours le Premier ministre avait fait le tour de nombreux médias et avait notamment fustigé l’attitude des oppositions et déploré celle des différentes forces politiques françaises, « en guerre civile les unes avec les autres », mais qui vont s’allier pour « abattre le Gouvernement », avait-il déclaré lors d’une interview au média en ligne Brut.
« Vous avez le pouvoir de renverser le Gouvernement mais vous n’avez pas le pouvoir de renverser le réel »
François Bayrou a donc pris la parole vers 15 heures ce lundi 8 septembre 2025 dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour faire son discours et solliciter un vote de confiance concernant sa déclaration de politique générale sur le déficit public et le prochain budget, comme le prévoit l’article 49 alinéa 1 de la Constitution.
Le Premier ministre a notamment déclaré durant son intervention : « Cette épreuve de vérité avec l’assentiment du Président de la République, je l’ai voulue. Le plus grand risque était de ne pas en prendre. Ce n’est pas une question politique mais historique. Notre pronostic vital est engagé ».

Puis il a parlé de la dette comme d’un fardeau, « une silencieuse et invisible hémorragie (…) Une dette qui nous submerge, qui nous fait perdre notre liberté », et dressé un tableau pessimiste du pays avec des dépenses trop importantes. « Chaque année, à notre rythme annuel de croissance et d’inflation, la France produit 50 milliards d’euros environ (…) contre 107 milliards dus à nos créanciers, à la fin de la décennie. Notre dette s’élève à 3.415 milliards d’euros (…) Les jeunes portent le poids de la dette que leurs aînés ont contracté. Ils se sentent sacrifiés. Cette situation est insupportable du point de vue démocratique, civique et morale (…) Nous sommes devant une immense question sur notre système social déséquilibré par le vieillissement de notre population. (…) Le modèle est à réinventer. Notre pays a besoin de lucidité, d’unité ».
S’adressant directement aux députés, il leur a lancé : « Vous avez le pouvoir de renverser le Gouvernement mais vous n’avez pas le pouvoir de renverser le réel ».
Au terme de l’intervention du Premier ministre d’une quarantaine de minutes, chaque groupe politique a envoyé un orateur de son choix pour répondre. Chacun d’entre eux disposait d’un temps de parole établi selon son statut, en fonction s’il était dans l’opposition ou membre de la majorité, ainsi que la taille de son groupe parlementaire. Les différentes prises de parole achevées, les députés ont pris part au vote.
Pour : 194 / Contre : 364
Le résultat du vote a eu lieu aux alentours de 19 heures (heure de Paris), et comme prévu la gauche et l’extrême droite ont voté contre puisque la plupart des partis politiques et des groupes parlementaires du palais Bourbon, hormis LR, avaient prévenu qu’ils ne voteraient pas la confiance au Premier ministre.

Parallèlement, cet après-midi au Sénat comme le veut la tradition, Élisabeth Borne, en tant que numéro 2 du Gouvernement, a lu le discours de François Bayrou. Mais les sénateurs n’ont pas voté et n’ont pas répondu au discours du Premier ministre.
Aussi, contrairement à la motion de censure qui requiert au moins 289 voix (sur 577) pour faire tomber un gouvernement, le vote de confiance requiert uniquement la majorité des suffrages exprimés (ndlr, seuls les votes « pour » ou « contre » sont pris en compte…).
L’issue du vote n’a laissé aucune chance à François Bayrou : 194 députés ont voté la confiance au Premier ministre et 364 ont voté contre (558 suffrages exprimés sur 573 députés présents).
Ainsi, en vertu de l’article 50 de la Constitution, François Bayrou devra donc remettre sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron (probablement aujourd’hui mardi 9 septembre), ouvrant la voie sans doute à une nouvelle crise politique en France…
Plusieurs noms circulent pour remplacer François Bayrou à Matignon
Le Président pourra alors nommer un nouveau Premier ministre ou dissoudre l’Assemblée nationale, sachant que le chef de l’État a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne démissionnerait pas.

Aussi, plusieurs noms circulent pour remplacer François Bayrou à Matignon : Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, tiendrait semble-t-il la corde haute ; mais aussi Éric Lombard, ministre de l’Économie ; ou encore Catherine Vautrin et Gérald Darmanin. Le nom du président de la Cour des comptes et ancien ministre des Affaires européennes, Pierre Moscovici, circulerait également.
Enfin, selon nos informations, Emmanuel Macron devrait prendre rapidement la parole dans les prochains jours et peut-être même dès aujourd’hui, mardi 9 septembre, à la veille d’une mobilisation sociale nationale qui s’annonce déjà tendue…
B.J.