Ce jeudi était organisée, par la commune de Chirongui, la 3ème et grande édition du Foot en marchant, sur le stade olypiquement local de Poroani. Un rendez-vous sportif d’ampleur qui a réuni près d’une centaine de nos seniors préférés, affiliés aux respectifs centres communaux d’action sociale (Ccas) de Bandrélé, Sada, Bouéni, Kani-Kéli, M’Tsangamouji et, bien entendu, de Chirongui.
Quoi de mieux que de sortir de chez soi pour se changer les idées et si, de surcroit, il est en plus question d’une activité nouvelle et sportive, ainsi que d’une organisation logistique au top, nos heureux ainés auraient eu bien tort de s’en priver…
La Fédération française de football, grande partenaire
Toute nouvelle discipline officiellement estampillée FFF, le Foot en marchant est une extraordinaire alternative pour nos seniors (mais pas que…) et d’autant plus dans cette dynamique, désormais (presque) connue de tous, qu’est Bien manger et bouger à Mayotte.
Créée en 2011 au Royaume-Uni, ladite chose au ballon rond ressemble à sa tant médiatisée grande soeur, sauf qu’elle se joue à 5 et qu’il est strictement interdit de courir ! Normalement, un des deux pieds des joueurs doit obligatoirement toujours toucher le sol mais pour nos Zinedine Zidane mahorais et retraités, vous comprendrez aisément qu’on a fermé les yeux sur bien des règles ! Les mots d’ordre se voulaient
: Amusez-vous et Mixité ! En effet, quels que soient la commune de résidence, la tranche d’âge, la condition physique ou bien même le sexe, tout le monde a été parfaitement mélangé dans une imparfaite et ô combien divertissante cacophonie organisatrice de démarrage; de quoi arracher les quelques cheveux restants de Patrick Hamada Dahalane, conseiller technique au sein de la FFF de Mayotte, en charge de l’animation et du développement, notamment de ladite pratique : « C’est compliqué car il est question d’un public qui n’a jamais réellement été sur le terrain que ça soit les encadrants tout comme les joueurs. Cela est notre 3ème édition et nous sommes désormais partenaire avec les CCAS pour justement poursuivre ce genre de tournois qui se veulent mensuels. Je vais tâcher de simplifier l’organisation; on fait les réglages au fur et à mesure des rencontres et même si ça cafouille un peu, le plus important étant que les mamies et papis profitent de leur journée. Ce sport est justement bien adapté pour eux et l’esprit de cohésion est tout aussi important que les rencontres que cela suscite ».
Plus que jamais, les CCAS ont leur grande utilité
Dans cette lutte — encore tabou sur notre île — contre l’isolement et le précoce dépérissement moral et donc physique, de nos seniors, les tout-jeunes centres communaux d’action sociale n’ont de cesse de prouver le caractère indispensable de leurs missions et l’approche volontaire de leur public n’en est que la parfaite illustration comme nous le confie Boina Halimate, responsable d’accueil de jour au sein du Ccas de Bandrélé : « Nous avons commencé l’année dernière et je peux vous assurer que tous les jours nos activités trouvent leurs participants. Notre but est de préserver au maximum l’autonomie de ces personnes tout en leur mettant à disposition de quoi sortir de leur quotidien. Quelle que soit la proposition, ils sont là. Regardez par exemple aujourd’hui, certains sont juste venus pour applaudir mais ils ne voulaient pas rester chez eux seuls, tout simplement. Le Ccas, c’est un moyen d’avoir une autre famille et ces rencontres sportives sont l’occasion d’agrandir encore plus ce cercle familial ».
Joindre le préventif à l’agréable
En marge de cet intensif événement, un petit camion aux couleurs bien familières était stationné aux abords du terrain de football. Le fameux camion itinérant NouWam proposant à celles qui le souhaitent, un dépistage des cancers du col de l’utérus et du sein. Et contrairement aux idées reçues qui voudraient que la patientèle soit plutôt frileuse et réfractaire de ce genre d’approche, eh bien que nenni ! Et ce, notamment grâce au préventif travail de terrain et de communication des médiatrices bilingue franco-shimoaré Hayati et Ankibati : « Au fur et à mesure du temps, le bouche à oreille fait son effet et encore aujourd’hui, des mamies nous ont reconnues et sont venues nous saluer. Les mentalités évoluent c’est indéniable ».
Une évolution aussi constatée par Maria Chevolleau sage-femme coordinatrice de ce mobile dispositif, au sein donc du réseau CRCDC, aussi connu sous l’appellation Rédéca Mayotte : « La cible parfaite pour le dépistage du cancer du sein c’est justement entre 50 et 74 ans. Être conviées à ce genre d’événements est aussi important pour notre travail de sensibilisation et même si les frottis se voudraient adressés à des tranches d’âge inférieures, il faut comprendre que certaines femmes n’en n’ont jamais faits de leur vie. Il n’est jamais trop tard et nous sommes aussi là pour les accompagner justement ». Une intelligente complémentarité justifiant jusqu’au bout le caractère sain, préventif et bienveillant de cette journée.
Durant près de 3 heures, sous un rasant soleil de plus assommants, nos athlètes millésimés ont mouillé les maillots et même entre 2 matchs, l’animation et les danses se voulaient passionnément ardentes, de quoi redonner du baume au coeur aux plus fatigués qui, paradoxalement, concernait plus les encadrants que les participants.
Nous, rédaction du JDM, nous nous sommes délectés d’un tel événement aussi intergénérationnel au regard des jeunes supporters qui se sont spontanément greffés dans les ’’gradins’’, encourageant avec passion nos superbes vétérans, tous champions et tous gagnants…
La 4ème édition de ce tournoi se déroulera, dès le mois prochain, en la commune de Boueni. En attendant, repos bien mérité à tous.