À Mayotte, le bleu du lagon et les coraux multicolores côtoient la réalité d’une île marquée par la précarité. Si le tourisme y reste discret, il offre un regard unique sur la vie quotidienne des Mahorais et sur les enjeux environnementaux et sociaux qui façonnent l’île.
Un lagon encore préservé, mais vulnérable

Mayotte est encerclée par l’un des plus vastes lagons du monde, abritant une biodiversité marine exceptionnelle : tortues, dauphins, raies et récifs coralliens coexistent dans un écosystème encore relativement intact. Pourtant, cette richesse naturelle est fragile.
Le cyclone Chido, survenu le 14 décembre 2024, a accentué ces vulnérabilités. Au Nord, le récif a été détruit à près de 54%, tandis que certains secteurs comme le récif de la Surprise ont montré une étonnante résilience, avec un taux de survie des coraux proche de 90%. Ces contrastes soulignent la nécessité de protéger ce patrimoine naturel unique.
Cyclone et limites structurelles

Au-delà de l’environnement, Chido a révélé les faiblesses structurelles de l’île : infrastructures endommagées, coupures d’eau et services publics saturés. Faouzia, habitante, témoigne : « Chido a révélé un quotidien déjà difficile. L’aide apportée était insuffisante, et beaucoup de gens ont dû improviser pour continuer à vivre. »
Les Mahorais doivent aujourd’hui concilier résilience et contraintes quotidiennes, alors que les besoins essentiels restent importants, et que l’insularité complique la vie de tous les jours, notamment pour les jeunes. Moussa, 17 ans, raconte : « Les vacances ici, c’est la galère… sortir c’est dangereux et il n’y a pas grand-chose à faire. »
Un tourisme discret, révélateur de réalités

Dans ce contexte, le tourisme à Mayotte demeure limité, concentré sur la découverte du lagon et des récifs, pour certains habitants ou des voyageurs de passage. Ben, directeur du club de plongée Abalone, observe : « L’état du corail dans le Sud est bon… on voit beaucoup de requins, ce qui est positif, on est revenu à une activité semblable à celle de 2024, les habitants viennent plonger, certains clients sont également des clients de passage, qui travaillent dans la santé ou pour la sécurité de l’île, qui sont en mission pour quelques mois. »
Mais l’insuffisance d’infrastructures et les dégâts causés par le cyclone freinent tout développement touristique massif. Pour les habitants, la cohabitation entre visiteurs et vie quotidienne révèle un contraste frappant. La sensibilisation à la réalité de l’île apparaît essentielle pour un tourisme responsable et respectueux, qui valorise à la fois la nature et la vie des Mahorais.
Le nettoyage de la rivière Mro oua Majimbini à M’tsapéré par plus de 75 habitants montre que la protection de l’environnement est avant tout l’affaire des habitants de l’île, peu importe leurs origines. Cette énergie locale, centrée sur la préservation de l’île, pourrait à terme soutenir un tourisme plus respectueux et durable, en phase avec les réalités du quotidien.
Mathilde Hangard