Histoire de nous faire rêver d’un ailleurs sans trop d’embouteillages, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, CADEMA, vient de se doter d’un slogan et d’un logo pour le réseau de transport en commune Caribus. Une première tentative ayant été refusée par le conseil municipal des jeunes.
« Pour un horizon commun » va nous transporter en bicolore orange et bleu, avec une écriture choisie pour « incarner le déplacement et la fluidité avec ses lignes courbes », explique Zamir Saïd Ali, de l’agence INADCOM. La couleur orange, « pour les valeurs positives qu’elle inspire, dynamisme, sécurité, optimisme et ouverture », et le bleu-quasi turquoise, pour le rêve, la sagesse et la sérénité », l’océan Indien, le lagon, le ciel… N’en jetez plus ! Pas de couleur bitume, mais vous l’avez compris, nous allons voyager sereins.
Optimistes, pour l’instant, il faut l’être, en attendant que se lancent les travaux de ce plus gros chantier qu’auront porté les deux communes. Les réunions avec le préfet sur ce dossier se tiennent régulièrement, indique Mohamed Moindjié, Vice-président de la CADEMA, Chargé de la mobilité, déplacements et des transports, et portent notamment sur la réalisation du Pôle d’échange de Passamainty (zone de changement de mode de transport), « qui appartient au domaine public ».
Des accords en vue pour boucler la boucle
Par ailleurs, pour l’ensemble du réseau urbain, « l’enquête publique va être lancée, et les travaux devraient débuter fin 2019, peut-être même avant, avec les premières emprises au nord. » En ce qui concerne le tracé, et en particulier le sens unique à Kawéni à partir du rond-point SFR, qui avait suscité des mécontentements, « pas d’autres solutions qu’un accord avec les entreprises du coin. Nous avons tous à gagner en fluidité de circulation. » Sur la portion où est sise Colas, permettant de créer une large boucle en continu toujours dans Kawéni, « les négociations sont toujours en cours, nous sommes optimistes. »
Parce que l’implantation d’un réseau de transport urbain et interurbain, en site propre de lignes dédiées au bus, avait remis en question l’existence même des taxis, un travail a été mené avec eux dès le départ. Il s’agit de les rendre complémentaire : « Le bus m’amène jusqu’à un arrêt, et le taxi, de l’arrêt jusqu’à chez moi ». Mais face au côté aléatoire à Mayotte de ce mode de transport, convivial, mais laissé au bon vouloir de la décision du taximen, un état des lieux avait été décidé. Une enquête a été menée par le cabinet CréA’Pépites.
La gratuité du transport en question
Étonnamment, « seulement » 55% des 1.000 personnes interrogées ne sont pas satisfaits des taxis collectifs. Ce que Loutfi Soifaoui, Directeur du développement de CréA’pépites explique : « Beaucoup n’ont pas d’autres choix à mettre dans la balance, et certains ‘privatisent’ le taxi pour partir de chez eux. » Les raisons d’insatisfaction sont nombreuses : nombre insuffisant de taxis alors même que la moitié des licences délivrées ne sont pas exploitées*, refus de desservir certaines zones, longs temps d’attente, facteurs corporels (odeurs) et les tarifs. Les taxis collectifs sont surtout utilisés sur la tranche 6h-8h le matin, à 68%. La fréquentation passe à 50% dans l’après-midi, elle reste donc assez forte.
Ceux qui trouvent que les taxis sont déjà chers, font sûrement partis de ceux que la mise en place de taximètres, ces boitiers qui équipent les taxis de métropole, effraie. « Les avis sont mitigés, 30% sont pour et 35% ne se prononcent pas, les autres sont contre. »
C’est d’ailleurs un vrai sujet que celui de la tarification, comme l’explique Mohamed Moindjié : « Les éléments de cette étude vont peser dans notre décision, mais nous avons aussi une tendance nationale qui s’inverse. Après avoir pris une motion contre la gratuité des transports, l’association GART, pour Groupement des autorités responsables de transport dont je suis administrateur, doit se réunir prochainement à Nice pour consacrer une journée à cette même question de la gratuité des transports. C’est un vrai sujet pour les maires dans la perspective des municipales de 2020 ! »
Si 90% des personnes interrogées se disent favorables au réseau de transport urbain et interurbain, il reste encore à définir le cadre de la complémentarité de ce transport avec les taxis, « dont il faut améliorer le service ».
Une énergie mêlée de bien être, synthétisée par la petite fleur aux cinq pétales, orange, jaune, rouge-terre, bleu et vert… qui ponctue un Caribus qu’on aime, un peu, beaucoup, et on l’espère, à la folie !
Anne Perzo-Lafond
* 640 licences attribuées par la préfecture pour seulement 340 taxis sont en circulation sur l’île, dont 200 sur Mamoudzou