Mobilité : quatre futurs techniciens vélos en partance pour Toulouse

La réorganisation des modes de déplacements à Mayotte implique de s’adapter rapidement. A pied, à vélo, en bus ou en taxi, tout est fait pour éviter le recours à nos encombrantes voitures. Mais pour s’orienter vers ces mobilités, il faut se doter en homme et en matériel. C’est l’objectif de Mob’helios Mayotte.

Parce que le vélo est l’avenir de l’automobiliste sur les courts trajets citadins, que ce soit à Mayotte ou dans le reste du monde, la société Mob’hélios ancre son implantation sur le territoire. Aux manettes, Cécile Perron, ancienne directrice du Parc Marin, et son mari, dont le magnifique atelier vert et blanc doté de vélos trône aux arrivées des barges en Petite Terre, proposant location, réparation et recharge solaire de vélos électriques grâce à un accompagnement ADEME. Un emplacement stratégique qu’ils souhaiteraient multiplier, notamment au cœur dub grand projet de révision de la mobilité de Grande Terre. Caribus, transports interurbains, pôle d’échange multimodaux sont désormais devenus des mots familiers de notre dictionnaire.

Pour faire court, aux bus les grandes distances, et aux taxis et deux roues les liaisons vers les destinations finales. Qui dit vélos, dit entretien, et c’est un des freins majeurs de l’extension de Mob’hélios Mayotte, nouvelle entité associée avec les taxis Vanille de Petite Terre au sein d’une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). « Nous avons ainsi une taille susceptible de lever les fonds européens dans une vocation environnementale, économique et sociale. Nous savons que le vélo est un secteur en développement, mais il n’y a aucun technicien de cycle à Mayotte. Et nous ne parvenons pas à les faire venir, alors qu’ici, beaucoup de jeunes s’y connaissent et bricolent. Il fallait façonner ces diamants bruts ! », glisse Cécile Perron qui supervise la formation des jeunes futurs techniciens.

Car après avoir envisagé de faire venir un formateur à Mayotte, compliqué à réaliser, « il fallait des ateliers équipés, ce que nous n’avons pas encore », décision a été prise, en collaboration avec Pôle emploi et Apprentis d’Auteuil, de sélectionner ces potentiels pour les envoyer à l’école des métiers du vélo à Toulouse, « sur 18 sélectionnés au départ, nous en avions six en bout de course, pour n’en retenir que quatre, mais les deux autres seront accompagnés ». Des potentiels qui bénéficiaient d’un briefing à la mairie de Dzaoudzi Labattoir ce mardi sur le parcours de formation à venir, notamment leur départ pour un mois à Toulouse en juin. Ils reviennent pour le JDM sur leur parcours personnel.

L’atelier Mob’helios de Petite Terre fabriqué à Mayotte par Batimetal

« Je n’ai jamais été à l’école »

« Avant qu’Apprentis d’Auteuils me propose cette formation, je ne faisais rien, j’ai toujours voulu être électricien, mais je n’ai pas fait d’études », nous explique Ali Fayswal, 24 ans. Cela peut sembler incroyable, mais il fait partie de ces jeunes à Mayotte qui n’ont jamais été scolarisés. « Je n’ai jamais été à l’école, j’ai appris à lire et à écrire sur internet. » Il se dit heureux de cette opportunité, « je vais pouvoir approfondir mes connaissances et décrocher un travail ».

Souf Benarzade a décroché un Bac MELEC (Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés) au lycée de Kahani. Mais à 22 ans, il n’a jamais réussi à décrocher un travail. Alors en insertion à l’association Espoir et réussite de Doujani, son formateur lui apprend l’opportunité de décrocher une qualification de Technicien vente de cycle, « ça m’ouvre plusieurs possibilités d’avenir ».

C’est avec un CAP dans une filière mécanique agricole que Youssouf Taouhidi, benjamin de l’équipe avec ses 19 ans, voulait exercer à Mayotte, « mais c’est tombé au moment du Covid, et il n’y a pas assez d’entreprises dans ce secteur ici. » Il a donc sauté sur l’occasion proposée par Apprentis d’Auteuil.

SaÏd Andy, 20,5 ans (il tient à mentionner sa demi-année supplémentaire !), a étudié à la Maison Familiale et Rurale du Sud, en option horticulture. Il avait commencé à se spécialiser dans la vente, mais « des problèmes familiaux » l’ont stoppé dans son élan. « Je voulais devenir commercial, je me dis que vendeur de cycle c’est une première ouverture, et depuis le stage d’une semaine en entreprise, je sais que c’est mon projet professionnel ».

PEC, Pôle emploi
Dernières consignes de Pôle emploi avant le départ : « Vous avez la chance de bénéficier du dispositif d’Etat PEC, saisissez-la »

Un mois dans la ville rose

Cécile Perron revenait sur les étapes de cette formation impliquant plusieurs partenaires. « Ce projet de formation a été construit en partenariat avec Orphelins Apprentis d’Auteuil Mayotte et l’ONG Allemande HUDARA, qui intervient à Mayotte en partenariat avec la Technische Universität Berlin dans le cadre du projet européen MAESHA qui a pour finalité de « Décarboniser les îles européennes ». » Le nom mahorais de Maesha (vie) pour un projet européen s’explique par le territoire test qu’est le 101ème département dans la recherche de solutions énergétiques « pour un avenir décarboné ».

Ces futurs techniciens cycles qui assurerons l’entretien et la réparation de vélos, ont ainsi débuté un parcours qui se décompose en quatre phases : une formation générale dans le cadre du dispositif Oumeya déployé par Apprentis d’Auteuil Mayotte qui a intégré une mise à niveau scolaire, un savoir-être professionnel, une initiation aux techniques de vente, puis une période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), initiée par Pôle emploi Mayotte, qui s’est déroulée du 4 avril au 16 mai 2023 dans l’atelier pilote de la SARL Mob’helios situé à Dzaoudzi, suivi par la formation « Opérateur cycles » de 4 semaines au sein de l’école des métiers du vélo SUP de VÉLO Toulouse, du 5 au 30 juin 2023, et enfin, une insertion dans le marché du travail via le Parcours Emploi Compétence (PEC) de 24 mois au sein de la Scic Mob’helios Mayotte.

Un mois dans la « ville rose » donc, accompagné d’un référent, à cette occasion, trois d’entre eux vont découvrir la métropole. L’objectif étant l’obtention du Certificat de Qualification Professionnelle « Technicien vendeur cycles » en validation des acquis de l’expérience.

Chez Mob’helios Mayotte, les vélos sont dans les starting-blocks pour s’élancer à la conquête des déplacements « bas carbone », et « haut en muscles » en Petite et Grande Terre qui attend l’emplacement de son 1er atelier.

Anne Perzo-Lafond

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