« Cet amendement a été porté par tout mon groupe. Il a réussi à le mettre parmi le package de discussions car le gouvernement a dit qu’il était ouvert à la discussion et à la co-construction ». Contacté par téléphone, le député Mansour Kamardine est revenu sur la genèse de l’amendement adopté ce mardi.
Une réussite fruit d’une intense collaboration
« Nous avons bataillé dur pour arriver à un certain nombre de propositions parmi lesquelles une dotation, au départ, de 8 millions d’euros pour venir en aide à ceux qui sont les plus pauvres, ceux aux alentours du RSA », a expliqué le député, avant d’indiquer que « le gouvernement a accepté que nous portions la proposition à 15 millions d’euros ». Il n’a pas manqué de féliciter le travail mené conjointement avec le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires et Madame la députée Estelle Youssouffa.
L’amendement, voté avec 338 voix pour et 1 contre, vise à renforcer « les aides alimentaires en outre-mer par une dotation de 15 millions d’euros » et ce, « afin de compenser les faiblesses structurelles dues à l’insularité et l’éloignement, qui génèrent une cherté de la vie supérieure au continent ». Il est également précisé que « cette aide vient s’ajouter ponctuellement à l’ensemble des dispositifs nationaux qui s’appliquent dans les DROM (ndlr Départements et Régions d’Outre-Mer) ».
Extrême pauvreté et inflation un cocktail inflammable dans les outre-mer
« Cette somme est destinée à l’ensemble des collectivités d’outre-mer, informe le député, pour venir en aide à ceux qui sont vraiment en très grande difficulté ». Un ballon d’oxygène pour les ultra-marins alors même que l’Insee, dans une récente étude publiée ce mois-ci estimait que dans les quatre départements d’outre-mer dits « historiques », à savoir la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et la Guyane, « la grande pauvreté est 5 à 15 fois plus fréquente » qu’en France métropolitaine. S’y ajoute désormais l’inflation qui depuis un an a fait bondir les prix à La Réunion de 4.2 %, à la Martinique de 4.6 % et de 4.9 % à Mayotte, tirés en majeure partie par le renchérissement de l’énergie.
Si « à ce stade, il n’y a pas de dotation propre pour Mayotte, elle a toute sa place », souligne Mansour Kamardine, avant de préciser, « il appartient au gouvernement de faire la répartition en tenant compte des difficultés de chacun des territoires ». A ce titre, la semaine passée, l’élu de la 2e circonscription de l’île au lagon avait interrogé le gouvernement quant à sa stratégie pour le rattrapage de Mayotte au regard des autres territoires. « On est loin des standards nationaux », admet-il avant de déclarer, « nous ne demandons pas à être traité mieux que les autres, mais pas non plus moins que les autres, nous demandons tout simplement d’être traités comme les autres »
Mayotte consolide sa visibilité institutionnelle
La voix du 101e département se renforce encore davantage au sein des institutions de la République. En
début de semaine, la députée Estelle Youssouffa a été élue vice-présidente de la délégation aux outre-mer de l’Assemblée nationale, aux côtés de cinq autres parlementaires. Composée de 63 députés dont 27 élus en outre-mer, cette délégation, précise, sur les réseaux sociaux, l’élue de la 1er circonscription, entend « informer la représentation nationale sur toute question relative aux outre-mer », tout en participant « à l’évaluation des politiques publiques » qui y sont menées.
Contactée par message au sujet de sa nouvelle fonction, Estelle Youssouffa a fait savoir que son élection était « un honneur fait à notre île, plus de visibilité et de moyens pour pousser nos dossiers avec les moyens importants de la délégation. Être au service des ultramarins dans leur ensemble nous permettra aussi de tisser des liens et d’échanger sur les meilleures pratiques adaptées à nos territoires ». Une aubaine permettant de rendre Mayotte plus visible dans les rouages institutionnels de la République.
Pierre Mouysset