« Splendide… » susurre l’un des nombreux spectateurs, face à l’effervescence incandescente de ces feux d’artifice tirés pour la première fois depuis très longtemps, sur le front de mer de Mamoudzou. Un franc succès pour un spectacle puisant jusqu’aux racines de la tradition républicaine, que la ville de Mamoudzou aura décidé d’orchestrer cette année, avec en toile de fond l’idée d’ancrer ce rendez-vous pyrotechnique dans l’agenda annuel de la commune. » C’est une question de volonté politique. Ceux qui étaient là avant n’avaient peut être pas jugé nécessaire de le réactiver, là on est face à une nouvelle municipalité, ils ont voulu le faire avant, mais pour des raisons de crise sanitaire ça n’a pas été possible » explique le capitaine de la Direction de la Prévention et de la Sécurité Urbaine de Mamoudzou Chaharoumani Chamassi, faisant référence aux années Covid.
« Cette année comme l’opportunité est là, ils l’ont fait.
C’est tout simplement une volonté politique du maire de Mamoudzou de faire ce spectacle pyrotechnique pour les jeunes et la population de Mamoudzou, et de Mayotte. » Et selon le directeur de la DPSU, l’ambition tend à être renouvelée : » Ce que nous savons c’est que l’année prochaine certainement, ils vont refaire la même chose ».
Un festival de couleurs… Mais quid du vert ?
Qui dit feux d’artifice, entend forcément impact écologique, à l’heure où les questions environnementales ne peuvent être ignorées des collectivités. Si beaucoup salueront l’effort de la municipalité du chef-lieu de Mayotte, et la volonté de la commune de se hisser au rang de « ville-monde » via son rayonnement saupoudré d’artifices, il est à rappeler que les feux engendrent des conséquences écologiques. Si pour certaines associations environnementales locales, la question ne se pose pas encore ( face aux nombreux défis écologiques de l’île, l’impact des feux d’artifice semble bien dérisoire), l’on ne peut non plus nier totalement la réalité écologique de ce spectacle incandescent. Selon une étude américaine de 2015 publiée dans la revue Atmospheric Environment, l’on relève une hausse de 42 % du niveau de particules fines dans l’air au cours de l’heure qui suit le feu d’artifice. Plusieurs tonnes de Co2 sont relâchées dans l’atmosphère, du phosphore qui tombe dans les lacs et les rivières, provoquant l’eutrophisation des écosystèmes. A Mayotte, certains reporteront des dérangements certains quant aux roussettes, lesquels auraient fui les lieux en panique. Un impact probablement répercuté sur les rapaces nocturnes également.
Toujours selon la revue Atmospheric Environment, « si un seul feu d’artifice n’a pas de conséquences dévastatrices sur l’environnement, c’est la répétition de ces spectacles qui peut entraîner des contaminations importantes ».
La perpétuation lumineuse des valeurs républicaines mérite-t-elle d’engendrer des conséquences environnementales potentielles ? A l’heure où de telles prouesses pyrotechniques peuvent légitimement se voir remplacer par des spectacles de sons et lumières, il ne tiendra qu’au chef lieu d’abonder dans la sens de ses velléités de modernité, quitte à faire un écart avec la tradition.
Mathieu Janvier