Météo France avait prédit un mois d’avril arrosé, il ne s’était pas trompé. Les fortes chaleurs de ces derniers jours se sont muées en orages bénéfiques.
En terme de niveau de retenues collinaires tout d’abord. Le 27 mars dernier, il était à 31% de remplissage à Combani, monté à 39% ce jeudi 20 avril 2023, et de 17,4% à Dzoumogné, passé à 25% après le dernier épisode pluvieux. Ce qui reste très en deçà de la moyenne habituelle où Combani dépasse les 100% en raison de sa rehausse. Pour le syndicat les Eaux de Mayotte, cela pourrait permettre de repousser l’échéance de la mise en place d’un rythme de coupure prolongée et quotidienne, auparavant envisagée pour fin avril, un report à début juin est envisagé, mais rien n’est encore décidé.
Les prévisions sont encore très difficiles à établir avant le mois de mai de bascule vers la saison sèche. Par exemple, alors que nous puisions dans les retenues collinaires il ya encore quelques jours faute d’eaux de ruissèlement et de nappes sous-terraines suffisamment abondantes, chaque forte pluie permet de laisser ces réserves de Combani et Dzoumogne tranquilles quelques jours de plus.
Les tours d’eau aggravent les fuites
En revanche nous avons interrogé le syndicat les Eaux de Mayotte sur la campagne de lutte contre les fuites d’eau. En novembre 2021, il avait sollicité une entreprise spécialisée dans leur détection, Ax’eau, qui arpentait les kilomètres de réseau à la recherche des nombreuses fuites qui dilapide notre capital eau. La vice-présidente du syndicat Aminat Hariti évaluait jusqu’à 3.000m3 par jour le volume des fuites… c’est le différentiel entre la production, 38.000m3/jour et la consommation d’eau 41.000m3/jour. D’où l’importance de les résorber.
La campagne de réparation des fuites est en cours, nous explique Ibrahim Aboubacar, le DGS des Eaux de Mayotte, qui signale que tout n’est pas gagné pour autant dans un schéma du serpent qui se mord la queue : « Les tours d’eau en remettant brutalement le réseau sous pression aggravent les fuites. Les travaux menés par la SMAE lorsque nous détectons des fuites ont permis d’endiguer la détérioration du réseau, mais nous allons dresser le bilan de la 1ère campagne pour faire le point avant de lancer la seconde en juillet. Nous devrions pouvoir utiliser une nouvelle technique avec détection des fuites en soirée ».
Pour l’instant, on peut se réjouir d’un mois d’avril plus arrosé que la moyenne des mois d’avril précédents, après des mois de janvier, février et mars en fort déficit. Le mois de mai est annoncé comme « conforme à la moyenne », donc sans trop de pluies.
Anne Perzo-Lafond