Une stratégie de lutte contre les espèces végétales invasives à Mayotte avait été rédigée en 2019 par les Conservatoires botaniques du Mascarin grâce à un financement européen.
Le document mettait en évidence qu’à l’époque – il y a donc 4 ans seulement – il existait peu de documents spécifiques fournissant des données quantitatives sur le degré d’envahissement, l’écologie et la dynamique des populations des plantes exotiques.
L’objectif était donc de protéger les écosystèmes terrestres, et de manière plus large la biodiversité de Mayotte, des risques associés aux espèces végétales invasives. À Mayotte, la lutte contre les espèces invasives était considérée par l’UICN France en 2013 comme « l’un des enjeux de ces dix prochaines années pour la préservation de la biodiversité de l’île ». Or, ces dix années ont échu. Si des opérations ont été menées, les massifs de lantana, le majestueux Tulipier du Gabon ou ou les jamrosats aussi appelés « pommes roses », continuent à se répandre.
La copie doit être revue par contre pour certaines comme le bambou commun (Bambusa vularis) accusé « d’invasion biologique » dans l’étude, pourtant véritable pompe à CO2 et qui suscite des vocations à l’initiative notamment de Likoli Dago, ainsi que nous l’avons rapporté.
Réactualiser la menace
L’étude est donc à réactualiser, qui proposait une liste de 16 espèces ligneuses évaluées
Il faut donc saisir l’occasion qui se présente : pour inciter à l’action contre les espèces exotiques envahissantes l’Office français de la biodiversité (OFB) lançait ce lundi 27 mars un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur le sujet des espèces exotiques envahissantes (EEE) : « Les projets devront concerner la recherche-action et associer des chercheurs et des gestionnaires, en territoires métropolitains ou ultramarins ».
L’OFB ambitionne ainsi de « promouvoir en particulier les projets conduits dans les outre-mer, qui concentrent 74 % des EEE en France ». Les projets éligibles peuvent concerner toutes les espèces exotiques, faune, flore, champignons, et tous les milieux, terrestres, aquatiques, marins. Ils doivent répondre au recueil de besoins de l’OFB selon trois thèmes : « Alarme » (traits, répartitions et dynamiques spatiales et temporelles des EEE), « Impact » (interactions avec les EEE) et enfin « Lutte » (solutions face aux EEE).
Cet AMI s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes (SNEEE) de 2017, et permettra de « renforcer l’acquisition de connaissances et le développement de méthodes et outils de gestion des EEE, qui font également l’objet d’une réglementation depuis 2018 ». L’OFB indique que les espèces exotiques envahissantes constituent « la troisième plus grande menace pour la biodiversité mondiale. »
L’enveloppe de l’AMI, financé par l’OFB, est de 1,8 million d’euros. La première étape des candidatures s’achève le 30 avril 2023.
Anne Perzo-Lafond