Comores – Des négociations pour débloquer la grève dans les aéroports

Des agents des Aéroports des Comores (ADC), ceux de Moroni en particulier, sont en conflit ouvert contre le directeur général, Maamoune Chakira, accusé «d’arrogance, et prise de décisions injustes». Derrière cette fronde des employés, un projet de licenciement économique de 400 agents. Le directeur général souhaite ramener la masse salariale qui représente 75% des charges, «à un niveau soutenable» d’ici à 2026.

Les autorités comoriennes ont entamé hier lundi 20 mars des négociations pour débloquer la grève dans les aéroports des Comores. A quatre jours du ramadan, les Comores risquent de vivre une perturbation de leurs plateformes aéroportuaires. Le pays, le gouvernement en particulier, doit faire face à un mouvement de grève des agents des aéroports. A l’origine ? Un climat de méfiance entre les employés et le patron, Maamoune Chakira, un technicien de haut niveau dont les qualifications professionnelles sont reconnues de tous.

Toutefois, à son arrivée, l’homme, à la dent dure et à la parole sans filtre, transige rarement dans ses mesures. Il dit vouloir mettre un terme «à l’impunité, au laisser-aller et à l’absentéisme» dans les aéroports, selon une interview accordée au journal Al-watwan. Une méthode de management qui a suscité l’inquiétude dans les rangs des employés. Ces derniers disent en avoir assez et ont fini par craquer.

Des méthodes de management décriées par les agents

Des agents des Aéroports des Comores (ADC), ceux de Moroni en particulier, sont désormais en conflit ouvert contre le directeur général, Maamoune Chakira, accusé ainsi «d’arrogance, d’humiliation, de brimades et de décisions injustes». Ils se sont soulevés vendredi 17 mars, bloquant l’accès au bureau au chef dénommé « Poutine » en raison de ses mesures radicales et son obsession à ses visées propres.

« Par cette manière, il a réussi à maintenir un climat de peur viscérale et de malaise au sein des plateformes aéroportuaires de Hahaya (Grande-Comores, Ouani (Anjouan) et de Bandar salam (Mohéli). On n’y vit pas, on n’y respire pas », écrivent les grévistes dans un communiqué publié vendredi 17 mars. « A l’ADC, la maltraitance est érigée en démarche de gestion. Et le salarié de l’ADC, s’il ne subit pas le licenciement, il a le choix entre jeter l’éponge et partir ou la fermer et continuer de trimer comme un esclave muré dans le silence de la prière pour un lendemain meilleur », poursuit le communiqué des agents protestataires.

Selon les dernières informations, les employés comptent bien observer ce lundi 20 mars une journée de grève « probablement reconductible » si la principale doléance, à savoir le départ pur et simple du directeur général, n’est pas satisfaite. « L’ensemble des agents de l’aéroport des Comores lance un avis d’arrêt de travail dans l’ensemble des aéroports des Comores à partir du lundi 20 mars jusqu’à nouvel ordre », indique un autre communiqué publié le samedi 18 mars, tard dans la soirée.

Les forces de l’ordre, sur ordre du parquet de Moroni, avaient mis aux arrêts les délégués du personnel, considérés comme les meneurs du mouvement, poursuivis pour « atteinte au libre exercice du travail, violences et voie de fait, menace verbale et séquestration » après une plainte déposée par Maamoune Chakira. Les trois agents sont placés sous mandat de dépôt mais la contestation, elle, ne faiblit pas. Et ce d’autant plus que même dans les rangs du ministère des Transports, l’on s’abstient de tout commentaire.

Des grévistes à l’aéroport de Hahaya, en Grande-Comore

Une volonté de redresser la société d’Etat

Derrière cette fronde des employés, se cache une colère nourrie par un projet de licenciement économique de 400 agents porté et cor et à cri par le directeur général. Ce dernier souhaite ramener la masse salariale qui représente 75% des charges, « à un niveau soutenable » d’ici à 2026. Dans ses plans, Maamoune Chakira prévoit « un licenciement de 300 agents en 2023 » et « 80 agents sur la période 2024-2026 pour atteindre un nombre total d’agents de 400 ».

Il y a un total de 780 personnes dans les aéroports des Comores. La direction dit avoir noté un personnel pléthorique avec des agents redondants et des postes qui ne collent pas aux qualifications et aux compétences des personnes qui les occupent. Une situation qui ne permet pas à la direction de prévoir un plan d’investissement. « Il s’agit d’une situation organisationnelle et financière à la fois intenable et préjudiciable au fonctionnement de la société », a écrit en décembre dernier Maamoune Chakira dans son courrier adressé aux délégués du personnel des aéroports

Une démarche dénoncée par les employés. Ceux-ci parlent d’une mesure à la fois « injuste et sans fondement » car, selon eux, les soucis budgétaires évoqués par le patron des aéroports ne seraient pas légitimes, accusant le directeur de s’offrir du luxe et d’engager des dépenses. « Il déclare haut et fort qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses pour payer les salaires Et pourtant, en réalité, il se constitue comme le DG le plus dépensier que les aéroports aient connus. Sous les nez des employés, il achète des véhicules de fonction à coup de millions, organise régulièrement des déplacements de loisirs avec ses collaborateurs et s’offre une multitude de voyages », indique le communiqué des grévistes.

La grève dans les sociétés d’Etat nécessite un service minimum selon la loi qui encadre le fonctionnement et la gestion des sociétés à capitaux publics. Le gouvernement comorien souhaite mettre un terme à cette fronde qui pourrait perturber les mouvements des vols dans les trois aéroports du pays. On ignore si les discussions entamées vont calmer les ardeurs des agents qui demandent le départ pur et simple de leur patron. Difficile de savoir quel type de compromis pourrait être arraché.

A.S.Kemba, Moroni

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