La géothermie à Mayotte : un potentiel sous-exploité pour une transition énergétique durable

La géothermie à Mayotte pourrait offrir un potentiel important pour l’autonomie énergétique et la transition durable de Mayotte.

Alors que Mayotte, comme les autres territoires d’Outre-mer, fait face à des défis énergétiques croissants, la géothermie apparaît comme une solution locale et durable pour répondre à la demande croissante en énergie. Le rapport récemment rendu public par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) sur le potentiel géothermique des départements d’Outre-mer a mis en lumière le potentiel inexploité de cette ressource à Mayotte, offrant des perspectives prometteuses pour un avenir énergétique plus autonome et décarboné.

Mayotte : un territoire stratégique pour la géothermie

L’archipel de Mayotte présente des caractéristiques géologiques favorables à l’exploitation de la géothermie. L’île pourrait tirer parti de la chaleur souterraine pour produire une énergie renouvelable abondante, stable et locale, tout en réduisant sa dépendance aux énergies fossiles. Le rapport du BRGM souligne l’importance d’une exploration géothermique plus poussée, notamment à travers la réalisation de forages profonds qui permettraient de mieux évaluer la température du sous-sol et la perméabilité des réservoirs géothermiques.

Mayotte, BRGM, Guadeloupe, géothermie,
Vue aérienne des installations de la centrale géothermique du site de Bouillante en Guadeloupe (photographie/DR/BRGM)

En dépit de ces atouts géologiques, la géothermie à Mayotte reste largement sous-exploitée. En effet, contrairement à la Guadeloupe, qui bénéficie déjà d’une centrale géothermique en activité, Mayotte n’a pas encore amorcé le développement de cette ressource naturelle pour la production d’électricité. Or, le potentiel est bien réel : les experts s’accordent à dire que l’île pourrait jouer un rôle clé dans la transition énergétique de l’archipel, à condition de surmonter les défis techniques et financiers qui freinent son exploitation.

Défis et perspectives pour la géothermie à Mayotte

Mayotte, BRGM, géothermie, lagon,
Mesures géophysiques électromagnétiques en 2019 à Petite-Terre (Mayotte) au large (photographie/DR)

Le principal obstacle au développement de la géothermie à Mayotte reste l’absence d’infrastructures adaptées et l’insuffisance des travaux d’exploration réalisés jusqu’à présent. Les forages géothermiques sont essentiels pour confirmer la viabilité de la ressource à grande échelle, mais leur mise en œuvre implique des coûts élevés et un certain risque financier. Toutefois, des progrès notables pourraient être réalisés en simplifiant les démarches administratives et en accompagnant les projets par des financements publics et privés, afin de sécuriser les investissements nécessaires à la réalisation des forages profonds.

Dans le cadre de son ambition de transition énergétique pour les Outre-mer, le Gouvernement a d’ores et déjà engagé des démarches pour soutenir l’exploration géothermique sur l’île. Une meilleure couverture des risques financiers et un accompagnement renforcé des acteurs locaux semblent essentiels pour garantir la réussite de cette démarche.

Un levier pour l’autonomie énergétique de l’île

Mayotte, BRGM, géothermie, lagon,
Mise à l’eau d’une station magnétotellurique marine dans le lagon de Mayotte, en 2021 (photographie/DR/MAPPEM)

L’une des priorités du Gouvernement est de parvenir à l’autonomie énergétique des territoires d’Outre-mer d’ici 2050, et la géothermie pourrait jouer un rôle central dans cet objectif pour Mayotte. L’exploitation de la chaleur terrestre offrirait non seulement une alternative durable aux énergies fossiles, mais aussi un levier pour la création d’emplois locaux et le renforcement de l’économie verte de l’île. Avec la mise en place de projets géothermiques, Mayotte pourrait réduire sa dépendance à l’importation d’énergies, améliorer la résilience de son réseau énergétique et limiter son empreinte carbone. D’ailleurs, la géothermie ne se limite pas uniquement à la production d’électricité. L’île pourrait également bénéficier de cette ressource pour des usages plus variés, comme le refroidissement ou même le thermalisme. Ces applications diversifiées rendraient la géothermie encore plus attractive pour les investisseurs et les décideurs locaux.

Mathilde Hangard

Partagez l'article :

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Grève des barges : confusion, colère et tensions sur les quais

Ce lundi, une grève illimitée a fortement perturbé les traversées entre Dzaoudzi et Mamoudzou. Les rotations ont été réduites, l’information aux usagers a manqué et la tension est montée aux débarcadères. Passagers et conducteurs ont attendu plusieurs heures sous le soleil pour espérer embarquer, dans une atmosphère d’incompréhension, de fatigue et de colère.

Mayotte n’a pas « raflé » l’aide européenne : elle a encaissé le cyclone le plus dévastateur de son histoire

Derrière les chiffres de Bruxelles, une réalité physique et humaine saute aux yeux : Chido a pulvérisé un territoire déjà fragilisé. Si l’Union européenne accorde quatre fois plus à Mayotte qu’à La Réunion, c’est parce que le désastre y a été total — et structurel.

Du Togo aux Seychelles : six jeunes de Mayotte partent pour des missions internationales

Le Togo, Maurice et les Seychelles, dans quelques mois, 6 volontaires du programme Territoires Volontaires (TeVo), rejoindront l'une de ces destinations pour une durée de 8 à 12 mois. Ce lundi 6 et mardi 7 octobre, ils préparent leur voyage lors d'un stage de deux jours au Comité Régional Olympique et Sportif de Mayotte.

Des décombres à l’émotion : le cyclone Chido revisité par la création artistique

À l’Office du Tourisme de Mamoudzou, l’exposition “Les mémoires du vent” a été inaugurée vendredi soir. Elle a rassemblé peintures, photographies et installations sur le thème du passage du cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre 2024. Les artistes ont offert un espace de mémoire et de résilience à une population encore marquée par la catastrophe.