Visite du ministre de la Santé : pas d’annonces en attendant l’acte II

François Braun s’imprègne des nombreux dispositifs made in Mayotte pour pallier les déficiences en santé. Après l’agence de recrutement la veille répondant au déficit d’attractivité, c’est à la campagne de vaccination massive des plus de 6 ans orchestrée par l’ARS et le rectorat, qu’a assisté le ministre.

C’est une nouvelle initiative des acteurs locaux qui était présentée au ministre ce mercredi matin. Pour pallier le gros déficit de vaccination des plus de 6 ans, une opération de grande envergure est actuellement menée sur le territoire dans le cadre d’un partenariat étroit entre l’ARS Mayotte et le rectorat. L’enquête menée par Santé Publique France faisait état d’une couverture vaccinale contre les maladies infantiles à jour pour seulement 41% des 7-11 ans, et 24% des 14-16 ans, contre 95% des moins de 5 ans qui avaient fait les premiers l’objet d’un rattrapage vaccinal de grande ampleur en 2018.

Des « résultats alarmants », avait indiqué Olivier Brahic, directeur de l’ARS Mayotte, évoquant un problème d’immunité collective sur les maladies infantiles, dont la diphtérie encore mortelle à Mayotte. Qui a donc délégué à l’infectiologue de la maison, Maxime Jean, le soin d’organiser cette campagne.

C’est toute une armée de soignants, seringue en main, qui investit donc depuis quelques jours les écoles primaires et les collèges. La phase de test en Petite Terre se termine, les premiers réajustements vont avoir lieu. C’est cette opération de vaccination grandeur nature que découvrait François Braun : « C’est un bel exemple de coopération entre les services de l’Etat, le rectorat, les services de santé et les élus du territoire. »

Mlézi
Les médiateurs sanitaires en action pour gérer l’administratif

Une couverture vaccinale et parentale

Et était confronté aux difficultés propres au territoire : « Nous demandons systématiquement le carnet de santé pour individualiser la prise en charge et l’autorisation parentale avant de vacciner, mais c’est parfois compliqué de la récupérer, il faut aller chercher les familles les plus éloignées de l’école », rapportait le recteur Gilles Halbout. Un moyen de nouer le contact avec des parents habituellement difficilement identifiables aussi.

70.000 vaccins sont à injecter, ce qui a nécessité de faire venir 500 personnels de la Réserve Sanitaire, et de solliciter 46 médiateurs sanitaires de Mlézi Maore. Ces derniers œuvrent dans l’antichambre de la salle de vaccination, pour récupérer les autorisations parentales et nouer le premier contact avec les jeunes élèves de 10 ans. On entendrait une mouche voler. Ensuite, ce sont les soignants de la réserve sanitaire qui les prennent en charge, pour leur expliquer où ils en sont de leur parcours vaccinal. « En juin 2023, tu feras ton rappel, mais je l’ai marqué sur le carnet », explique doucement l’un à la petite Samia.

François Braun suivra les jeunes étape par étape, et arrivé devant les petits bras offerts à la piqûre, qui au DTP, qui au ROR, les deux pour d’autres, s’enquiert, « ça va ? Tu n’as pas trop peur ? » Une petite moue d’acquiescement incite son interlocuteur à se demander si c’est la stature ministérielle accompagnée des flashs ou l’aiguille qui est le plus impressionnant !

Des décisions à Paris

Une petite piqûre pour un grand confort personnel et de santé publique

Que ce soit sur la campagne de vaccination ou au sujet de l’agence de recrutement, c’est un ministre heureux de voir que des « boites à outils » sont mises en place pour améliorer la santé des citoyens et collant à la réalité du territoire, qui va quitter le territoire, « cette opération de vaccination aussi, il faut la reproduire sur certaines zones en métropole », indiquait-il en écho de son message de la veille d’un mode d’emploi nationalisé de l’agence de recrutement.

Pas d’annonce dans l’immédiat en revanche. Nous l’avons sollicité ce mercredi sur l’application du code de la Sécurité sociale à Mayotte en demandant des précisions sur un calendrier éventuel. C’est une réponse globale qui nous est faite, en attendant mieux, assure le ministre : « Je vais peser pour que les inégalités d’accès à la santé on puisse les gommer. Beaucoup de professionnels m’ont interpellé sur ces sujets, donc quand je vais rentrer à Paris, je vais faire le point avec le directeur de la Sécurité sociale et voir comment on peut avancer. »

Médecin urgentiste jusqu’à juillet 2022, lorsqu’il a été nommé ministre de la Santé et de la Prévention en remplacement de Brigitte Bourguignon battue aux élections législatives, François Braun s’imprègne des sujets particuliers de l’outre-mer, indique son entourage qui assure que des décisions seront prises de retour à Paris. Attendons donc l’acte II.

Anne Perzo-Lafond

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