Les têtes d’affiche au complet ont répondu présentes pour cet événement parti d’une vague envie, il y a près de 20 ans. « I have a dream » en introduction de son discours, le directeur de l’établissement Christophe Bretagne ne manque pas d’humour mais également de saine pugnacité au regard de ce projet qu’il a récupéré en route, 4 ans plus tôt, lors de son arrivée.
Des besoins et de l’anticipation
Le lycée public agricole de Mayotte, c’est actuellement 450 élèves venant chaque jour de toute l’île. 450 futurs professionnels du monde rural, toujours plus nombreux à chaque rentrée, qui ne peuvent prétendre, pour certains, à étudier dans un cadre extra-scolaire porteur et serein pour diverses raisons logistiques, familiales, sécuritaires etc. Parti de ce constat assez singulier qui ne pouvait offrir espace d’accueil et de repos en cet unique établissement tertiaire du genre sur notre territoire, c’est de là qu’est née la genèse du projet de construction de cet internat allié à un indiscutable besoin d’extension et de modernisation du site dans une approche à la fois novatrice et traditionnelle.
Un budget conséquent mais pas suffisant…
À la manœuvre, le cabinet Co-Architectes, heureux lauréat de ce défi à la fois architectural et environnemental porté sur 2 tranches. La première, livrée d’ici octobre 2023, basée sur la construction du fameux internat d’une capacité de 100 places mais également la rénovation et l’extension de bâtiments existants, tout comme la création de logements de fonction, l’aménagement plus conséquent d’un faré dédié à la restauration ou encore la construction de locaux sportifs.
Dans un second temps, l’ouverture de bâtiments administratifs ainsi qu’une salle polyvalente qui pourra être mise à disposition d’entités extérieures et/ou d’associations car la mission d’un tel établissement c’est aussi de créer de l’animation et de l’attractivité sur sa localité d’implantation.
Initialement tablé sur un budget de 14 millions d’euros, les problèmes rencontrés lors du chantier, notamment en terme de gestion et mise en conformité du réseau d’évacuation des eaux pluviales, ont fait que l’addition a très vite grimpé.
Une addition salée, certes, mais justifiée, partagée entre le conseil départemental, le fonds européen de développement régional (Feder), l’agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) mais aussi le Gouvernement qui s’élève désormais à 20 millions d’euros pour une augmentation de près de 3 000 m² de bâtis et 3 250 m² d’extérieur.
De la place, des idées, des envies mais…
…c’est bien là où le bas blesse; c’est qu’il manque encore de l’argent ! Une enveloppe de 6 millions d’euros exactement afin de pousser l’aventure ’’bétonnée’’ en un second volet, offrant un deuxième internat et 100 places supplémentaires à ce chantier d’envergure qui ne manque justement pas de foncier !
Un foncier qui ne laisse pas indifférent le nouveau recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, potentiel mécénat financier de l’Éducation nationale n’a pas manqué de souligner son ouverture non dissimulée au regard des méthodes pédagogiques audacieuses du lycée de Coconi : « Vous avez de la place, nous avons des attentes; peut-être pourrions-nous être partenaires et mutualiser nos compétences. Je serai tenté de vous répondre :
Yes we can ! ».
Du côté du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, le discours est clair et sans équivoque au regard de l’implication de l’État : « Il faut saisir cet argent que la République met à disposition pour l’avenir de nos enfants ». Un avenir que l’on construit au quotidien justement pour l’accès facilité à la mobilité de nos jeunes mais aussi les infrastructures d’accueil éducatives et sportives que l’on peut voir au travers des chantiers comme la Cadema et les diverses communes tout aussi impliquées.
Dans le respect de la nature
Ayant à cœur de préserver et valoriser cet extraordinaire patrimoine architectural, naturel et historique, c’est donc dans le respect du cadre verdoyant du site de Coconi que les futurs bâtiments et rénovations en cours sont édités.
À l’image de nos anciennes constructions, c’est à base de matériaux locaux, de bois et de briques de terre comprimées que le chantier est estampillé. La Nature n’est pas en reste, et même si le cahier des charges de la DEAL (direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement) ne peut trouver entière réponse pratique, il est tout de même question de replanter sur le site, près de 55% de plantes endémiques.
Et c’est bien dans cette approche fertile, fleurie, sacrée et symbolique qu’ont été plantés successivement 4 jeunes arbres de type »Albizias Saman » en guise de première pierre marquant ainsi cette journée de célébration pour le devenir de la jeunesse agricole mahoraise.
MLG