Les gilets EPRUS bien en vue, les cinq soignants tous de polo bleu marine et blanc vêtus, ont atterris à Mayotte ce 21 août. Et en voyant ces membres de l’Etablissement Public de Réponse aux Urgences sanitaires, on se demande pour quelle épidémie ils ont été dépêchés. « Aucune. Ces équipes se relaient depuis le mois d’avril pour renforcer le Centre hospitalier de Mayotte en moyens humains », rappelle Juliette Corré, la directrice de l’ARS Mayotte.
Le CHM se heurte en effet à deux tendances contraires : un accroissement d’activité et une raréfaction de son personnel. « Nous avons enregistré 1.000 naissances en avril et autant en mai. Or, les évènements d’avril et les nouvelles pessimistes qui circulent sur les réseaux sociaux, ont dissuadé des potentiels candidats soignants. Le CHM a d’ailleurs du faire face à des désistements », poursuit Juliette Corré.
Résultats, le besoin en infirmiers et en sages-femmes, elles qui ne faisaient pas défaut jusqu’à présent, se fait cruellement sentir. Le CHM a également fait venir des médecins généralistes et des pédiatres. » C’est aussi ce qui explique l’arrivée de la Fédération hospitalière de France la semaine dernière à Mayotte, qui vient se rendre compte sur place de la situation de crise.
Insuffisance d’infirmiers à l’IFSI
Créé lors de la crise de chikungunya à La Réunion, l’EPRUS est intervenu selon l’ARS en Martinique et Guadeloupe pour l’épidémie de Zika, « mais aussi lors des attentas à Paris. On les appelle ‘la Réserve sanitaire’. C’est un vivier de professionnels rapidement disponibles, soit retraités, soit toujours en fonction, pour une réponse rapide aux crises sanitaires. » A Mayotte, face aux problèmes de recrutement, l’ARS a donc effectué une demande auprès de la direction générale de la Santé.
Selon elle, pas d’inquiétude sur le long terme, « nous sommes sur une phase de stabilisation de recrutement au CHM, et la situation devrait revenir à la normale mi-septembre. »
La présence d’une école d’infirmier, l’IFSI, à Mayotte, ne suffit donc pas : « Le CHM y a recruté au maximum de l’offre, mais certains quittent le territoire, ou s’orientent vers d’autres voix. Nous réfléchissons à augmenter les quotas. »
C’est donc encore une fois la situation sociale qui fera la différence sur la quantité d’offre de soins.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte