27.8 C
Mamoudzou
dimanche 5 mai 2024
AccueilEconomieLa quête de l’autonomie alimentaire fait évoluer les politiques publiques à Mayotte

La quête de l’autonomie alimentaire fait évoluer les politiques publiques à Mayotte

Pour nourrir leur population, les cinq DOM ont massivement recours aux importations. Un problème à l’heure de la valse des containers et des prix. En Guadeloupe, un fiscaliste conditionne l’autonomie alimentaire à l’autonomie tout court. Tandis qu’à Mayotte, une autre expérience est menée, celle de la généralisation du ‘jardin mahorais’, et tout le monde s’y met !

A Mayotte, « Mon Pouletti » a donné le « la ». S’inspirant de celle de production d’œufs, cette filière est la première à avoir structuré une production locale, permettant aux consommateurs de bénéficier de volailles de qualité, avec une traçabilité.

Comme les autres outre-mer, voire davantage, nous dépendons des importations sur les produits alimentaires, et comme les autres, nous avons été malmenés par la crise des containers, engendrant des problèmes de pénuries et d’inflation, aggravés par la flambée des cours des matières premières. Se nourrir devient de plus en plus cher.

Un sujet qu’aborde le site Terre-net, en soulignant que « les terres arables subissent une forte pression foncière » dans les cinq départements d’outre-mer.

Il pointe une autre difficulté, en donnant la parole à Alain Plaisir, spécialiste de la fiscalité qui menait une liste autonomiste lors des dernières élections régionales en Guadeloupe, et qui rend responsable le statut de ces territoires : « Le problème, pour atteindre la sécurité alimentaire en Guadeloupe provient de deux choses : d’une part, des mécanismes du marché qui font que les importateurs et les consommateurs iront toujours au moins cher, mais aussi le statut de département qui ne permet pas aux élus locaux d’avoir une politique de prix ».

L’éloignement des DOM impacte la qualité et les prix des approvisionnements

L’octroi de mer ne joue pas son rôle partout

Il dénonce notamment l’inutilité de l’octroi de mer, taxe à l’importation censée protéger les productions locales : « Les prix des produits alimentaires importés en Guadeloupe sont si bas au départ que même avec la taxe, ils restent plus bas que les prix locaux ». La souveraineté alimentaire demeure « un vœu pieux » dans sa bouche, ne voyant d’issue que dans l’autonomie des DOM, doublée d’une « refonte totale de la fiscalité locale ».

Si Mayotte présente des similitudes avec les autres outre-mer, éloignement de 10.000 km de l’Hexagone impliquant des acheminements maritimes, elle présente aussi des atouts.

Tout d’abord, faute de structuration, nous n’avons pas axé notre agriculture sur une logique d’exportation. En face des cultures de la canne à sucre et de la banane, propres aux Antilles-Réunion, nous n’offrons que quelques pieds de vanille ou d’ylang. La plus grande menace du foncier n’est pas la monoculture, mais le développement urbain et en infrastructure. La Chambre d’agriculture et la Direction de l’Agriculture doivent veiller à protéger les terres agricoles.

Ensuite, notre éloignement doublé de la petitesse du marché, font que les produits importés restent souvent plus chers que ceux qui sont produits localement, l’octroi de mer fonctionne donc à peu prés.

Professionnalisation du Jardin mahorais

Parcelle expérimentale de jardin mahorais « agroécologiquement intensifié » au lycée agricole

Enfin, et surtout, dans un rapport paru en début d’année sur les 5 départements d’outre-mer, le Cirad souligne que « L’amélioration de la trajectoire d’autosuffisance alimentaire passe par la production locale d’un certain nombre de fruits et légumes importés ». C’est la grande force de Mayotte, celle d’avoir maintenu ses « jardins mahorais », sorte d’agroforesterie, quand beaucoup souhaitaient les voir basculer en monoculture. On voit ses arpents où poussent quelques pieds de manioc, deux ou trois bananiers, entourés de pied d’ananas, de cocotiers et de papayers, à côté desquels paissent zébus et chèvres. Ils sont là pour nourrir la famille, ce qui à l’échelle de l’île, n’est pas mal du tout.

Une étude de la DAAF en 2011, rapportait que l’île comptait en 2010 près de 16.000 exploitations réparties sur 7.100ha, dont les productions étaient majoritairement autoconsommées ou troquées. Toutefois, le taux de couverture du marché alimentaire était estimé à 50% en 2018, avec une grande variabilité suivant les produits. Le territoire est par exemple autosuffisant en bananes, manioc et ananas (90% des surfaces cultivées sont occupées par des cultures vivrières, DAAF, 2019). Mais le taux de couverture n’est que de 42% pour les fruits et légumes. Reprenant cette étude, l’association française d’agronomie, rapporte, dans un récent article, qu’en septembre 2021, la première parcelle expérimentale d’un jardin mahorais agroécologiquement intensifié a été mise en place au lycée agricole.

Quand consommer local rime avec régal: les chips de manioc d’un élève du lycée pro de Kawéni

Des agriculteurs formés ont constitué un groupe de travail pour appliquer les concepts abordés dans leur exploitation par l’organisation de musada (entraide), permettant à chacun de s’approprier les techniques.

Le conseil départemental a été partenaire, l’Europe aussi avec le fond de formation FEADER, et la perspective de création d’emploi dans ce maraichage agroécologique pour les élèves issus du lycée agricole de Coconi est encourageante. Une étude qui se clôt sur une citation que nous reprenons, celle du jardinier-maraîcher québécois Jean-Martin Fortier, « remplacer l’agriculture de masse par une masse d’agriculteurs ».

Anne Perzo-Lafond

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours

L’agenda week-end : Focus sur les Portes-ouvertes du RSMA et la finale de Hip...

0
Au programme de ce week-end : La réouverture des Portes ouvertes du RSMA, la dernière journée du Festival de Hip hop Evolution, et apéro concert ce vendredi soir, EDDINE en Showcase, les sorties tranquilles, sans oublier les séances de cinéma
Marie Guévenoux,Patricia Brocard, Sylvain Maillard, Christophe Naegelen, Mayotte, CHM, Assemblée nationale

Visite ministérielle : les ingrédients d’une prise de conscience

0
Elle pourrait presque endosser le statut de guide d’une visite des hauts lieux en tension de Mayotte pour les députés qui l’accompagnent, Marie Guévenoux, qui en est à sa 4ème visite, elle qui fut nommée il y a seulement trois mois, le 8 février 2024
Jade Hôtel & Spa, hôtel, Mayotte

Ouverture prochaine du Jade Hôtel & Spa à Bandrélé

0
Il a monté son projet dans le Sud-Est de l’île : Inzou Ana, entrepreneur local, a toujours rêvé nous dit-on, d’offrir à Mayotte un « hôtel de haut standing ». Nous attendrons donc de tester, mais le...
Air Austral, RunAir, Sematra, La Réunion, Mayotte

Préavis de grève Air Austral : « aucune perturbation à ce jour », indique la compagnie

0
Les trous d’air se suivent depuis la tempête nommée Covid pour la compagnie régionale. Les rallonges de l’Etat puis des actionnaires publics et privés peinent à lui faire relever le nez. Syndicats et direction doivent s’accorder sur l’ampleur de la réduction de la masse salariale incitant le SNPNC-FO à déposer un préavis de grève pour le 10 mai
France Travail, Action recrut', MRS, Mayotte

France Travail : chute des intentions d’embauche entre 2023 et 2024 à Mayotte

0
Une enquête sur les Besoins en main d'oeuvre des entreprises de Mayotte en 2023, permet de cerner à la fois le moral des entreprises et leur capacité à se doter de collaborateurs adéquats. Un marché de l’emploi complexe que celui de Mayotte où le déficit de diplôme pourrait être comblé par de nouveaux dispositifs

Recent Comments