« Nous ne décidons de rien au quotidien ». Si le Conseil départemental est actionnaire majoritaire d’Electricité de Mayotte, la phrase de son président Ben Issa Ousseni, prononcée jeudi lors de l’Assemblée plénière, porte en elle les nuées de la frustration. Pourtant, cette séance plénière a été la parfaite illustration que le pouvoir est bel et bien entre les mains de l’institution. En témoigne le rejet de l’accord de principe portant sur la création d’une filiale d’Electricité De Mayotte, EDM Énergies Renouvelables, chargée de la construction du développement et de l’exploitation des panneaux photovoltaïques.
Répondre aux futures exigences de la loi
Si l’avenir qui se dessine à Mayotte tend de plus en plus à donner la part belle aux énergies renouvelables, la proportion de ces dernières dans le mix énergétique connaissant une croissance continue, le rejet de la création de cette filiale risque-t-il de perturber le développement de cette filière ? L’enjeu est de taille compte tenu du statut de Mayotte de zone non interconnectée. Le développement du photovoltaïque constitue un atout afin de diversifier les sources d’approvisionnement en électricité, tout en assurant l’augmentation de sa production afin de répondre à la demande, chaque année plus conséquente.
Selon le directeur général d’EDM, Claude Hartmann, le rejet de l’accord de principe n’est « pas grave ». « Je pense que c’est reculer pour mieux sauter », s’est-il exprimé par téléphone. La création de la filiale constituait un moyen d’anticiper ce qu’un jour le législateur « nous imposera » c’est-à-dire de « séparer le compte de la partie thermique, avec les centrales au diesel et au bioliquide, de celui de la partie solaire », détaille-t-il. Néanmoins, la présente situation, poursuit le directeur général « ne nous empêche pas d’avancer ».
Améliorer la rentabilité du photovoltaïque
Pour s’en rendre compte, pour l’heure sur le marché du photovoltaïque, EDM représente 25 % du marché. Si tous les panneaux solaires ne sont pas encore construits, les accords pour exploiter les surfaces recevant les futures installations sont pour leurs parts signés. « L’idée, c’est quand vous avez une surface comme une mairie, une école, etc. les propriétaires la proposent aux différents compétiteurs. Et c’est celui qui paye le meilleur loyer avec un business plan correct qui remporte la partie », explique Claude Hartmann. Néanmoins, les statuts actuels d’EDM rendent l’entreprise plus difficilement adaptable au regard du contexte de la concurrence ce qui conduit l’activité photovoltaïque à être « un peu moins rentable ». La création de la filière visait aussi à accroître la réactivité de l’entreprise. Mais la peur de la voir évoluer sous des statuts juridiques différents de ceux d’EDM, aurait pu susciter une certaine inquiétude de la part des élus craignant alors de perdre un peu plus la main.
Pierre Mouysset