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Des poubelles enterrées pour un maximum de propreté

Certains se lancent dans la restauration, d’autres dans le numérique, Abdou Mrendada, un master 2 en poche, prêche pour une île propre avec un dispositif qui se généralise en métropole.

Le sujet le passionne tant qu’il en a fait son sujet de mémoire de fin d’études en juin 2020. Qu’il a vulgarisé dans un document « Les poubelles qui débordent à Mayotte : quelles solutions pour le SIDEVAM976 ». Et son livre de chevet, fut pendant un moment, le rapport de la Chambre Régional des Comptes (CRC) sur les dysfonctionnements du Syndicat Intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets… Abdou Mrendada a désormais un master 2 en Ingénierie de la formation, spécialité hygiène, sécurité et développement durable, décroché à l’université d’Aix Marseille, en sus d’une licence de philosophie.

Né à Koungou, à 23 ans, il décide de revenir sur son île pour y mettre à profit sa volonté d’en découdre avec les déchets, « J’ai eu une offre d’emploi à Bordeaux, mais les évolutions à mener en métropole dans ce domaine sont à la marge. Ici, tout est à faire. On a une nature magnifique, un lagon extraordinaire, qu’on est en train de perdre parce que nous n’agissons pas. »

Il part du rapport de la CRC sur le SIDEVAM, « les finances gaspillées, les calendriers de collecte pas respectés, les poubelles débordant, créant des nuisances olfactives et jusqu’au lagon », pour proposer un dispositif qu’il a découvert en Belgique et utilisé en Bretagne, les bacs de collecte enterrés. « Ils prennent peu d’espace, impliquent moins de transport, de désagrément puisque les déchets sont enfouis, sont plus esthétiques et plus respectueux pour les agents qui parfois ramassent les déchets sans gant ».

Des poubelles parties en fumée

Des poubelles brûlées nourrissent les barrages, un vrai coût pour la collectivité

Il existe différentes tailles, mais leur capacité de stockage de 5 à 9 m3, remplace l’équivalent de 9 à 10 conteneurs de 1000 litres. « Les tournées de collecte peuvent être espacées pour un coût de collecte maîtrisé ».

Par contre, c’est un investissement à l’achat, « il faut compter 7.000 à 8.000 euros par conteneur. Mais une fois acheté, c’est du mobilier urbain pérenne. Actuellement, nous avons des bacs collectifs qui sont régulièrement brûlés, les collectivités doivent fréquemment en recommander. Ou alors ils sont détournés par des habitants pour y stocker de l’eau ».

A Mayotte, une tentative de bac semi enterrés avait été menée aux Hauts Vallons, ils viennent d’être détruits, notamment parce que des jeunes enfants s’y glissaient. « Ce n’est pas le même système que je propose, la capacité est bien supérieure, et avec un système de déverrouillage à carte au besoin. »

Un dispositif mis en place dans certaines régions de métropole, où chaque habitant doit porter ses déchets jusqu’au point de collecte. « De toute façon, un gros travail est à mener ici pour associer la population. Le cabinet Insidens avait estimé la proportion du tri à Mayotte, elle est ridicule. Ce sont surtout les métropolitains qui ont acquis cette habitude. On retrouve dans les poubelles individuelles des déchets recyclables et compostables. On ne peut pas se contenter d’un clip sur Mayotte la 1ère, il faut associer les habitants, mettre des animateurs sur le terrain au lieu de faire un copier-coller de la métropole sans expliquer. » Un dispositif qui implique un partenariat étroit avec les mairies collecter sur les zones inaccessibles : « Cela relève de l’aménagement du territoire des communes qui doivent organiser un emplacement sur ces zones pour que le SIDEVAM puisse accéder et vider les conteneurs ».

Une prise de conscience collective

Avant/après aux Hauts Vallons, où les bacs semi-enterrés (ici déterrés), ont été remplacés par des poubelles traditionnelles

Un dispositif qu’il a exposé au SIDEVAM 976 qui avait lancé un recrutement sur le poste de Conseiller en prévention, sur lequel il postulé. Il n’a pas été retenu, mais il n’est pas passé inaperçu, comme nous l’explique Chanoor Cassam, DGS du Syndicat : « Le projet qu’il a exposé était très intéressant, nous allons d’ailleurs le tester. Nous menions en parallèle une étude sur les containers enterrés, semi-enterrés et aérien, en comparant leur efficacité. Nous réfléchissons à la manière dont nous pouvons l’impliquer car nous allons lancer une consultation. »

Un projet qui passionne Abdou Mrendada qui continue à observer la gestion des déchets depuis son poste de professeur de philosophie au lycée de Kawéni, « il faut le tester sur une zone et, une fois mis en place, l’évaluer au bout de 3 à 6 mois pour réajuster. » Même si le calendrier de collecte s’en trouve allégé, il faut malgré tout le respecter sous peine de se retrouver avec des bornes saturées.

Outre l’implication de la population, notamment sur la localisation des emplacements de conteneurs, il envisage d’autres partenariats, « en obligeant les entreprises d’importation locales à une démarche RSE, de responsabilité sociale et environnementale, ou avec le rectorat, sur un module ‘Education environnementale’, allant du primaire à la Terminale, pour sensibiliser les jeunes. Car il faut se réveiller, il y a mise en danger de la vie de notre île. »

Anne Perzo-Lafond

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