Une classe de sixième du collège de Passamaïnty se penche sur la rivière Gouloue

Grâce au concours d'une équipe de scientifiques, des élèves de sixième et leur professeure mènent une véritable recherche pour lutter contre la recrudescence du plastique dans les eaux mahoraises.

« Le plastique, c’est fantastique » clamait le refrain d’une chanson populaire dans les années 90. Le discours tenu de bon matin ce mardi 19 novembre par Christèle Chevalier, océanographe physicienne venue de Marseille, aux 25 élèves de sixième du collège de Passamaïnty tendrait pourtant à démontrer le contraire. « Le problème du plastique, c’est qu’il se dégrade mais reste présent pendant une longue période », explique la chercheuse aux élèves curieux et attentifs. On le retrouve ensuite sous forme microscopique dans l’air qu’on respire mais aussi dans l’eau des rivières et des océans, et donc au bout d’un moment forcément dans le corps des êtres vivants, que ce soit des poissons ou des êtres humains ».

Des scientifiques marseillais en renfort

Une séquence en classe pour préparer le travail.

Aux côtés de Christèle, trois scientifiques issus de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) passent une dizaine de jours à Mayotte, partageant leur séjour entre des recherches sur la qualité et les mouvements des eaux du lagon et des interventions dans des collèges et lycées de l’île, comme celle de ce matin dans le cours de la professeure de sciences et vie de la terre (SVT), Naïma Diallo.

« Les élèves de cette sixième ont choisi une option biodiversité, détaille la jeune enseignante.  Nous avons bâti une démarche sur l’année autour de la protection de la rivière Gouloue qui coule à deux pas du collège. On a prévu d’analyser les eaux à deux périodes de l’année à la saison des pluies puis à la saison sèche et des opérations de nettoyage que nous ferons en décembre ». La classe est intégrée au projet PLASMA (Pollution aux micro plastiques du lagon de Mayotte) et a obtenu pour l’opération un financement de l’Institut océanographique de Monaco.

Chercheurs en herbe…

L’équipe de jeunes reporters en action

La conférence de présentation prend fin et les élèves sont impatients de passer à l’action et d’aller sur le terrain. La classe est divisée en deux groupes. Le premier, sous la conduite du sociologue Mathieu Leborgne, part à la rencontre des habitants du quartier pour un « arpentage ethnographique » Armés d’une série de questions préparées en amont, les élèves cherchent à évaluer le rapport que les habitants de Passamaïnty entretiennent avec la rivière. Qui sont-ils ? Quel est leur métier, leur activité ? Quelles interactions ont-ils avec le cours d’eau ? Séduits par ces jeunes reporters investis, les villageois évoquent les baignades, le lavage du linge, la recherche de fraicheur… dans des réponses qu’il faut parfois traduire du shimaoré et qui sont soigneusement couchées sur le papier par les enquêteurs.

Dans le deuxième groupe, coaché par Christèle et Hugo Julia, on se mouille un peu plus les pieds puisqu’il s’agit d’effectuer un certain nombre de mesures et de prélèvements dans le lit de la Gouloue. On fait passer l’eau dans des filtres pour traquer les micro-plastiques, on mesure la profondeur du cours d’eau, sa vitesse. La présence de lavandières installées au milieu de la rivière permet de mettre en œuvre la démarche scientifique. Trouvera-t-on donc plus de micro-plastiques en aval qu’en amont de leur activité puisqu’elles utilisent des sacs, bassines et brosses en plastique ? Les analyses qui seront effectuées en rentrant au collège seront riches d’enseignement comme les comparaisons établies avec les sorties ultérieures.

Naïma sort régulièrement son téléphone pour immortaliser les opérations. « Nous participons avec 30 autres classes sélectionnées au concours « Océano pour tous » organisé par l’Institut océanographique de Monaco pour lequel il faut réaliser un film de cinq minutes, confie-t-elle. Si on gagne, ça nous aidera reconduire ce type d’activités l’an prochain ».

Philippe Miquel

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