À Combani, l’école T8 reste fermée et les enfants privés de rentrée

Promesse de réouverture après les vacances d’octobre, mais le chantier de l’école T8 n’a pas avancé. À Combani, les parents dénoncent un abandon persistant.

Ce lundi 27 octobre 2025 devait marquer la rentrée des élèves de l’école T8 à Combani, au centre de Mayotte. Mais les bâtiments, endommagés par le cyclone Chido, restent fermés. Face à l’immobilisme des autorités, les parents d’élèves ont organisé un blocage pour dénoncer l’abandon de leurs enfants et réclamer leur droit fondamental à l’éducation.

Des enfants laissés pour compte 

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La construction du groupe scolaire T32 de Combani, toujours en chantier, le 27 octobre 2025.

Depuis la rentrée de septembre 2025, les élèves de CE2 à CM2 n’ont pas retrouvé les bancs de leur école. Les parents, exaspérés, dénoncent l’absence de solution concrète : « Nos enfants sont livrés à eux-mêmes, avec seulement quelques exercices à récupérer à la MJC du village », dénonce Faïna Karani, habitante de Combani et figure locale de la mobilisation.

Après un premier blocage le 29 septembre, la mairie avait promis que l’école serait prête pour le 27 octobre. Mais à la sortie des vacances d’octobre, les élèves ont de nouveau trouvé les portes closes et une école noyée dans un chantier interminable. Les parents, qui avaient espéré une rentrée normale, se sentent « trahis » et dénoncent des promesses politiques qui ne se traduisent jamais sur le terrain.

« On nous parle de de murs et de devis, mais nos enfants n’ont juste pas école en attendant tout cela, c’est n’importe quoi ! »,  déplore un parent.

Un chantier au point mort 

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L’intérieur de l’école T8 de Combani, supposée accueillir les élèves, lundi 27 octobre 2025.

En effet, sur le terrain, les travaux de reconstruction semblent au point mort. Selon certains témoins, des ouvriers rencontreraient des difficultés de paiement, ce qui ralentirait fortement l’avancée des travaux. Lors d’échanges avec les parents d’élèves, le maire aurait déclaré : « Vous croyez qui : lui (ndlr : l’ouvrier affirmant ne pas avoir perçu de salaire) ou moi ? ».  

À ce moment-là, les parents ont choisi de lui faire confiance, convaincus par la lettre d’engagement qu’il avait signée le 30 septembre dernier, promettant l’ouverture de l’école T8 pour le 27 octobre. Mais ce lundi matin, rien ne s’est passé comme annoncé : l’école est toujours en chantier, inutilisable, et la mairie reste silencieuse. Sollicitée pour des précisions, la mairie n’a pas fourni de réponse.

Le droit à l’éducation en jeu sur l’île

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Dans un courrier daté du 30 septembre 2025, Issilamou Hamada, maire de Tsingoni, annonçait la réouverture de l’école T8 pour le 27 octobre.

Après le cyclone Chido, des rotations avaient été mises en place pour permettre aux élèves de l’école T8 de suivre temporairement les cours dans les établissements voisins de Mroalé et Tsingoni. Mais ce dispositif, déjà « précaire », présentait de sérieux problèmes : bus irréguliers, trajets dangereux et exposition aux intempéries. Face à ces difficultés, les parents avaient décidé d’y mettre fin, refusant de continuer à mettre en danger leurs enfants.

Aujourd’hui, les solutions restent limitées : école privée pour ceux qui en ont les moyens, enseignement à distance, ou absence de scolarisation. Pour les familles de Combani, il ne s’agit plus seulement de retrouver des cours, mais de garantir un accès à une éducation digne et équitable pour tous les enfants du village, dans un département déjà fragilisé par une crise structurelle de l’éducation. « On parle d’égalité des chances, mais ici, on parle juste de survie scolaire », résume un parent.

Plus de dix mois après le cyclone Chido, Combani illustre les difficultés éducatives persistantes à Mayotte. À Vahibé, les écoles rencontrent des problèmes similaires, au lycée du Nord le personnel navigue à l’aveugle sans réseau, et de nombreux enseignants restent en attente de leur salaire depuis plusieurs mois.

Selon le collectif de M’Tsamboro : « Pour la rentrée d’aujourd’hui, les collègues sont fatigués, ils attendent faiblement le jour de paye ». Contacté à ce sujet, le rectorat n’a pas répondu, renforçant les interrogations et un sentiment d’abandon.

Mathilde Hangard

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