Le président Azali Assoumani a demandé l’ouverture d’une « enquête » sur les agissements de la PAF de Mayotte au sujet de ses « agissements » lors de ses missions d’interception et d’arraisonnement de vedettes souhaitant se rendre dans l’île. Le chef de l’Etat comorien s’est fondé sur les récentes révélations du consortium de médias qui, à la suite de nombreux témoignages, a laissé planer des méthodes de la PAF qui virent au drame de kwassa, provoquant ainsi la mort des migrants souhaitant se rendre à Mayotte.
Une « barbarie », selon le président comorien
« Des faits d’une extrême gravité ont été révélés par une enquête du journal français Le Monde qui fait état de manœuvres délibérées de la Police opérant à Mayotte, qui conduisent régulièrement au naufrage d’embarcations et qui provoquent la mort de plusieurs ressortissants comoriens », s’est insurgé Azali Assoumani, dans son discours prononcé devant ses pairs du monde entier en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York.

Dans cette enquête d’investigation dont de nombreux faits ont été contestés par les services de la PAF de Mayotte, les journalistes des médias partenaires ont fondé leurs accusations sur des témoignages recueillis auprès de responsables de services, y compris de gendarmes qui admettent des techniques de la PAF contre les embarcations, allant jusqu’à « taper leur proue » et même à « créer une vague artificielle » dans le but, selon les témoignages cités dans l’enquête, de compliquer les kwasa dans leurs manœuvres de contournement des bateaux intercepteurs.
Pour Azali Assoumani, ces agissements et ces méthodes ne devraient pas se banaliser, se perpétuer et rester impunis. « L’Union des Comores appelle l’État français, puissance occupante à faire arrêter ces opérations, à diligenter les enquêtes appropriées et à sanctionner les auteurs de cette barbarie, pour que justice soit faite et pour que la dignité des vies humaines soit respectée », a-t-il plaidé, ajoutant que « l’Union des Comores poursuivra sans relâche, son action diplomatique et juridique afin que justice soit rendue et pour qu’une solution juste soit trouvée à la question de l’Ile comorienne de Mayotte, qui constitue l’une des dernières blessures de la décolonisation en Afrique ».
Le « cas isolé » du 15 juillet, selon la préfecture de Mayotte

À noter qu’à Mayotte, les autorités ont été étonnées de l’ampleur médiatique qu’a prise cette enquête d’investigation jusqu’à parvenir aux oreilles du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, et de nombreux chefs d’Etat. Selon la préfecture de Mayotte, l’enquête en question s’est « sans aucun doute » fondée sur un épisode tragique enregistré le 15 juillet dernier et qui s’est soldée par la mort de deux personnes sur les 19 occupants du kwassa. « Après nous avoir heurtés, ils ont fait marche arrière jusqu’à une distance de 30 mètres et ils nous ont regardés. L’embarcation s’est déchirée, tout le monde est tombé à l’eau. Et ils sont restés entre dix et quinze secondes sans réagir », a souligné un témoin cité dans cette enquête d’investigation.
Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, en conférence de presse aux côté du procureur de la République, Guillaume Dupont, a déploré « ce cas isolé » du 15 juillet et a rappelé les principes qui doivent toujours guider l’esprit des agents appelés à intervenir en cas d’interception des kwassa, à savoir le sauvetage de toute personne en situation de détresse. « Une vie est une vie et on ne peut pas accepter que ces vies soient mises en danger de cette façon-là », a-t-il souligné. Mais François-Xavier Bieuville a pointé du doigt le caractère « agressif » de ces kwassa, précisant que de nombreuses opérations en mer ont permis de sauver des migrants, souvent au péril des agents de la PAF de Mayotte. Reste à savoir où aboutira l’enquête réclamée à l’ONU par le chef de l’Etat comorien.
A.S.Kemba, Moroni