Au lycée de Sada les élèves sont à bout

Alors que des parents d’élèves et une partie des professeurs ont manifesté lundi dernier devant le lycée pour faire entendre leur mécontentement concernant les emplois du temps, c’était au tour des élèves, ce lundi, de protester contre les problèmes d’organisation au sein de l’établissement.

Les semaines se suivent et se ressemblent depuis maintenant quelques temps au lycée de Sada. Après les parents et les professeurs, se sont les élèves eux-mêmes qui ont manifesté leur colère et leur désarroi vis-à-vis de situations incompréhensibles mises en place par la direction.

« On veut des changements, on en a marre ! »

Nous en parlions déjà la semaine dernière, mais force est de constater que rien n’a bougé. Au cœur du problème, l’aménagement des emplois du temps, comme en témoignent Nourah et Fathya, toutes deux élèves en terminale au lycée de Sada. « Il y de nombreux dérèglements dans les classes avec des perturbations… Ils ont tout changé par rapport à l’année dernière, nos profs de spécialité ont changé par exemple. Il y a beaucoup trop de changements dans les classes et avec les profs, c’est énervant cela nous perturbe beaucoup. Ils nous disent que c’est un problème technique à l’administration, mais rien de plus », se désole Nourah.

Nourah et Fathya se désolent de la situation au lycée de Sada

La semaine dernière on leur avait dit qu’il y aurait des changements à partir de ce lundi 22 septembre, mais à entendre Fathya, « c’est pire ! Les emplois du temps sont encore plus chargés. On veut comprendre et être entendus », peste-telle. Une petite délégation d’élèves a bien rencontré la proviseure ce lundi matin mais il semblerait que rien de positif ne soit sorti de cette réunion. « Il ne s’est rien passé, on nous a répété la même chose », constate Nourah. La plupart des élèves que nous avons rencontrés dénoncent des emplois du temps qui sont totalement inadaptés. « Il y a des trous dans les emplois du temps…des fois on doit venir pour une heure de cours par jour, de 13h à 14h par exemple, et d’autres jours on a cours toute la journée, du matin au soir. On veut des changements, on en a marre », s’impatiente Fathya.

Tenues vestimentaires, MDL, dialogues… la rupture semble consommée entre les élèves et la proviseure

Autre grief que reprochent les élèves à la proviseure est la tenue vestimentaire imposée et plus particulièrement le port du kishali, pourtant autorisé dans les établissements scolaires à Mayotte. « Elle veut que les nœuds soient tous identiques… et dès qu’elle les trouve inadaptés, elle nous dit qu’on ne devrait pas s’habiller comme ça. Pour certaines d’entre nous, elle n’aime pas la manière dont on porte le kishali », raconte une élève. Pour Assani, élève en classe de 1ère, même si le gros point noir demeure les emplois du temps, ce n’est malheureusement pas le seul problème. « Les emplois du temps sont trop condensés et d’autres fois on est obligé d’attendre plusieurs heures pour prendre le bus et rentrer chez nous ».

Mais ce que condamne aussi Assani et ses camarades, c’est la fermeture de la MDL (Maison des lycées). « Cette année le local de la MDL est fermé. Ils y entreposent des affaires, des matelas, du matériel… si bien qu’on n’a plus de lieu de vie où se retrouver, écouter de la musique, discuter et échanger… », regrette Assani.

A entendre les élèves du lycée ils n’en peuvent plus

« Faut qu’on se fasse entendre et faire comprendre à la proviseure que cela ne se fait pas. Malgré la mobilisation des parents et des profs la semaine dernière cela n’a servi à rien, c’est même pire », ajoute-t-il. Mais au-delà de ces différents problèmes, les élèves dénoncent également un manque de professeurs pour les encadrer, des salles de classe pas toujours adaptées et plus globalement de mauvais aménagements. « Le réel problème c’est l’organisation, insiste Assani. Les élèves doivent par exemple traverser tout le lycée pour changer de salle à chaque cours…il n’y a pas de stabilité. Et cette année, il n’y a pas non plus de délégués des élèves au sein du lycée », déplore le lycéen.

Un nouveau point de situation doit être fait avec la proviseure et la direction d’ici une quinzaine de jours afin notamment de pouvoir modifier les emplois du temps, « mais en attendant, pour le moment, on doit s’adapter… », se résigne ainsi un camarade d’Assani.

Contacté, le rectorat indique dans un communiqué que « depuis la rentrée, des renforts ont été mobilisés afin d’appuyer la construction d’emplois du temps conçus dans l’intérêt des élèves. Samedi 20 septembre, une nouvelle version des emplois du temps a été partagée avec les élèves et les personnels. Cette version, fruit d’un travail important de réactualisation complète, nécessite toutefois une phase de finition en concertation avec l’ensemble de la communauté éducative. Cette ultime étape, requiert, pour sa bonne mise en oeuvre, quelques jours supplémentaires afin d’identifier les points bloquants et apporter les ajustements nécessaires. 

Le rectorat condamne tout blocage qui prive l’ensemble des élèves de leurs cours

Dès aujourd’hui, les élèves et les personnels ont été invités à faire remonter leurs observations afin de corriger les incohérences et d’optimiser l’organisation du temps scolaire. Le rectorat condamne tout blocage qui prive l’ensemble des élèves de leurs cours. La rectrice a réaffirmé son plein engagement pour améliorer la situation tout en appelant chacun à replacer l’intérêt des élèves au centre des démarches. Elle invite l’ensemble de la communauté éducative à privilégier des modes de communication et d’action constructifs, permettant d’assurer la continuité du dialogue et la réussite des élèves ».

En attendant que la situation s’améliore, si possible rapidement, les élèves en classes de terminales, eux, commencent à être inquiets pour les semaines à venir. « On a le bac à la fin de l’année. Avec Chido on a déjà accumulé du retard l’année dernière… et cette grève ne va pas arranger les choses », confie Nourah un peu dépitée.

B.J.

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